Ma sélection est sévère cette année. Il faut dire que, depuis 28 ans, je connais des milliers de producteurs, du plus chaleureux au plus orgueilleux, du plus passionné au plus mercantile, du plus arrogant au plus enthousiaste… Cela permet d’appréhender toute cette filière viticole, et il faut, aujourd’hui plus qu’hier, choisir son camp. Il y a 3 points qui me tiennent à cœur :
– L’éthique du vin. Je la défends, pour les consommateurs, comme la grande majorité des vignerons dignes de ce nom que vous trouverez dans le Guide. Avoir une éthique, c’est ne pas galvauder ses racines, son histoire, pour gagner quelques euros, s’attacher à laisser s’exprimer la nature sans abreuver à outrance les vignes de pesticides ni se servir exagérément de quelques sophitications œnologiques (concentrateurs, copeaux de bois, levures, chauffes spéciales de barriques neuves…) qui ne servent qu’à habiller un vin. Un vrai vin n’a pas besoin de maquillage.
– La typicité. Quel est l’intérêt de boire un vin rouge, blanc ou rosé qui n’a pas la moindre originalité par rapport à un autre ? La course à la mondialisation est bien souvent l’occasion d’aseptiser les produits, de “lisser” les différences, d’exclure toute subjectivité, de moduler les goûts en prenant les consommateurs pour des gogos. Un jour, on vous fait un produit pour les filles, le lendemain une bibine pour le 3e âge, on voit débarquer des vins en canettes, etc. Faire cela, c’est tout simplement niveler la qualité par le bas. Ne croyez pas les pubs ou les dossiers de presse qui proclament qu’il faut s’adapter aux consommateurs, le seul but de tout cela, c’est la rentabilité, rien d’autre. Le goût du vin (et de la vie), c’est le plaisir, la diversité, le choix, pas l’argent, l’uniformité ou le collectivisme.
– Le rapport qualité-prix-plaisir. Il y a en France des vins qui atteignent des prix injustifiés et que je ne cautionne plus. Je ne pense pas aux quelques crus mythiques à des prix innaccessibles pour lesquels on entre dans le monde du luxe. Je parle de certaines cuvées du Languedoc, du Sud-Ouest, du Rhône, d’un bon nombre de crus de Bordeaux ou de Bourgogne… Le comble, c’est que la majorité de ces vins trop chers sont ceux qui sont aussi le plus dépersonnalisés, “travaillés”, concentrés à la limite de l’écœurement. C’est la porte ouverte aux bons vins étrangers (les vins typés, pas ceux que l’on fabriquent dans des cuveries grandes comme des laiteries).
J’aime donc les hommes et les femmes du vin enthousiastes, passionnants, humbles, qui s’attachent à défendre et à promouvoir la magie de leurs terroirs. On parle le même language, car, nous aussi, nous sommes passionnés : mon épouse, Brigitte, aux commandes de Millésimes, ma mère et ma tante, Colette et Claude, mes collaboratrices, Mélodie, Danièle, Isabelle et Yolaine, toutes m’aident à réaliser également le Guide que vous avez entre les mains, même si je reste seul à déguster.
Merci de votre fidélité.
Voir aussi : [www.patrick.dussert-gerber.com|www.patrick.dussert-gerber.com|fr]
Et : [www.guidedesvins.com|www.guidedesvins.com|fr]