Ce qu’il faut vraiment savoir sur les vins en 2025 !

Nous commençons nos dégustations pour le prochain Guide 2026, c’est le 46 e ! Et c’était le PREMIER Guide des Vins que j’ai écrit en 1979 (Hachette est paru une dizaine d’années après). Et c’est toujours le même auteur, la même famille (la marque « Parker » a été revendue depuis un bon bout de temps, d’autres « concurrents » changent de mains ou d’éditeur…), certains ne vivent qu’en louant les « grands » vins chers, si heureux d’être « gratifiés » d’un déjeuner au château en échange d’une bonne note (on a connu), d’autres écrivent sans jamais avoir rencontré un vigneron… Bref, on commence donc à savoir de quoi on parle !

Les grands vignerons… et les autres, la force des terroirs, le « bashing » des « grands » crus de Bordeaux, l’uniformisation des cuvées, la mode, les vins sans intérêt, etc…

En quatre décennies, j’ai tout vu : les vignerons passionnants, les snobs, les humbles, les fanatiques du profit, ceux qui respectent leur terroir, les afficionados des sophistications œnologiques, les talentueux de l’élevage, les affabulateurs, les fidèles, les courtisans, les magiciens, ceux qui cherchent à vendre au mieux, et les autres sachant raison garder… Eh bien, en fait, rien n’a vraiment changé ! Ceux qui étaient de vrais vignerons le sont restés (et leurs enfants suivent), ceux qui n’aimaient que le business continuent. Un bon vigneron, c’est donc la base.

Mais pour être un grand vigneron, il faut aussi partager une convivialité exemplaire. Et, régulièrement, depuis mes débuts, c’est le cas dans la Loire, en Alsace, en Beaujolais, en Bourgogne, ils sont aussi restés les maîtres des vins racés et des sols pauvres, les trois premiers bénéficiant de superbes rapports qualité-prix-plaisir (de 10 à 30 €), la Bourgogne également dans la plupart de ses appellations (de 20 à 50 €), avec d’autres, certes, où les terroirs lilliputiens, une minéralité hors normes et une demande mondiale expliquent des prix très élevés. Ici, on a pas eu besoin de suivre un gourou et on s’est même permis de les mettre à la porte…

Le Rhône a su développer aussi bien de très grands vins typés à des prix cohérents, que d’autres, excellents et très abordables. Le Languedoc s’est pris en mains, comprenant le potentiel des terroirs, même si certains se plaisent à produire des goûts “clés en mains” selon les marchés, à des prix curieux, le Sud-Ouest semble toujours endormi, mais l’authenticité est présente, quand la Provence devient une usine à rosés, alors que quelques-uns des plus beaux rouges se trouvent à Bandol. La Corse reste au top.

En Champagne, c’est, depuis 25 ans, l’apothéose des vignerons et petites maisons qui sont devenus les véritables références, avec ces vins qui ne sont jamais les mêmes, selon les millésimes, les origines, les cépages… bref, tout ce que l’on attend d’une dégustation : de la personnalité, de l’originalité… de la typicité ! Les meilleurs sont devenus d’authentiques grands vins.

Bordeaux. c’est la seule région où on trouve des vins (?) à 1,70 € et d’autres à 1.000 € (et bien plus pour des millésimes anciens…). Deux mondes qui se regardent :

  • l’un, c’est celui des hommes et des femmes à qui on a dit un jour de planter, un autre d’arracher, qui élèvent des vins toujours formidables, entre 10 et 40 € et peinent à se sortir d’un piège dans lequel ils n’ont fait que subir.
  • L’autre, c’est celui de propriétaires (pas tous, encore heureux !) qui n’ont pas souvent mis les mains dans leurs vignes, se contentant de vendre vite et bien à un négoce friand de toutes opportunités, sans réaliser que leurs vins ne valaient plus leurs prix, ne représentaient plus la moindre typicité.

Les prix ne veulent plus rien dire. Ne goûtons-nous pas, ici, à 50€, 100€, 300€ …, des vins sirupeux, concentrés, un Saint-Julien qui a le même goût qu’un Pessac-Léognan ou un Saint-Émilion (on ne s’étendra pas sur un Classement officiel inadmissible, où les chais comptent plus que le terroir…), manquant de cette fraîcheur qui leur permettraient d’évoluer dans le temps. Ils sont devenus “sans âme, ni vertu”. Quel dommage quand on sait ce que peut (pouvait ?) apporter un très grand cru bordelais avec 10 ou 20 ans de bouteille. Il en reste bien peu.

Car la quête du “toujours plus”, la mainmise de commerciaux-conseils œnologiques, la morgue, la volonté de bluffer son voisin, ont tout gâché, comme le fait d’être déconnectés de la réalité des marchés et de la concurrence. Le mythe, le rêve, où sont-ils ?

Résultat : un “bashing” sur beaucoup de ces crus trop chers qui font souffrir ceux qui proposent de superbes rapports qualité-prix-typicité ! On ne peut pas “tromper” un consommateur indéfiniment, fut-il au fin fond du monde, nous rabâcher année après année que c’est “le millésime du siècle”, uniformiser une régularité qui fait abstraction des millésimes et des terroirs.

Ces prix incautionnables (c’est aussi le cas pour des marques champenoises), c’est bon pour les virtuoses de l’esbroufe, les influenceurs, les rappeurs, les piliers de la frime, ceux qui pourraient acheter n’importe quoi, pour peu que cela se sache. Désolant.

Dès notre prochain GUIDE (parution Octobre), on ne cautionnera plus de payer des vins 5 ou 20 fois plus cher qu’un autre vin, de la même appellation, avec des terroirs parfois tout aussi bons, où le plaisir est bien réel, élevé par un vigneron, qui, lui, taille ses vignes, vinifie, vend, fidèle à ses consommateurs. Ce sera donc un Guide pour ces derniers, et vous verrez que nos sélections seront particulièrement exceptionnelles !

Nous, on aime les vins et on aime les vignerons. Comme vous. Les vrais, les grands, et ils sont partout en France. 

Patrick DUSSERT-GERBER