Le sol, c’est le terroir, et c’est lui qui va faire la différence entre un grand vin et un bon vin.
Pour mieux comprendre l’influence du sol, il faut réaliser que la force de la vigne, son originalité (sans équivalence à ce point), est en fait de se développer en sous-sol, pour chercher sa nourriture. A cinq, dix ou quinze mètres, ses ramifications vont puiser dans les roches les minéraux et autres aliments essentiels (fer, magnésium, calcium, azote…) nécessaires à sa croissance.
En réalité, le sol que l’on voit quand on se promène dans un vignoble n’a, lui, que peu d’importance, même si certains producteurs se font un malin plaisir de rajouter des cailloux de graves pour “faire mieux”. Ce qui compte, c’est le sous-sol, et rien d’autre.
La règle de base est extrêmement simple : les meilleurs vignes poussent dans des sous-sols pauvres, bien drainés naturellement, auxquels les différentes couches apportées par les cycles tertiaire et quaternaire apportent une touche fondamentale où complexité et homogénéité s’assemblent.
Aux côtés de ceux qui sont confrontés à leurs ressources naturelles, certains vignobles sont conduits comme des champs de maïs, avec drainage et tutti quanti. Si la vigne pousse partout, si les raisins rouges sont rouges dans n’importe quel pays, il faut encore savoir faire la différence entre la typicité et l’uniformité. De lui-même, le sol fait donc la différence.
Alluviaux (dépôts) : déposés par un torrent, composés pour la plupart de limon, de sable et de graviers, très fertiles. Pour référence, la fameuse plaine alluviale de la vallée du Pô, en Italie. Se rencontrent également en Hongrie, au Liban, en Savoie, en Bulgarie, en Afrique du Nord, en Californie, et dans La Rioja.
Ardoise : roche dure, qui provient de la compression d’argile, de limon et de sable, qui retient bien la chaleur. On peut la trouver dans la région de l’Ahr, en Allemagne, où elle s’allie à des terres volcaniques.
Argile : une roche à grain fin, qui retient facilement l’eau (Grande-Bretagne, Jura…). Mélangé au calcaire, c’est le sol classique du Penedes et, dans une moindre mesure du Xérès, en Espagne.
Argileux (sols) : sols sédimentaires comprenant principalement les argiles, les glaises, les marnes et les limons (Moselle).
Basalte : roche volcanique, riche en calcaire et en soude (Sicile).
Calcaire : roche sédimentaire alcaline, qui favorise la production de raisin au taux d’acidité relativement élevé, comme dans la Loire (Pouilly-Fumé…). On en trouve également au Chili et en Afrique du Nord.
Calcaire (sol) : sol de carbonates de calcium et de magnésium, qui permet aux racines de pénétrer la terre et leur assure un excellent drainage. Le meilleur exemple en est le territoire des grands crus de Saint-Émilion (et d’Alsace). Se trouve aussi bien présent en Roumanie, au Chili, en Afrique du Sud, et en Grèce.
Carboné (sol) : sol qui provient d’une végétation décomposée dans des conditions anaérobiques. Les sols carbonés les plus courants sont la tourbe, la lignite, le charbon et l’anthracite.
Craie : roche alcaline poreuse qui favorise la production de raisin au taux d’acidité particulièrement élevé, et convient donc tout naturellement pour les cépages blancs. On en trouve en France, bien sûr, mais aussi au sud de l’Espagne (Moscatel).
Crasse de fer : couche riche en fer que l’on trouve dans le Libournais, principalement à Pomerol, et aussi à Saint-Julien.
Éolien : sol riche en sédiments déposés par les vents.
Ferrugineuse (argile) : argile relativement riche en fer.
Galets : c’est à Châteauneuf-du-Pape que l’on rencontre cette “mer” de gros cailloux roulés, en forme de galets, qui possèdent les qualités idéales d’attirer la réverbération du soleil et de conserver la chaleur du jour durant la nuit.
Granite : roche dure, riche en minéraux, qui se réchauffe rapidement et qui retient la chaleur. On en trouve dans le nord-ouest de l’Italie, et au Portugal, pour la production du Vinho verde.
Graves : cailloux siliceux, qui assurent un excellent drainage et conviennent parfaitement à la vigne, lui imposant de chercher sa propre nourriture. Ces sols s’adaptent parfaitement aux cépages Cabernets, et font des merveilles dans l’appellation Margaux (et dans les Graves). On retrouve également des sols de graves sablonneuses dans le Libournais, et des marnes graveleuses dans le Jura. Idem en Afrique du Sud.
Grès : roche sédimentaire composée de particules. Souvent alliée au calcaire comme dans le Palatinat ou en Franconie, en Allemagne.
Humus : matière organique contenant des bactéries et des micro-organismes. Alimente les plantes.
Kimmerdgiens (sols) : sols de marne calcaire, que l’on trouve en Allemagne, et également à Chablis ou à Sancerre.
Lignite : matière carbonée, chaude, très fertile; on la trouve surtout en Champagne et en Allemagne.
Limon : sol tendre et friable, composé d’argile, de sable et de vase. Trop fertile. Très présent au Canada, en Californie, notamment dans la Napa Valley et la Vallée Centrale, et en Australie (Nouvelles-Galles du Sud).
Lœss : dépôt accumulé par le vent, fait essentiellement de limons, qui se réchauffe rapidement en retenant l’eau, comme il le prouve en Allemagne, en Rhénanie par exemple. Egalement en Roumanie.
Marne : argile calcaire qui retarde la maturation du raisin et en augmente l’acidité (Bourgogne, Piémont, Hesse-Rhénanie, Alsace…). Egalement en Afrique du Nord.
Mica : sol assez maigre, à base de poudre de granit, idéal pour la vigne, que l’on trouve surtout dans les grands crus de la vallée du Rhône (Condrieu…).
Molasse : grès tendre et friable, souvent calcaire, que l’on trouve dans certaines régions du Bordelais.
Moraine glaciaire : sol rocheux déposé, comme son nom l’indique, par un glacier, et formé principalement d’ardoise, de schiste et de calcaire. Classique des vignobles de montagne comme ceux de Suisse et du nord-est de l’Italie.
Palus : sol fertile d’origine alluviale récente, souvent planté inopportunément, peu propice réellement à la vigne de qualité. On en trouve dans la région bordelaise, notamment dans celle du Médoc.
Porphyre : roche colorée au ph élevé, que l’on trouve souvent dans la région de Nahe, en Allemagne.
Quartz : minéral le plus commun et le plus abondant, présent dans de nombreux sols, qui réduit l’acidité du vin.
Sable : sol chaud et aéré, qui assure un bon drainage. Ne fait pourtant pas assez souffrir la vigne. On en trouve partout, en France, en Argentine, en Californie, en Australie comme au Liban.
Schiste : roche cristalline riche en potassium et en magnésium, qui retient bien l’eau, et convient tout à fait à la vigne. Assez dures à cultiver, on trouve souvent ces terres schisteuses dans les pays du sud de l’Europe, au Portugal et en Italie, notamment en Toscane. Certains secteurs de l’Afrique du Sud en sont pourvus.
Silex : roche qui emmagasine la chaleur, comme les galets de Châteauneuf-du-Pape, et donne des vins très typés, au fameux goût de “pierre à fusil” (Loire…).
Silice : sol assez acide de nature cristalline, dont l’archétype se trouve en Bourgogne, allié à de l’argile et du calcaire.
Terra Rossa : argileux et rouge, sédimentaire.
Tuffeau : roche volcanique, calcaire, que l’on retrouve en Touraine (Chinon, Bourgueil…), voire en Allemagne, en plus petite proportion dans la région de l’Ahr.
Volcaniques (sols) : sols principalement formés de lave et de basalte (îles grecques, Chypre, Allemagne, Sonoma Valley, Autriche…).