Dans des appellations très abordables (de 7 à 10 €), on trouve de tout, qualitativement parlant, aussi bien des crus qui bénéficient d’un excellent rapport qualité-prix-plaisir que des bibines de masse… Il est évident qu’un Corbières (ou Bordeaux) à moins de 4 € n’est pas comparable qualitativement à un excellent Languedoc (ou Bordeaux) à 15 €. Il est tout aussi évident qu’un mauvais Bordeaux à 3 € ne vaut même pas son prix…
Certains prix sont surprenants (dans le bon sens). Des vins des “satellites” de Saint-Émilion, des Graves, des Côtes de Bordeaux, des Gigondas…, dans une fourchette de prix de 9 à 15 €, ce n’est pas bien cher. Il en va de même pour d’autres appellations (Touraine, Saumur, Madiran, Chinon, Côtes-du-Rhône-Villages, Beaujolais…), où les meilleurs vins sont souvent sous-payés (vous avez bien lu). Inversement, d’autres prix sont très surprenants et trop “élevés” (toutes proportions gardées) dans de nombreuses régions et/ou appellations (Languedoc, Bouzy, Provence, Tavel, “simples” AOC de Bourgogne, Médoc, Libournais…).
Leur point commun : l’importance du tourisme dans leur région, et une clientèle qui, bien souvent, n’est pas réellement informée des équivalences de prix. L’exportation peut aussi expliquer l’exagération des prix. Bien sûr, dans chacune de ces régions citées, il existe des vins qui méritent largement leur prix : ils sont dans le Guide.
Quelques très grands vins ne sont vraiment pas si chers que cela, tant en Bourgogne qu’à Bordeaux, dans le Rhône, ou en Vendanges Tardives (Sauternes, Alsace, Loire, Sud-Ouest).
S’offrir un Chablis Premier Cru ou un Châteauneuf-du-Pape pour moins de 25 €, un très grand vin de Bordeaux ou de Bourgogne pour 50 ou 80 €, c’est vraiment très justifié, à l’époque où d’autres vins à la mode parviennent à des prix prohibitifs. Il suffit de prendre en considération leur potentiel qualitatif dans le temps et leur grande histoire vinicole pour s’en persuader.
En Champagne, la plupart des prix des cuvées de vignerons sont aussi très justifiés, puisque l’on accède à de très belles bouteilles entre 25 et 50 €, et plus, bien sûr, quand on atteint les sommets, mais attention à ne plus se laisser avoir par des marques qui vous font plus payer leur renommée et leur ancienneté. Misez sur le talent des vignerons, le terroir des Grands Crus, recherchez la pureté et la minéralité ou la salinité : bref, misez sur le caractère !
En fait, pour les très grands crus, au-dessus d’un prix “compréhensible” (100 €), il est difficile de parler “qualité-prix”, frime de ceux qui ne sont que des buveurs d’étiquettes, la mode (outrancière, parfois, notamment sur des micro-cuvées ou grâce à une note bienveillante) intervenant alors, et l’on entre aussi pour d’autres dans le domaine du luxe, qui ne nous semble plus vraiment adapté à celui des vrais amateurs de vins.