La légende, d’après Pline, raconte que le verre fut découvert par hasard sur une plage de Phénicie par des marchands de nitre qui y faisaient cuire leur repas. Vers 1500 avant notre ère, l’Egypte connaissait le verre.
Pour mémoire, le verre est essentiellement composé de silice (72%), apportée par le sable, de soude, apportée par le carbonate de soude, et de chaux à quantité égale, qui est apportée par un calcaire. Les verriers de l’époque copiaient les formes céramiques et d’orfèvrerie pour réaliser des petits récipients réservés aux parfums. Les archéologues sont aujourd’hui d’accord pour affirmer que le verre creux ou plus exactement l’invention de la canne à souffler est apparue sur les bords de la Méditerranée au début de notre ère. Dès lors, la bouteille était créée et l’évolution des formes a été très rapide.
Les premières bouteilles à vin
Ces bouteilles étaient essentiellement utilisées pour le service de la table. Les verriers, partis de l’Italie, s’installent dans la vallée du Rhône, puis en Gaule, enfin en Rhénanie (voir aussi L’histoire des vins européens). A l’époque gallo-romaine, et pendant les quatre premiers siècles de notre ère, on a pu retrouver des bouteilles de toutes formes (à section quadragulaire ou cylindrique).
L’une d’entre elles a subi l’influence du petit tonnelet de bois gaulois. C’est le barillet du IIIe et du IVe siècles, qui devait être soufflé dans un moule complet, en bois et avec deux demi-coquilles.
La bouteille cylindrique, avec une piqûre importante, un col étroit et une épaule bien marquée, c’est-à-dire la forme moderne de la bouteille à vin, semble déjà apparaître au IVe siècle, puis sous deux formes : la bouteille à quatre pans et la gourde recouverte d’osier. Ces bouteilles de vin n’étaient utilisées que dans les auberges.
Ce n’est qu’au XVIIIe siècle que le vin et la bouteille se sont vraiment unis. En dépit des précautions prises pour loger les vins dans les futailles neuves et sans défaut, il apparut que le moyen le plus sûr de conserver les vins plusieurs années était d’utiliser des flacons en verre, soigneusement bouchés. On peut estimer qu’ils s’y maintenaient intacts durant quatre à cinq ans. A cette époque, les vins gris de Champagne, vins tranquilles, étaient très renommés, notamment pour leur aptitude à se conserver, la prise de mousse étant encore à cette époque une technique en voie d’expérimentation.
L’industrie du vin mousseux prit son essor à partir de 1724. Le gouvernement royal dut, par un arrêté du 25 mai 1728, confirmer l’autorisation de transporter en paniers de cinquante ou de cent bouteilles le vin de Champagne vers les ports de Rouen, Caen, Dieppe et Le Havre. Cette loi était indispensable car, jusqu’à cette date, l’usage des bouteilles en verre pour le transport des vins était interdit, en raison de la fraude à laquelle elles donnaient lieu, notamment sur la contenance. Cette décision de 1728 est donc l’acte de naissance du grand commerce des vins en France.
L’évolution des formes de bouteilles
La bouteille devient donc l’emballage du vin assurant à la fois sa conservation et son transport. Le nom bouteille provient d’ailleurs des “boutiaux” ou “boutilles” qui étaient des gourdes en cuir que l’on attachait à la selle du cheval. Ces bouteilles devaient être fermées hermétiquement : les chevilles de bois ceinturées de filasse sont remplacées par un bouchon de liège. Le vin, le liège et la bouteille ont dès lors et jusqu’à nos jours parcouru le même chemin.
Vers la fin du XVIIe siècle, on voit apparaître la bouteille de forme “bourgogne” : elle est assez haute, avec un col très fin et légèrement pincéà la base, une épaule très douce et un fût légèrement conique. Une piqûre très importante, jusqu’à 150 mm, assez irrégulière, présente quelquefois tout au fond des débris de verre qui sont les restes de la cassure de la pâte de verre du pontil du souffleur. La bague de verrerie, au niveau du bouchage, devait être rajoutée avec de la pâte de verre après la sortie du moule de la bouteille. Les bouteilles fabriquées par les maîtres verriers étaient pratiquement des modèles uniques, tant les diversités de formes étaient nombreuses.
Vers la fin du XVIIIe siècle appararaissent les modèles “champenois” et “bordeaux”. Ce dernier était en général assez haut, avec un col assez mince : les bouchons de liège avaient un diamètre beaucoup plus petit qu’aujourd’hui (18 mm au lieu de 24 mm), l’épaule était assez marquée, le fût conique, et la piqûre assez importante. L’épaule de la bordelaise aurait été prévue pour faciliter les opérations de décantage du vin. Par la suite, toutes ces bouteilles ont été légèrement modifiées, notamment au niveau du fût et de la piqûre.
Les autres évolutions
– La teinte : pratiquement toutes les bouteilles à vin des XVIIIe, XIXe et du début du XXe siècle étaient de teinte foncée. Les raisons de cette teinte, presque noire, sont d’ordre technique. Les matières utilisées pour la fabrication du verre étaient hétérogènes, impures et en particulier riches en oxydes de fer. Pour pallier ces inconvénients et faciliter l’affinage, un apport d’oxydes, dont le manganèse, était nécessaire, d’où ces teintes très foncées, tirant vers le noir. Les teintes utilisées pour les bouteilles à vin sont aujourd’hui plus diversifiées.
– Le poids des bouteilles : les bouteilles se sont en général allégées au fil des temps, grâce à l’amélioration des techniques de la fabrication du verre. Pour exemple, la bouteille de Champagne, qui pesait 1 250g au début du siècle, pèse aujourd’hui 900g.
– Le marquage des bouteilles : toutes les bouteilles n’étaient pas estampillées par le verrier. Aujourd’hui chaque bouteille est gravée, en général dans le “cul” de la bouteille. C’est le gage de l’origine et de la qualité des bouteilles que vous achetez…