Dans cette belle région, il faut noter le grand charme des blancs de Cassis et de Bandol, les Coteaux Varois, une appellation qui semble parvenir à sa maturité, et les Coteaux d’Aix qui doivent aussi montrer leur potentiel en rouge ou blanc, sans se contenter de faire d’excellents rosés.
Si l’appellation Côtes-de-Provence est devenue très majoritaire en rosés, il s’agit de savoir farpper à la bonne porte. Ici, seul le rapport qualité-prix-plaisir doit compter, associé à une typicité réelle, sans se laisser prendre au jeu des nombreuses cuvées, où les raisins spécifiques à la région sont inutilement remplacés par d’autres.
Misez donc sur ces propriétaires qui laissent s’exprimer au mieux les grands cépages Grenache, Mourvèdre, Cinsault, Rolle ou Ugni blanc, dans ces terroirs complexes, argilo-calcaires, caillouteux, graveleux ou sableux, élevant des vins formidables dans toutes les appellations provençales.
En Corse, les vins sont toujours splendides et savoureux, dans les trois couleurs.
Les vins de Provence et leurs appellations
– Bandol. Limitée par un grand cirque de collines, partant du fond du golfe des Lecques pour monter vers Le Castellet, longer les gorges d’Ollioules et revenir vers Sanary, l’appellation Bandol (1 500 ha) n’a rien de commun avec celle des Côtes-de-Provence. Mais, là encore, ce sont les rouges qui tiennent le haut du pavé. Issus principalement du fabuleux cépage que peut être le Mourvèdre (qui apporte bouquet, corps et rondeur), les bons vins rouges de Bandol peuvent être exceptionnels. Amples, élégants, puissants, gras et très aromatiques, ils donnent toute leur véritable mesure après quelques années de vieillissement. Ceux-là bénéficient d’un excellent rapport qualité-prix. Les rosés, francs et fruités, méritent un bon point, ainsi que les blancs.
– Bellet. Un vignoble confidentiel (58 ha) et très ancien formé surtout de cépages locaux (Folle noire, Braquet pour les rouges, Rolle principalement pour les blancs) sur un terrain riche en silice.
– Cassis. Des blancs, des rosés et des rouges, qui profitent d’un climat exceptionnel et de la bienveillance du mistral qui nettoie les vignobles (200 ha) et leur fournit chaque année des températures quasiment invariables.
– Coteaux-d’Aix-en-Provence. Appartenant à la zone occidentale de la Provence calcaire, l’aire d’appellation se situe entre la Durance au nord-est, la Méditérranée au sud et la vallée du Rhône à l’ouest. Entre des reliefs constitués de chaînons parallèles au littoral, s’étendent des bassins sédimentaires où s’est concentrée l’activité viticole. L’appellation s’étend sur 49 communes et 3 500 ha, sous un climat de type méditerranéen, avec pour vent dominant le mistral, qui permet à la région de bénéficier d’un ensoleillement moyen de 2800 h par an. Les sols sont argilo-calcaires caillouteux, sableux, souvent graveleux sur molasses et grès, et caillouteux à matrice argileuse ou limono-argileuse. La production se répartit dans les 3 couleurs (65% de rouges, 30% de rosés et 5% de blancs).
– Baux-de-Provence. L’appellation (280 ha) regroupe sept communes de la chaîne des Alpilles, Fontvieille, Maussane, Mouriès, Paradou, Saint-Etienne-du-Grès, Saint-Rémy-de-Provence, et au centre, la commune des Baux-de-Provence. Le sous-sol est constitué de roches calcairo-marneuses du crétacé. Les vignobles sont situés au pied des falaises calcaires sur des sols de cailloux et d’argile, à une altitude moyenne de 100 m.
– Côtes-de-Provence. Le vignoble (20 200 ha) prend naissance dans les Bouches-du-Rhône, au pied de la montagne Sainte-Victoire. Accroché aux flancs de coteaux sur des “restanques”, ces terrasses aménagées par l’homme, ou bien isolé au milieu des pinèdes, le vignoble des Côtes-de-Provence bénéficie de sols généralement pauvres en humus, perméables et caillouteux. Les cépages : le Grenache voisinant avec le Carignan, le Cinsault s’alliant au Cabernet, la Syrah côtoyant le Mourvèdre…
– Coteaux-Varois-en-Provence. L’appellation Coteaux-Varois (2 500 ha), s’étend sur 28 communes.
Pour les rouges : Cinsault, Grenache, Mourvèdre, Syrah pour les principaux (80% mini). Deux cépages obligatoires. Cabernet-Sauvignon, Carignan, Tibouren pour les accessoires (20% maxi). Pour les rosés, possibilité d’inclure des cépages blancs en cépage accessoire.
Pour les blancs : Vermentino principalement, Grenache blanc, Clairette blanc, Sémillon (maximum 30%), Ugni blanc (maximum 25%). |
La Provence à table
– Bandol et Cassis. Des vins rouges riches en arômes et en saveurs, avec cette touche vanillée, qui se marient avec des plats épicés. Pour des millésimes plus anciens, sur un lièvre à la royale, une poularde en croûte de sel ou un reblochon. Le rosé tient sur une ratatouille, une saucisse grillée ou des brochettes de rognons, et le blanc sur une escalope ou un sandre au beurre blanc.
– Baux, Coteaux Varois et Coteaux-d’Aix. Des rouges colorés, parfumés, aux notes de fruits rouges mûrs et d’humus, au caractère affirmé, qui se goûtent fort bien sur un foie, une selle d’agneau aux herbes ou un gigot. Goûtez le rosé, bien frais, sur des paupiettes de veau ou un veau Orloff.
– Côtes-de-Provence (et Corse). Des rouges alliant couleur, parfums et souplesse en bouche, qui se marient avec une bonne potée, un rôti de porc froid ou un carré d’agneau. Pour les blancs, fruits de mer et bouillabaisse, tandis que le rosé se déguste avec une morue grillée ou des calmars.
Les vins de Corse
Les terroirs de Corse
À l’ouest, c’est la Corse hercynienne. De la longue dorsale partent des crêtes abruptes tombant à pic sur la mer. C’est une Corse cloisonnée, constituée de vallées nombreuses et étroites où les torrents sont tour à tour tumultueux en hiver et au printemps et réduits à un filet d’eau en été. C’est aussi une côte fantastique qui déroule ses caps, ses golfes larges et profonds, ses promontoires et ses plages le long d’une mer d’une pureté incomparable.
À l’est dominent les plissements de type alpin qui créent tout un complexe de collines, de buttes anarchiques et une grande variété de coteaux. La côte alluvionnaire et étroite est la seule plaine de Corse mais elle reste réduite par ses surfaces. Ce n’est ni la Sardaigne ni même Majorque. De vastes étangs salés élargissent leurs eaux poissonneuses (Diana, Biguglia, Urbino). Les données géologiques confirment généralement ces distinctions géographiques.
Il y a une Corse cristalline, à l’ouest (qui rappelle les sols du haut Beaujolais), avec ses granits divers (porphyroïdes de Calvi à Ajaccio, à biotite autour de Calvi et granulisants dans le Sartenais).
– Avec ses granulites à deux micas et ses granulites sodiques.
– Avec ses diorites près d’Ajaccio et de Figari.
– Avec ses schistes cristallins à Ajaccio et au sud-est de Porto-Vecchio.
Il y a une Corse schisteuse, à l’est, avec les schistes et des ophiolites vertes plus ou moins serpentinisées.
Il y a une Corse sédimentaire : dans la zone qui joint la Balagne à Corte.
Il y a enfin la Corse calcaire : de Bonifacio, mais aussi de Patrimonio.
Le climat de la Corse
Le climat par contre est un facteur d’unité et favorise la vigne. Il s’agit d’un climat méditerranéen maritime et tempéré, aux températures douces, aux précipitations relativement abondantes, à l’ensoleillement remarquable. À la qualité exceptionnelle de la lumière, il faut ajouter une insolation annuelle qui est au moins de 2 450 heures et qui peut dépasser 2 760 heures. Il n’est donc pas surprenant que, grâce à des conditions climatiques si favorables qui intéressent 62% de l’île et pénètrent profondément jusqu’au cœur des vallées, la vigne ait escaladé les pentes et qu’on l’ait cultivée jusqu’à 400 à 500 m d’altitude. La géographie insulaire a compartimenté le pays en vallées, favorisé l’isolement des cultures et des économies, émietté en somme les terroirs, particularisé les modes de transformation et créé une essentielle diversité.
Les raisins de Corse
Cépages locaux : leur implantation permet de distinguer les régions de culture traditionnelle (10 à 12% de l’encépagement) des vignobles récents qui ne représentent que 8% de l’encépagement total.
– Le Nielluccio (rouge), inséparable de Patrimonio, donne des vins bouquetés, charpentés et de bonne garde.
– Le Sciacarello (rouge), cultivé surtout à Sartène, à Ajaccio, en Balagne et dans les régions de Figari ou de Porto-Vecchio. Son vin est léger et distingué.
– Le Vermentino (blanc) qui atteint à surmaturité une grande richesse en sucre. Il faut le vendanger rapidement pour éviter sa tendance à madériser.
Cépages améliorateurs : la Syrah et le Cabernet (1 à 2 %).
Cépages provençaux : le Grenache, le Cinsault, l’Alicante, le Carignan représentent 60 à 75% de l’encépagement dans le vignoble récent.
Autres cépages : la Malvoisie (pour les Muscats), l’Ugni blanc, le Genovese, le Barbarossa, le Riminese (un peu sur le cap Corse).