Nos coups de cœur
La force des sols est omniprésente, et on ne doit s’intéresser qu’aux vignerons dignes de ce nom, ceux qui pratiquent l’amour du terroir associé à une convivialité exemplaire, et c’est ce qui compte ici, tant cela peut manquer dans d’autres régions. Car ici, le vin est avant tout un art de vivre. On partage un moment (et on boit un “canon” en même temps) avec ces vignerons talentueux et passionnés, souvent très discrets, mais avec lesquels on partage, quand on les connaît, une convivialité rare.
En blancs, on le sait, c’est ici que l’on excite ses papilles avec quelques-uns des plus grands vins du monde, de Meursault à Chablis, de Puligny à Corton. Les rouges sont tout aussi formidables, dans une série de millésimes particulièrement savoureux, pratiquement sans discontinuer depuis les années 2000, même si, le gel et la grêle n’ont pas facilité la tâche des vignerons.
Bien sûr, il s’agit de savoir faire le bon choix, tant la complexité des classements en crus, clos, climats, et le fait qu’un vigneron puisse posséder une multitude de crus dans un périmètre très restreint (quelques ares…) ne peuvent que multiplier les différences. La Bourgogne est un paradoxe à l’état pur, où la nature, au travers des terroirs et des microclimats, est omniprésente. Tout concourt ici, dans un “mouchoir de poche”, à faire la différence entre un bon vin et un vin sublime. Du grand art.
Le vignoble bourguignon
La Bourgogne s’étend sur 25 000 ha de vignes en production (63% de vins blancs et 37% de vins rouges), avec 100 AOC et 3 niveaux d’appellations : Grands Crus, Communales et Premiers Crus, et Régionales.
Les terroirs bourguignons
Le vignoble s’étale sur les reliefs de la bordure ouest du fossé tectonique de la Bresse, occupant les premières pentes bien exposées à l’est, à une altitude modérée de 200 à 400 m sur les terrains sédimentaires de la couverture mésozoïque souvent faillés et basculés comme le Mâconnais, le Chalonnais et la Côte jusqu’à Dijon, la Côte représentant le sommet de la hiérarchie des Grands Crus.
L’architecture et la morphologie de la Côte sont bien spécifiques pour deux raisons principales : la structure, jusqu’ici monoclinale, devient tabulaire, et la limite Jurassique-Tertiaire bressan est toujours un contact de faille à fort rejet vertical. Les chaînons ont disparu, et sont remplacés par des gradins de failles. Une côte ayant valeur d’abrupt de faille domine systématiquement la plaine bressane. Cette morphologie va influencer la disposition du vignoble : il sera souvent restreint au talus de pied de Côte. Le changement structural s’effectue au passage de la Dheune axée sur la bordure tectonique septentrionale du fossé de Blanzy. Les plateaux situés à l’ouest d’une ligne Dijon-Chagny forment deux gradins tectoniques.
À l’ouest, le compartiment de “La Montagne” est le plus élevé (600 m) ; il est structurellement abaissé par rapport au Morvan et à la dépression marneuse liasique périphérique.
À l’est, le compartiment de “l’Arrière-Côte” (400 m) est à son tour effondré par rapport au précédent. Sur la transversale de St-Romain-Meursault, les rejets verticaux sont de 120 m et 300 m. Le rejet de la bordure du fossé est plus difficile à apprécier. Cependant, à Meursault, les calcaires à faciès Rauracien, qui ont leur toit à 400 m sur le rebord du plateau, sont abaissés à 200 m dans le village. Encore ne s’agit-il que de l’une des fractures de bordures. Mais le rejet total peut atteindre sous la Bresse 1 700 m.
La tranche du plateau occidental qui constitue la “Côte” peut être subdivisée en trois parties du sud au nord : la “Côte de Beaune”, la “Côte des Pierres”, la “Côte de Nuits”. Aux processus qui interviennent normalement dans la formation des sols de pente : altération de la roche mère, érosion, culluvionnement, dépôt d’éboulis, s’ajoutent les perturbations liées à l’action de l’homme : défrichement, défoncement, remontées de terre, apports allochtones.
Il en résulte une grande variabilité des caractéristiques telles que profondeur, pierrosité, texture.
L’implantation du vignoble répond à une nécessité d’ensoleillement maximum qui se trouve réalisée sur ce versant de direction générale N.N.E. – S.S.W. Quant à sa position sur le versant, elle s’échelonne souvent entre 220 et 320 m, parfois 370 m.
Le cru se définit comme un produit émanant du sol, caractérisé par un bouquet original se maintenant à travers les vicissitudes climatiques. Au début du xviie siècle, la différenciation des vins est liée, non plus à la seule personnalité des propriétaires, princes ou moines, mais à l’origine géographique : c’est ainsi que les meilleurs vins étaient localisés près de Beaune en vue d’une consommation rapide et de Nuits pour leur aptitude à la garde. La notion de “climat” apparaît au milieu du XVIIIe siècle.
À l’origine du cru se trouve l’association d’un sol, d’un micro-climat et d’une plante qui définissent des facteurs naturels. La pierrosité (pourcentage de cailloux et graviers) donne lieu à des observations de même type : très faible pour les appellations Bourgogne, elle présente deux phases distinctes pour les Grands Crus : 10 à 20 % par exemple à Corton et autour d’une moyenne de 35 % pour les autres. Le calcaire est toujours en quantité très faible dans les appellations Bourgogne, avec une exception pour un profil sableux, et présente deux phases pour les Grands Crus : 40 à 50 % essentiellement pour Corton, 10 à 20 % pour les autres. Ce sont les sols bruns ou bruns calcaires hydromorphes sur argiles ou cailloutis plio-quaternaires pour les appellations Bourgogne, les sols bruns calcaires sur marne ou calcaire marneux pour une partie des Grands Crus, les rendzines sur calcaires fissurés pour les autres. Dans la grande majorité, les profils en appellation “Grands Crus” et “Premiers Crus” se situent dans les unités de sols de versant sur matériaux en place.
Les vins et leurs appellations
La région de chablis
Ce territoire (4 850 ha) résulte d’une délimitation de l’Institut national des appellations d’origine (Inao). Mais en fait, il résulte d’une longue sélection des terrains aptes à produire les meilleurs vins, faite par les moines au xiie siècle et poursuivie par les générations des vignerons qui ont suivi. On peut observer que ce territoire est situé sur un ensemble de terrains formés à une époque bien précise dans l’histoire de la formation de la terre, il y a plusieurs millions d’années. Les géologues lui ont donné le nom de Kimméridgien, par référence aux terrains de la baie de Kimmeridge en Angleterre.
– Les Grands Crus de Chablis sont au nombre de sept et s’étendent sur une centaine d’hectares : les Clos (26 ha 04,75), Vaudésir (14 ha 71,36), Valmur (13 ha 19,59), Blanchot (12 ha 71,53), Preuses (11 ha 44,26), Grenouilles (9 ha 37,75), et Bougros (12 ha 66,77). Les territoires de ces Grands Crus sont presque entièrement plantés en vigne, et situés les uns à côté des autres, sur la rive droite de la rivière Le Serein ; leurs coteaux dominent la ville.
– Les Chablis Premiers Crus et certains de ces Premiers Crus sont beaucoup plus connus que d’autres. Les principaux Chablis Premiers Crus sont : Mont de Milieu, Montée de Tonnerre, Chapelot, Pied d’Aloue, Côte de Bréchain, Fourchaume, Vaupulent, Côte de Fontenay, l’Homme mort, Vaulorent, Vaillons, Châtains, Séchet, Beugnons, Les Lys, Les Épinottes, Montmains, Forêt, Butteaux, Côte de Léchet, Beauroy, Troesne, Côte de Savant, Vau Ligneau, Vau de Vey, Chaume de Talvat, Côte de Jouan, les Beauregards, Côte de Cuissy… L’homogénéité qualitative est exceptionnelle et confirme que les vignerons savent maîtriser les vinifications, tout en conservant ce qui nous tient à cœur : la typicité de leur terroir, de leurs parcelles.
Les vignobles auxerrois
Le vignoble de l’Yonne est constitué par le vignoble auxerrois (coteaux vallée de l’Yonne) et le vignoble chablisien (coteaux vallée du Serein). Le vignoble auxerrois regroupe une dizaine de communes qui récoltent une production d’appellations régionales rouges, rosés, blancs et crémants. L’altitude moyenne s’étage de 180 à 250 m. Sols : calcaires jurassiques kimméridgien et portlandien. L’Auxerrois produit en moyenne : 20 à 25 000 hl de Bourgogne rouges (375 ha), 19 à 20 000 hl de Bourgogne blancs (280 ha), 10 à 12 000 hl de vins de base Crémant (153 ha). Les quatre cépages traditionnels de base de la Bourgogne (Chardonnay et Aligoté pour les blancs ; Pinot noir et Gamay pour les vins rouges) sont complétés par des productions de plants locaux (César appelé aussi Romain, Sacy) qui donnent à certains vins une typicité originale.
LA CÔTE DE NUITS
Du nord au sud, des terrains à dominante de silice, de calcaire, de marnes et d’argile en sous-sol. Depuis près de deux mille ans, les grands vignobles qui font la réputation de la Bourgogne occupent une étroite bande de coteaux qui s’étire sur 20 km de long et parfois deux à trois cents mètres de large seulement, entre Dijon et Corgoloin. C’est ici que l’on trouve tous les grands crus rouges de Bourgogne (à l’exception du Corton). L’origine de la vigne y est très ancienne. Le véritable essor des crus de la Côte est lié à l’activité des grandes abbayes à partir du xie siècle. Les moines de l’abbaye de Cîteaux, en particulier, dont le Clos de Vougeot est le chef-d’œuvre le plus remarquable, se consacraient exclusivement à leur vignoble. Sur les 2 500 ha que compte le vignoble, on récolte environ quinze millions de bouteilles, essentiellement de rouges (92 %).
– Marsannay. Créée en 1987, l’appellation Marsannay ouvre au nord les portes de la Côte-de-Nuits. Répartie sur les villages de Marsannay-la-Côte, Chenôve et Couchey. Les rouges sentent les fruits mûrs et les sous-bois, les blancs, le miel et les fruits secs, et les rosés, très fruités, allient charpente et suavité. Les bonnes vignes sont issues de sols calcaires et marneux, et les meilleurs crus sont à mi-pente.
– Fixin. Sur une centaine d’hectares, la production de Fixin (prononcer : Fissin) est issue d’un vignoble très ramassé, groupé autour de Fixin et de son hameau Fixey. Son altitude varie de 270 à 360 m. Ses pentes douces sont exposées plein est. Les sols sont calcaires et comportent quelques traces de marnes. Pas de Grands Crus, mais de remarquables climats classés en Premier Crus (18,5 ha) et, notamment, Le Clos-Napoléon, La Perrière, Le Clos-du-Chapitre ou Les Arvelets. De solides vins rouges dont le bouquet se développe avec l’âge, alliant puissance et richesse aromatique.
– Gevrey-Chambertin. Ici, les sols sont calcaires avec une bonne proportion de marnes argileuses, donnant puissance et rondeur. Vignobles de pente, Gevrey produit ses communales entre 240 et 280 m, et ses Premiers et Grands Crus entre 260 et 320 m. Le vignoble recouvre 380 ha sur les villages de Gevrey-Chambertin et Brochon. Les Grands Crus, dont la spécificité propre à chacun est un bon exemple de l’extrême complexité des terroirs bourguignons. Les Grands Crus sont le Chambertin, le Chambertin Clos de Bèze, Chapelle-Chambertin, Charmes-Chambertin, Mazoyères-Chambertin, Griotte-Chambertin, Latricières-Chambertin, Mazis-Chambertin, Ruchottes-Chambertin. Le Chambertin est l’un des plus beaux crus de la région, très caractéristique d’un terroir situé sur une pente douce, au sol calcaire enrichi de marnes rouges ferrugineuses. Aux côtés du Chambertin, trois “cousins” restent très proches qualitativement et tiennent la tête des autres très grands vins de cette commune : Mazis et Latricières-Chambertin, puis Charmes-Chambertin, et de beaux Premiers Crus comme Les Cazetiers, Le Clos Saint-Jacques, Aux Échezeaux, La Combe aux Moines. Suit l’appellation Gevrey-Chambertin (environ 20 % classés en Premiers Crus).
– Morey-Saint-Denis. Situé en partie centrale de la Côte-de-Nuits, le vignoble de Morey-Saint-Denis a pour vocation de produire surtout des vins rouges. La surface du vignoble est assez faible, avec une grande proportion de Premiers Crus (28 %) et de Grands Crus (27 %). Les Grands Crus sont le Clos Saint-Denis, le Clos de la Roche, le Clos des Lambrays, le Clos de Tart et le Bonnes-Mares. Ils sont groupés à l’aine du coteau, entre 270 et 300 m, et 17 Premiers Crus sont situés immédiatement en dessous et 3 en dessus. Les Premiers Crus peuvent être superbes (Les Millandes, Les Ruchots, Monts-Luisants surtout). L’AOC communale est produite de part et d’autre des Premiers Crus. Les sols sont calcaires et comportent des roches, des marnes, des sables, des limons rouges et des cailloutis. Les vins de Morey sont assez colorés et libèrent des arômes puissants de petits fruits rouges et noirs (cerise, cassis). Les crus sont plus complexes : les arômes s’enrichissent de nuances boisées, épicées ou animales. De grands vins charnus et persistants, d’excellente évolution.
– Chambolle-Musigny. Installé sur les éboulis calcaires provenant en partie de la combe de Chambœuf, Chambolle-Musigny expose son vignoble est-sud-est, à une altitude variant entre 250 à 350 m. Le vignoble occupe environ 170 ha et produit environ 5 700 hl dont un quart est premier cru. Les deux Grands Crus, le Musigny et les Bonnes-Mares, représentent une production voisine de 700 hl. La totalité de la production est rouge, à l’exception de quelques pièces de Musigny blanc. Une partie du Bonnes-Mares (15 ha) est située sur Morey-Saint-Denis, la majorité sur Chambolle-Musigny.
– Échezeaux. Si la plupart des vins de la commune de Flagey-Échezeaux, qui jouxte celles de Vougeot et de Vosne-Romanée, ont droit à l’appellation Vosne-Romanée, on y trouve uniquement deux Grands Crus : l’Échezeaux et le Grand-Échezeaux (36 et 9 ha). Les vins de Grand-Échezeaux, plus prestigieux, sont marqués par un terroir contigu à la meilleure partie du Clos-de-Vougeot, d’où ressortent une sève et une charpente particulières, une grande richesse au nez comme en bouche. Ceux d’Échezeaux sont plus souples, solides certes mais plus faciles à attendre.
– Vougeot. Au cœur de la Côte de Nuits, ce village dont le terroir viticole est l’un des plus petits de France (70 ha) possède depuis le XIIe siècle le château du Clos-Vougeot, chef-d’œuvre des moines cisterciens, que chacun peut visiter.
– Vosne-Romanée. Le vignoble de Vosne-Romanée s’étend sur Vosne-Romanée et Flagey-Échezeaux. La situation du vignoble, l’unité des sols et des expositions y sont tout à fait remarquables. Les sols argilo-calcaires conviennent particulièrement à la production des grands vins rouges. Les Grands Crus sont prestigieux : La Romanée, Romanée-Conti, Romanée-Saint-Vivant, Richebourg, La Tâche, La Grand’Rue, Échezeaux, Grands Échezeaux. Les Premiers Crus les plus renommés sont Aux Malconsorts, Les Suchots… On pourrait en les goûtant évoquer le toucher du velours. Des vins charnus, où le moelleux domine, avec des tanins très fins et une acidité équilibrée. Leur bouquet complexe met en relief des arômes de cerise, de fraise, de violette et de sous-bois.
– Nuits-Saint-Georges. Réparti sur les communes de Nuits-Saint-Georges et Premeaux-Prissey, le vignoble de Nuits-Saint-Georges est installé sur des sols bruns calcaires plus ou moins mêlés d’argile provenant de la dégradation du sous-sol d’origine jurassique. La superficie du vignoble couvre environ 300 ha pour une production de 7 500 hl de Nuits-Saint-Georges et 5 700 hl de Nuits-Saint-Georges Premiers Crus, remarquables comme Les Saint-Georges, Les Vaucrains, Les Cailles… D’une couleur soutenue, ils révèlent des arômes riches et puissants de mûres, de myrtilles, d’épices et de fourrure, des vins corpulents et solides. De grands vins puissants et colorés, d’excellente garde.
– Côtes-de-Nuits-Villages. Cette appellation est commune à plusieurs villages : Brochon, Fixin, Premeaux-Prissey, Comblanchien et Corgoloin. La dispersion des différentes communes produisant le Côte de Nuits-Villages procure à cette appellation une certaine variété, allant de vins assez souples et gras dans le sud de la zone de production jusqu’à des vins plus tanniques et de forte charpente dans le nord. Souvent bien colorés, ces vins présentent des arômes de fruits rouges et noirs, souvent de réglisse, presque toujours des arômes animaux.
LA CÔTE DE BEAUNE
Sur une vingtaine de kilomètres seulement, entre Ladoix-Serrigny et le coteau des Maranges, les plus grands vins blancs secs du monde côtoient les vins rouges de grande réputation. Dès le début du xiie siècle, les abbés de Cîteaux créèrent des celliers à Meursault et à Aloxe-Corton. Plus tard, les évêques et les chanoines, puis les ducs de Bourgogne ont joué un rôle décisif grâce notamment aux relations diplomatiques qu’ils entretenaient avec la chrétienté et avec les princes d’Occident. Sur les 4 800 ha que compte le vignoble, on récolte 25 millions de bouteilles répartis en deux tiers de vins rouges et un tiers de vins blancs. Des terrains de silice et argilo-calcaires pour les rouges, de calcaire marneux ou de marnes calcaires pour les blancs.
– Ladoix. Ladoix-Serrigny (50 ha) se trouve au nord de la Côte de Beaune, le vignoble se poursuivant par la Côte de Nuits. Le village est situé au pied de la montagne de Corton. D’une altitude comprise entre 220 et 360 m, le vignoble de Ladoix est exposé est-sud-est. Il est implanté sur sol calcaire-marneux, légèrement argileux pour les vignes blanches. Les vins rouges sont assez souples et comportent des tanins fins et discrets. Les Premiers Crus sont plus tanniques et plus complets. Les Ladoix blancs sont assez fermes ; leur moelleux se révèle après une nécessaire période de maturation, assorti d’arômes de pomme mûre, de figue fraîche, de noix. Les Aloxe-Corton (et Corton) Premiers Crus récoltés sur Ladoix sont fermes et corsés.
– Corton et Corton-Charlemagne. Les “simples” Aloxe-Corton (prononcez “alose”) sont agréables et parfumés, plus souples que les Premiers Crus (La Maréchaude, Les Chaillots, les Valozières…) et surtout que les Grands Crus que sont le Corton et le Corton-Charlemagne (63 ha), ce dernier étant un vin gras, séveux, qu’il faut absolument conserver quelques années pour pouvoir profiter pleinement de ses qualités, aux connotations subtiles de fleurs blanches fraîches, de fruits, un rien exotiques, savoureux et onctueux en bouche, très harmonieux, de grande garde. Corton est le plus étendu des Grands Crus. C’est vers les vignes des sommets, à l’exception de Corton-Bressandes, que sont les vins les plus riches. Il est donc difficile de trouver une qualité homogène, même si, d’une manière générale, les vins de Corton sont intrinsèquement supérieurs à ceux d’Aloxe-Corton.
– Pernand-Vergelesses. Le vignoble voisine avec Aloxe-Corton et Savigny-lès-Beaune. De part et d’autre d’une combe, il est réparti sous des expositions est, sud et ouest. Son altitude est comprise entre 260 et 380 m. Les vins blancs sont secs, vifs, assez légers. Nez fin de fruits frais (pomme), légèrement épicé. Les vins rouges sont assez secs et tanniques. Leurs arômes sont frais (cassis, groseille), animaux (musc) et puissants. Corton rouge et Corton-Charlemagne révèlent de grands arômes complexes : cassis, truffe, cerise, cuir, pour le premier ; cannelle, noix, poivre, ambre, pour le second.
– Beaune. Le vignoble de Beaune est presque totalement situé en pleine pente, et bénéficie de ce fait d’un large classement de ses climats en Premiers Crus (39, pour une surface de 322 ha). Les vins rouges récoltés au centre et du côté sud du territoire de Beaune sont tanniques et puissants ; leur couleur est généralement foncée, et leurs arômes sont à la fois animaux et fruités. Ceux récoltés au nord sont d’une robe moins intense et présentent une belle souplesse.
– Savigny-lès-Beaune. Le vignoble compte 17 climats classés en Premiers Crus. Les sols calcaires sont graveleux ou pierreux, légers et peu fertiles. Les Savigny rouges ont un bouquet élégant, assez puissant, marqué par une dominante griotte-cassis-framboise, évoluant vers la fraise et le sous-bois après quelques années ; les crus sont plus charpentés. Les vins blancs de Savigny sont assez vifs ; leur moelleux apparaît au cours de leur évolution pour donner des vins harmonieux et solides. Leurs arômes s’apparentent aux fruits exotiques (ananas, banane), à la pomme, aux fleurs d’aubépine, à la noisette.
– Chorey-les-Beaune. Chorey est situé au nord immédiat de Beaune, et au niveau de Savigny, de part et d’autre de l’axe de Dijon-Beaune. Le vignoble occupe une surface de 170 ha dans l’appellation Chorey et une partie moins importante en appellations régionales. Le Chorey est un vin léger, souple, très modérément tannique. Ces vins sont plus élégants que puissants.
– Côtes-de-Beaune-Villages. L’appellation Côtes-de-Beaune-Villages peut être revendiquée pour toutes les AOC communales de ce secteur, sauf quatre : Aloxe-Vorton, Beaune, Pommard, Volnay. Cette appellation est une équivalence. Le viticulteur a la possibilité d’utiliser l’appellation communale ou l’appellation Côtes-de-Beaune-Villages. Les vins de la partie nord présentent une grande finesse, une robe légère, une bonne souplesse et des tanins légers. La partie sud produit des vins souvent de couleur soutenue et marqués par des saveurs puissantes : tanins abondants, bon moelleux, supportés par une bonne acidité.
– Pommard. Le village est situé en pleine pente, au milieu de son vignoble très groupé, lui-même étagé entre 240 et 380 m et orienté à l’est ou au sud-est. Les terrains calcaires, assez argileux, donnent au Pommard des qualités assez originales : beaucoup de couleur, rouge-noir profond ; un bouquet intense et violent de cassis, de musc et de gibier. Ce vin est l’un des plus tanniques et solides des crus de Bourgogne. Une trentaine de Premiers Crus (Les Argilières, Les Chaponnières, Les Épenots, Les Perrières, Les Argelets, Les Bertins, Les Boucherottes, Les Pézerolles…) qui deviennent alors les archétypes des grands vins rouges, riches et veloutés, alliant charpente et rondeur, souples et fermes à la fois, délicatement parfumés, des vins d’excellente garde.
– Volnay. Couronné par un plateau calcaire de type rauracien, le vignoble de Volnay est appuyé sur un sous-sol composé de marnes calcaires argoviennes et sur des éboulis argilo-calcaires du Bathonien. Le versant de Volnay, dont la dénivellation atteint 140 m, offre une succession de calcaires qui assurent la perméabilité et la richesse en éléments assimilables déterminée par le pourcentage d’argile. Volnay produit une appellation communale et des Premiers Crus. En Volnay, 100 ha ; en Volnay Premier Cru, 115 ha. S’ajoutent 29 ha de vignes situés sur la commune de Meursault qui ont droit à l’appellation Volnay Premier Cru lorsque la vigne est plantée en Pinot noir. Les vins allient la race, la noblesse et la finesse. Leur robe, du tendre vermeil au rubis le plus profond, leur délicat bouquet de baies rouges (framboise, mûre), de violette, leurs tanins des plus doux aux plus robustes les placent parmi les plus grands vins de la côte de Beaune. Les Premiers Crus peuvent se révéler fantastiques dans le temps (Le Clos des Ducs, Le Clos des Chênes, Taillepieds, Les Santenots, En Caillerets, Frémiets, En Champans…).
– Monthélie. Le vignoble est planté à des altitudes comprises entre 230 et 370 m. Les sols sont calcaires, mêlés à des argiles en proportions irrégulières. Les vins rouges sont colorés et développent des arômes puissants (cerise, myrtille, humus). Leurs saveurs laissent apparaître un moelleux qui leur confère un charme élégant. Les Premiers Crus sont corsés, dotés d’un bouquet prononcé. Les blancs, au nez d’amande fraîche, allient moelleux en bouche et une nécessaire acidité qui signe les grands vins.
– Auxey-Duresses. Auxey-Duresses (prononcer Aussé), au centre de la côte de Beaune, est à la charnière de la production des vins rouges (Volnay et Monthélie au nord) et des vins blancs (Meursault au sud). Cette commune produit d’ailleurs, sous cette appellation, les 2 couleurs. Le vignoble est orienté sud et sud-est. Altitude comprise entre 260 et 300 m. Les sols sont constitués de calcaires marneux, propices aux vins blancs, et de calcaires argileux pour les rouges. Les vins blancs : très limpides, or vert, les Auxey expriment la pomme reinette, l’amande fraîche. Leur souplesse est dominante, juste relevée par une acidité plutôt discrète. Bonne persistance. Les vins rouges : d’une intensité colorante moyenne, libèrent un bouquet très fin, surtout fruité (cassis, framboise) avec une nuance animale en vins vieux (musc, fumé). Ils sont souples, dotés de bons tanins. Quelques Premiers Crus étonnants comme le Clos du Val.
– Saint-Aubin. Le vignoble de Saint-Aubin est orienté sur différentes croupes sud, sud-est, sud-ouest ou nord-est. Ses pentes sont assez sévères, notamment celles qui jouxtent le vignoble de Puligny-Montrachet. Les terroirs à vins rouges sont calcaires, caillouteux, de couleur brune ou rouge. Les terres blanches, plus argileuses, acceptent mieux le cépage Chardonnay. Elles influent nettement sur la souplesse des vins. Les blancs appartiennent véritablement à la famille des très grands vins de Bourgogne : or pâle légèrement vert ; bouquet associant l’amande verte, le marzipan (ou pâte d’amandes), la cire d’abeille, évoluant pour les vins mûrs vers la cannelle, l’ambre et une touche de poivre. Les vins rouges, souvent bien colorés, ont cette typicité révélant un nez de crème de cassis et de cerise noire, se complétant ensuite d’un léger arôme de cuir. En bouche, les vins offrent un ensemble charnu.
– Saint-Romain. À l’abri de falaises spectaculaires, les vignes de Saint-Romain occupent les versants sud-sud-est et nord-nord-est d’un passage assez encaissé taillé dans la Côte. Saint-Romain ne produit pas de Premiers Crus. En vins rouges, le Saint-Romain peut s’adjoindre la mention Côtes-de-Beaune, ou s’appeler aussi Côtes-de-Beaune-Villages. Ses sols sont constitués de marnes calcaires, dans lesquelles se retrouvent des bancs d’argile favorables aux blancs.
– Meursault. Le vignoble est étalé en pentes douces, entre 230 et 360 m d’altitude. L’orientation est très favorable par son ensoleillement maximal. L’abondance de marnes blanches en milieu calcaire explique la prédominance de la production de vins blancs, car elles sont plus compatibles à l’acclimatation du Chardonnay. Le Meursault blanc a un bouquet très capiteux, typé amande amère ou sèche, feuillage, croûte de pain chaude, pomme reinette ; ils sont, en bouche, très consistants, avec un moelleux abondant qui touche à l’onctuosité. Leur persistance est sensationnelle. Certains Premiers Crus comme Aux Perrières, Le Poruzot, Les Bouchottes, Les Caillerets, Les Genevrières ou Les Charmes, provenant de propriétaires hors pair, sont alors exceptionnels, envoûtants, riches, moelleux, très typés, puissamment mais subtilement bouquetés (fleurs blanches et fruits secs), d’excellente évolution. Avec eux, nous entrons dans la catégorie des plus grands vins du monde. Les (rares) vins rouges sont fins et de charpente souple.
– Puligny-Montrachet. En Puligny-Montrachet, cinq Grands Crus : Chevalier-Montrachet, Bâtard-Montrachet, Bienvenues-Bâtard-Montrachet, Criots-Bâtard-Montrachet et Montrachet, parmi lesquels un bon nombre des plus grands vins blancs secs du monde, intenses, d’une grande structure aromatique, de belle garde. Ici, on continue dans un territoire extraordinaire où l’osmose entre le Chardonnay et chaque type de terroir, sur la partie moyenne du coteau, devient parfaite. Le vignoble est établi sur Puligny et une partie du hameau de Blagny. Il court en pente douce, face à l’est, à une altitude comprise entre 230 et 390 m. Les sols sont argilo-calcaires, riches en cailloux, bien drainés, faciles à s’échauffer. Les blancs offrent un ensemble d’arômes très racés : pâte d’amande, fougère, ambre, fleurs blanches. En bouche, leur acidité est plutôt discrète, laissant s’exprimer un moelleux et une persistance impressionnants. Les vins rouges sont fruités (arômes de fraise et de cassis), assez souples en Puligny, plus charpentés en Blagny.
– Chassagne-Montrachet. Une petite partie de l’appellation Chassagne-Montrachet est produite sur Remigny, village limitrophe de Chassagne. Les sols convenant à la production des vins blancs sont essentiellement des calcaires bruns argileux. L’altitude du vignoble est comprise entre 220 et 340 m. Les vins blancs sont corsés, puissants, gras, aux arômes d’amande, de pomme mûre, de fleurs blanches, de miel. Leur persistance est remarquable. Les vins rouges sont très colorés, corsés, souvent très charnus. Leurs arômes sont marqués par des nuances cerise-kirsch et cassis.
– Maranges. L’appellation Maranges est née le 23 mai 1989, succédant à une production plus dispersée des villages de Cheilly-les-Maranges, Dezize-les-Maranges et Sampigny-les-Maranges. Maranges est la première appellation communale de la Côte de Beaune lorsqu’on arrive par le sud. Elle est limitrophe de Santenay. Les vins sont puissants, toujours très colorés, ils expriment des arômes de petits fruits rouges et de sous-bois. Ces vins solides ont un beau potentiel de vieillissement (au moins 10 ans). Les blancs sont gras, équilibrés, parfumés (arômes d’amande et fruits exotiques).
– Santenay. Au sud de la Côte de Beaune. Les vins rouges représentent la quasi-totalité de la production. Les sols sont faits de calcaires durs renforcés de marnes. Les terres profondes imposent une taille spécifique (cordon de Royat) pour discipliner les rendements. Selon leur position, les coteaux sont orientés au sud ou à l’est. Les vins blancs sont secs et corsés. Les vins rouges sont tanniques, bien charpentés. Ils ont des parfums de fruits (amande et fraise), et pour les Premiers Crus, les arômes sont plus floraux (violette).
LES AUTRES APPELLATIONS DE BOURGOGNE
Bourgogne Hautes-Côtes-de Beaune
Bourgogne Hautes-Côtes-de-Nuits
Le vignoble, situé en parallèle de la Côte de Beaune et de la Côte de Nuits, garnit les pentes bien exposées des collines dominant la côte à une altitude moyenne (300 à 400 m) d’environ 100 à 150 m. Les vins rouges présentent souvent une robe sombre, des arômes de fruits rouges frais dans leur jeunesse, de fruits confits et parfois d’arômes animaux lorsqu’ils sont plus mûrs. Leur saveur est ferme, relevée par une bonne acidité et des tanins très présents. Les vins blancs ont une fermeté toujours atténuée par le moelleux du Chardonnay. Leur structure est à la fois élégante et solide.
Les vins de Côte chalonnaise et du Couchois
Situé entre la Côte de Beaune et le Mâconnais, le vignoble de la Côte chalonnaise recouvre 3 350 ha dont 2 100 ha d’appellations communales, et produit 110 000 hl d’appellations contrôlées régionales, et 56 000 hl d’appellations contrôlées communales. Les sols sont souvent argilo-calcaires “bruns” avec des proportions variables d’argile, déterminant de place en place la vocation des terrains pour les vins rouges ou les vins blancs. Les expositions varient de sud à est-nord-est. L’altitude s’étage entre 220 et 380 m. Les appellations sont produites sur l’ensemble du territoire de la Côte chalonnaise et du Couchois : Bourgogne Aligoté, Bourgogne Passetoutgrain et Bourgogne (blanc, rouge, rosé). Les appellations communales sont produites sur les communes de Bouzeron, Rully, Mercurey, Givry et Montagny.
– Givry. Petit vignoble reconnu du roi Henri IV, il s’étend exclusivement sur la commune de Givry et sur les trois hameaux de Poncey, Cortiambles et Russily. Les sols sont bruns calcaires ou calciques issus de l’altération des calcaires du jurassique. Givry blanc : légèrement doré, sa finesse et sa subtilité font toute sa distinction. Il évolue favorablement au cours du vieillissement. Givry rouge : franc, riche et fin, il se distingue par sa chaleur, sa vivacité et sa générosité.
– Mercurey. Des rouges solidement constitués, bien bouquetés, fins et fermes à la fois, de bonne évolution. Quelques blancs parfumés et élégants, de bonne bouche.
– Rully. À la partie nord de la Côte châlonnaise, prolongement de la Côte de Beaune, s’étend le vignoble de Rully. Les terrains sont des marnes ou des argiles à dominante calcaire. Ce vignoble d’appellation communale présente des lieux-dits en Premier Cru. Le Rully rouge, d’un rubis pourpre, est d’une distinction particulière, tout en finesse et en élégance. Il sent bon le lilas, la violette, la framboise et la cerise. Le Rully blanc, robe d’or, d’une grande finesse, a une subtilité d’arômes allant de la noisette à la violette. Suivant les climats et leurs terroirs, il est tendre et fin, ou plus sec.
– Bourgogne Aligoté. Le Bourgogne Aligoté est une AOC régionale, produite dans toute la Bourgogne. En réalité, elle est surtout produite dans le vignoble auxerrois, dans les Hautes-Côtes de Beaune et de Nuits, et en Côte chalonnaise, ses terres de prédilection, qui lui assurent la typicité la plus régulière. Elle couvre à peu près 1 250 ha, pour une production de 50 à 70 000 hl en moyenne. Le Bourgogne Aligoté est un vin blanc léger, de couleur or blanc à forts reflets verts.
– Bourgogne Aligoté Bouzeron. Bouzeron donne son nom à un petit vignoble de 50 ha créé en 1979 reconnaissant les caractères particuliers des vins de cette région, et lui conférant le titre d’appellation communale.
– Bourgogne rouge et Bourgogne Passetoutgrain. Trois départements : Yonne, Côte-d’Or et Saône-et-Loire. Le Pinot noir est le cépage de Bourgogne. Associé au Gamay à la mise en cuve (1/3 minimum de Pinot), il participe à l’élaboration du Bourgogne Passetoutgrain.
LE MÂCONNAIS
– Pouilly-Fuissé
Poully-Fuissé, à la robe dorée, tout en finesse et en distinction. Les arômes puissants évoquent la noisette et les amandes grillées. Des vins de bonne garde, riches et savoureux, à la fois secs et gras.
– Pouilly-Loché
Situé au sud-est de Mâcon, il est, avec ses 25 ha, le plus petit vignoble de la Bourgogne du Sud. L’appellation s’étend exclusivement sur la commune de Loché.
– Pouilly-Vinzelles
Sur un terrain d’une grande homogénéité, exposé pour l’essentiel à l’est et au sud, le vignoble s’étend sur les communes de Vinzelles et de Loché.
– Mâcon blanc
L’aire géographique recouvre tout l’arrondissement de Mâcon, mais on distingue une quarantaine de communes sur lesquelles une délimitation particulière définit les appellations Mâcon-Villages et Mâcon et le nom de la commune. Vins secs et gouleyants, fruités et floraux, développant des nuances particulières aux différents terroirs et parfois muscatées.
– Mâcon rouge
Deux types de sols se distinguent particulièrement : les terrains argilo-siliceux ou argileux, qui produisent des vins riches, rustiques ; et les terrains siliceux ou granitiques, regroupés vers le sud du vignoble, qui produisent des vins plus fruités et plus légers. Les rouges (Gamay noir à jus blanc) peuvent adjoindre à l’appellation le nom de la commune dont ils sont issus, si certaines conditions sont respectées.
À noter le vignoble de Saint-Véran (des blancs gracieux et floraux).
Les appellations bourguignonnes
– L’appellation régionale ou générale
Tous les vins de la Bourgogne viticole : Bourgogne, blanc, rouge, rosé.
Bourgogne Passetoutgrain, rouge et rosé.
Bourgogne Aligoté, blanc, issu essentiellement du cépage aligoté.
Bourgogne Grand Ordinaire, rouge, rosé et blanc.
Ces vins peuvent être produits sur les quatre départements qui forment le territoire de la Bourgogne viticole.
– L’appellation Village
Les vins produits par certaines localités peuvent être vendus sous le nom du village producteur (Vougeot, Vosne-Romanée…).
– L’appellation Village plus le nom du climat ou lieu-dit (il en existe quelque 419)
– Les Grands Crus
La Bourgogne à table
– Auxey-Duresses. Si le blanc est parfait avec les poissons de rivière ou une volaille, le rouge, riche, bouqueté, tout en bouche, s’accorde bien à la plupart des viandes rouges ou aux gibiers.
– Chablis. Ampleur, suavité, vivacité et persistance aromatique pour ces crus de Chablis, à déguster sur des poissons de rivière, des langoustines flambées ou une côte de porc charcutière.
– Chambolle-Musigny. Charme, puissance, finesse, couleur et concentration aromatique prédominent. Idéal sur un dindonneau à la broche ou une bécasse.
– Puligny-Montrachet et Chassagne-Montrachet.Bouquetés, secs et suaves à la fois, de beaux vins tout en persistance aromatique, pour les poissons et les viandes blanches cuisinées.
– Corton-Charlemagne. Il se savoure avec un turbot poché, un veau Orloff ou une dinde aux marrons, un foie gras au naturel ou du caviar.
– Côte-de-Beaune et Hautes-Côtes-de-Beaune. Bouquet et souplesse en bouche en font un rouge à boire sur un poulet rôti ou un jambon, du rosbif froid et un saint-nectaire.
– Fixin. Solide et coloré, un Fixin se goûte fort bien avec une palombe, un coq au vin, voire un curry de mouton.
– Mâcon. Une escalope (ou une langue) de veau et des poissons grillés pour le blanc, le gibier à plume pour le rouge qui s’accorde également avec une raclette.
– Mercurey. Le rouge, ferme et fruité, d’excellente évolution, se goûte avec des beignets d’aubergines, une perdrix au chou ou un reblochon.
– Meursault. Riche, parfumé, suave en bouche, un Meursault jeune se boit avec des ris de veau ou une dinde aux marrons. À maturité, il lui faut une blanquette de veau, des morilles à la crème ou des quenelles de brochet.
– Nuits-Saint-Georges. Alliant charpente et finesse aromatique, ces vins s’accommodent d’un ragoût d’agneau, d’un civet de lapin, de grives ou d’un bourguignon.
– Pommard. Solide et coloré, un grand Pommard se savoure sur des mets subtils et puissants à la fois, comme une palombe, une poule au pot, les viandes en sauce et le gibier.
– Pouilly-Fuissé. Idéal sur un saumon grillé, des ris de veau, une poularde en croûte de sel ou des quenelles de brochet.
– Rully. Le rouge s’accorde bien avec un jambon de sanglier, un canard farci ou le gibier. Le blanc avec tous les poissons.
– Santenay. Sa structure lui permet de se marier avec la plupart des gibiers et les ragoûts (daubes). Idéal dans sa jeunesse avec une épaule d’agneau boulangère.
– Vosne-Romanée. Concentration aromatique et velouté demandent un pintadeau en sauce, un poulet sauté aux morilles ou un râble de lièvre.
L’histoire des vins de Bourgogne
Ce pays doit son nom actuel aux Burgondes, peuple germanique qui envahit la Gaule en 406 et y fonda sous la conduite de Gibdecaire (411) le premier royaume de Bourgogne. Clovis, le célèbre roi des Francs, épousa une princesse burgonde, et leurs fils réunirent la Bourgogne à l’empire des Francs. Charlemagne l’érigea en duché et, de 884 à 1002, le duché de Bourgogne appartint à des princes dont Richard d’Autun dit “Le Justicier”. Il fut ensuite réuni à la couronne de 1002 à 1032. Commença alors l’ère d’une nouvelle maison des ducs de Bourgogne qui fut la première “maison capétienne”. Philippe le Hardi devint le chef de la “maison de Valois”, deuxième maison capétienne. Ce duc de Bourgogne s’intéressa particulièrement à la viticulture. Il interdit la culture du Gamay et exigea de servir du vin de Beaune aux repas officiels.
La réputation des vins de Bourgogne remonte au Moyen Âge. Ce sont des moines qui, les premiers, cultivèrent la vigne. En 587, le roi Gontran donna des terres avec des vignes aux moines de l’abbaye de Saint-Bénigne. En 630, le duc Amalgaire de basse Bourgogne fonde l’abbaye de Bèze lui donnant la possibilité d’exploiter des vignobles à Chenôve, Marsannay, Conchey, Gevrey, Vosne et Beaune.
En 910, des bénédictins formaient l’abbaye de Cluny. Celle-ci acquit de nombreux terrains dans la Côte de Nuits et posséda tous les vignobles autour de Gevrey. Le vin étant un signe d’opulence, certains moines oublièrent la règle monastique et vécurent trop bien. C’est alors que l’ascète Bernard de Clairvaux dénonça cette vie de luxe, puis se rendit à l’abbaye bénédictine de Cîteaux, située en face de Vougeot. Ces moines, séduits par la ferveur au travail de Bernard de Clairvaux, prirent pour devise : “Par la croix et l’araire” et devinrent les cisterciens. Ils défrichèrent des bois, exploitèrent d’innombrables landes, plantant des vignes. On leur doit la création du vignoble de Clos-Vougeot aujourd’hui propriété des Chevaliers du Tastevin. On peut voir encore au château d’immenses pressoirs taillés à même les grands chênes datant de l’an 1000. Les moines avaient remarqué les différences existant entre les vins issus du bas ou du haut du coteau. Aussi, respectaient-ils la hiérarchie de l’époque en établissant trois cuvées : celle des papes, la meilleure, provenant de la partie supérieure du clos, celle des rois, du milieu, celle des moines, du bas. C’est en 1147, au monastère de Pontigny, que fut créé le Chablis. Également par des moines cisterciens qui furent les premiers à planter le Chardonnay blanc. La réputation du Clos-Vougeot était si forte que pendant la Révolution un certain colonel Bisson instaura une tradition selon laquelle les troupes françaises qui passaient devant Clos-Vougeot devaient présenter les armes. Les vins de Bourgogne plurent aux rois de France mais, à la fin du xviiie siècle, la République instaurée fit passer tous les vignobles appartenant à l’Église dans le domaine public, et le morcellement des terres bourguignonnes commença. Bossuet, Bourguignon de naissance, disait : “Le vin a le pouvoir d’emplir l’âme de toute vérité, de tout savoir et philosophie.”