Je suis en train de mettre à jour mes Classements de nos sites www.millesimes.fr ou www.guidedesvins.com, et ceux-ci, au fil de mes dégustations seront désormais régulièrement réactualisés, ce qui me permettra de vous informer de leur évolution. Pour l’instant, ceux du Guide 2007 sont les plus complets, notamment avec de nombreux producteurs qui font leur entrée dans ceux du Médoc et de Saint-Emilion (et quelques changements de hiérarchies significatifs). Des changements égalements importants dans les Classements Champagne ou Loire. A vous de juger.
Mais on parle beaucoup de « crise » à Bordeaux et il me semble important de mieux comprendre de quoi il s’agit, je vous renvoie au dernier article de mon Guide 2007 qui vient de paraître : Les bons choix s’imposent !
II existe deux « crises » actuellement, très différentes, voire opposées, dans beaucoup de vignobles : celle, désastreuse pour ceux qui la subissent, qui touchent certains viticulteurs, la plupart étant dépendants aux prix trop bas du tonneau, qui ont du mal à se faire rémunérer correctement. Les causes sont complexes (un certain négoce peu solidaire parfois, une politique de plantation trop importante, des barrières étatiques…). Ils méritent d’être soutenus, et l’on fera ce que nous pouvons pour les aider. C’est une crise sociale. L’autre crise concerne un bon nombre de vins, à Bordeaux, notamment : trop chers ou trop sensibles à la mode (« vins de garage »), trop endormis sur leurs lauriers, qui n’ont pas pris au sérieux le besoin de communiquer, trop imbus peut-être d’eux-mêmes, alors que le respect des consommateurs (proposer un vrai rapport qualité-prix cohérent) est impératif. Les acheteurs se sont sentis lésés. On parle beaucoup trop d’argent, de prix, de bonnes notes glanées chez un « gourou » quelonque, et c’est ce que le consommateur retient, alors que, bien sûr, ceci ne concerne qu’une petite minorité. C’est une crise de confiance, et , en même temps, très certainement une crise d’identité, tant un bon nombre de vins ont perdu leur spécificité, se ressemblant de plus en plus, devenant « lissés » et ressemblant ainsi à d’autres crus, français et étrangers, tout aussi bons et bien moins chers.
Les « primeurs » (depuis 2000, et surtout 2005 où certains crus ont sorti des prix déments) sont toujours bien trop chers, et cela commence à créer un sérieux malaise à Bordeaux, tant il y a trop de différence entre 2 vins d’une même appellation. Pourquoi payer une bouteille à 50 ou 200 e quand on peut trouver du plaisir dans une bouteille 4 à 10 fois moins cher (même si, et je le sais, que les vins ne sont pas « comparables ») ? Ces prix sont incautionnables, crus classés ou non. On sait que je n’ai jamais soutenus ces vins « parvenus » qui se moquent bien du marché français (et de ses consommateurs). Je ne suis non plus pasintéressé par les vins « confiturés », sans âme ni vertu qui font tort à la grande spécificité bordelaise. Pour faire ces « vins », on récolte des raisins surmaturés, on concentre à outrance (avec des concentrateurs) les vins lors des vinifications, on met le tout dans des barriques où le bois peut, sur demande auprès des tonneliers, vous donner le goût que vous recherchez (de la vanille, du sirop, de la confiture…), et on vous sert un vin à la limite de l’écœurement, noir comme de l’encre, gras comme de l’huile et parfumé comme votre bureau en bois. Ce qui compte, depuis toujours, c’est la force de la nature qui signe, avec l’homme, les grands vins dignes de ce nom. Toujours pas de snobisme, pas de frime, pas de cuvées « créées » pour avoir une bonne note dans une dégustation, rien que des vins typés, du plus grand au plus simple, et des hommes modestes, comme nous les aimons. Mes Classements 2007 sont la garantie de ne pas vous faire avoir.
On ne peut me reprocher de ne pas apprécier les vins de Bordeaux, du plus grand au plus modeste (mon travail sur mes Classements en atteste), et les producteurs savent que je défends ce qui les intéresse, et les distingue : le rapport qualité-prix-typicité. Il n’y a pas de crise profonde pour les vignerons qui produisent leurs vins correctement et le vendent directement, et ceci dans toute les appellations. Si l’on fait un grand Margaux ou un Pauillac racé à 15 ou 30 euros, il les vaut bien. Idem pour une gamme plus abordable, en Graves, dans les Côtes ou en Bordeaux Supérieurs, où les progrès sont exceptionnels.
Si les vins du Médoc sont réputés – à juste titre- dans le monde entier, ce n’est pas pour être des vins intouchables à cause de leur prix ou « putassiers » que certains producteurs se complaisent à fabriquer, ces vins ou micro-cuvées qui n’existent que pour rafler de bonnes notes à des concours et ne correspondent plus à la grande tradition médocaine. Ces pratiques sont une honte pour la majorité des grands vins de la région, qui sont des vins fermés dans leur jeunesse, typés par leur terroir, et qui demandent d’évoluer dans le temps pour s’exprimer, en fonction de chaque millésime, respectant ainsi la nature. Parlons des vrais grands vins racés de cette presqu’île, et vous verrez que la force du terroir est la base de tout. Les autres sont sans intérêt : http://www.millesimes.fr/medoc_.php
À Pomerol, il y a des vins splendides, très typés par le Merlot qui se plaît à merveille dans ces territoires diversifiés. Il faut noter que, les exceptions et les excès confirmant la règle, les vins bénéficient d’un rapport qualité-prix-typicité justifié par la rareté comme par la convivialité et l’amour du vin : http://www.millesimes.fr/pomerol_.php
À Saint-Émilion, on ne peut aussi qu’être déçu par certains vins totalement « fabriqués ». L’utilisation de la barrique a toujours existé, et il y a des centaines de propriétaires que nous défendons, dans toutes les régions, qui savent très bien s’il faut mettre 10%, 20%, 30%, 50% de leurs vins en barriques neuves, ou moins, ou plus, selon la force du millésime et la structure du vin. Ils n’ont pas besoin de ceux qui croient avoir la « science infuse », ces marchands (quel autre mot ?) qui veulent nous faire croire qu’en mettant un vin « 200% en barriques neuves », ou en multipliant les manipulations œnologiques et des « essais », on sait faire du vin ! Ceux-là se moquent des amateurs et des autres vignerons de l’appellation. On ne fait du bon vin, et à fortiori un grand cru, que sur des terroirs propices, de la « crasse de fer » aux argiles profondes, assortis de dépôts marins ou d’alios. Gare à certains prix, injustifiés : http://www.millesimes.fr/saint-emilion_.php
Les meilleurs vins de Montagne, Puisseguin, Lussac ou Saint-Georges se retrouvent dans le Classement des « Satellites » de Saint-Émilion (http://www.guidedesvins.com/saint-emilion-sat.php), et proviennent de terroirs spécifiques, limitrophes ou rapprochables d’autres sols d’appellations plus prestigieuses, ce qui leur permet de devenir de grands vins à part entière.
Bien que certains tentent de les mélanger, les deux appellations Canon-Fronsac et Fronsac partagent à la fois des différences et des similitudes. Là aussi, quelques vins sont surcôtés et beaucoup plus marqués par leurs vinifications que par un terroir.
Pour les Graves, il existe une variété importante de styles de vins. Cela va des crus réellement (et historiquement) exceptionnels, issus des territoires de Pessac, Martillac ou Léognan, mais aussi ceux de Podensac ou Portets, certains d’entre eux, dans les appellations Pessac-Léognan (quelques-unes des plus belles bouteilles de la région dans les millésimes 2005 et 2004) comme dans celle des Graves, bénéficiant d’un remarquable rapport qualité-prix-plaisir, d’autres crus atteignant des prix difficilement cautionnables. C’est évidemment le berceau des grands vins blancs de la région bordelaise, aux côtés de rouges puissants et typés, si l’on sait bien les choisir : http://www.millesimes.fr/graves_.php
Dans ces appellations de Côtes, il s’agit de savoir choisir entre les vins racés et typés comme nous les aimons, et d’autres cuvées très spéciales, dépersonnalisées (à ne pas confondre avec les belles cuvées de prestige retenues), faisant la part belle à des vinifications trop sophistiquées, peu propices à mettre un terroir en avant, s’il existe : http://www.millesimes.fr/cotes-de-bordeaux_.php
Dans les Bordeaux Supérieur, les progrès sont constants depuis plus de dix ans, et, loin de la démence des prix de certains autres « cuvées spéciales », on savoure de nombreux vins remarquables pour leur rapport qualité-prix-plaisir. La plupart des propriétaires retenus élèvent aussi de jolis Bordeaux blancs qui ont du mal à se faire une image : http://www.millesimes.fr/bordeaux_superieur_.php
Et puis, il y a Sauternes (et Barsac). On sait qu’ici, l’équilibre géologique et climatique de la région en fait un milieu naturel idéal pour cette fascinante biologie qu’est le Botrytis cinerea. L’appellation a connu une série de millésimes très différents, du plus exceptionnels (2004, 2003, 2001, 99…) au plus difficile (2002). Les meilleurs sont dans le Guide, dont les prix sont largement justifiés quand on connaît les efforts et la patience des propriétaires : http://www.millesimes.fr/sauternes_.php
À leur suite, en liquoreux, les appellations situées face à Sauternes, sur « l’autre » rive, sur des coteaux particulièrement bien exposés, recèlent de vins onctueux, aux notes caractéristiques d’abricot et de miel, d’une bonne longueur en bouche, de garde, des vins en progrès constants et d’un excellent rapport qualité-prix-plaisir.