J’aime le Champagne. Mon Classement 2008 est un vrai coup de cœur, entièrement actualisé, et vous montre le véritable visage de la Champagne, qui tient compte de la qualité, du prix, de la régularité, de l’accueil et de la passion des hommes. C’est ce qui fait tout son intérêt; récompenser les meilleurs, les plus connus comme les autres, ceux qui respectent les consommateurs. L’image de marque n’est plus suffisante, c’est la régularité qualitative et des prix justifiés (ou pas) qui comptent.
Dans le temps, il n’y avait que les « grandes » marques (certaines ne sont plus qu’un nom sur une étiquette). Aujourd’hui, beaucoup de vignerons vendent en direct des cuvées remarquables, de la plus fine à la plus vineuse, à des prix très abordables, de 15 à 20 euros. C’est l’une des rares régions viticoles qui ne subit aucune crise, cela prouve que les consommateurs sont satisfaits lorsqu’ils ouvrent une bouteille de Champagne. Il y aussi une grande cohésion et une grande solidarité entre les vrais grands seigneurs de la Champagne (souvent, des maisons à caractère familial) et les petits vignerons et chacun se respecte, c’est certainement également l’une des clés pour appréhender la région, même, si, on s’en doute, les exceptions confirment la règle.
C’est encore la région qui a le mieux travaillé depuis 20 ans, les grandes maisons certes, mais ce sont surtout les producteurs qui ont le plus développé la qualité et leur image. Le résultat est probant, la Champagne est la seule appellation mondiale sans concurrence qui est en croissance extrêmement forte, qu’elle va poursuivre. Aucun Cava, ni mousseux, français ou étranger ne peut lutter qualitativement et en terme d’image avec le Champagne. Ici, il y a également une notion de Cru, de terroir, ce qui n’existait pas auparavant, car on parlait plus de l’assemblage, qui demeure bien sûr un paramètre important. Le Champagne a démontré que ce n’est pas uniquement un verre rempli de bulles mais qu’il y a une vraie typicité, une différence entre un Chardonnay planté au Mesnil-sur-Oger et un autre à Bouzy. C’est une force formidable que la Champagne ait compris que l’impact de son sol était à mettre en avant, qu’il ne s’agissait plus uniquement de vendre un vin de fête mais aussi un vin de table.
En quelques années, le Champagne a ainsi franchi les simples barrières du luxe et de la fête pour devenir un vin à part entière. Les très grandes cuvées de prestige (celles que l’on retrouvent dans mon Classement dans la catégorie des Premiers Grands Vins Classés, et dans une bonne partie des Deuxièmes Grands Vins Classés), apportent du plaisir, et méritent d’être appréciées tout au long du repas, sur des plats appropriés, à l’apéritif toujours ou sur les desserts. Bien sûr, la force du terroir est réelle ici et vient s’allier à cet art exceptionnel de l’assemblage que chaque vigneron ou maître de chai va marquer de sa “patte”, créant une bouteille unique, que personne n’a réussi à égaler, partout dans le monde, où l’on ne fait que des mousseux… Qu’elles dégagent des notes de chèvrefeuille, de rose ou d’abricot, qu’elles développent en bouche les nuances d’amande, de brioche ou de fruits mûrs, les cuvées qui comptent, où la convivialité s’associe au talent, doivent quand même être à des prix mérités, car une ancienne notoriété ne suffit plus désormais.
Je me souviens que, beaucoup de professionnels, s’étonnaient, à l’époque, lorsque, dans mes classements, je plaçais en premier, parfois à côté de grandes maisons historiques, des vignerons totalement inconnus qui sont maintenant respectés dans le monde entier. Tout a donc changé ici. En gros, il reste une poignée de maisons familiales et exceptionnelles, d’autres, tout aussi respectables, intégrées dans des groupes (d’autres groupes sont -hélas- dirigés par des directeurs peu intéressants, qui pourraient aussi bien vendre du soda ou de la lessive), des coopératives de premier plan et il y a une véritable explosion qualitative de la propriété.
Comme partout également, on trouve aussi des cuvées bas de gamme, qui changent de nom et d’étiquette selon leurs distributeurs, et des cuvées de concours qui masquent l’ensemble de la production, faute de savoir-faire ou d’approvisionnements adéquats. Certaines négociants sont dans ce cas, de plus en plus de producteurs se réservant leurs meilleures cuves ou raisins pour vendre en direct (on les comprend). Il y a aussi des cuvées bien trop chères, difficilement cautionnables, donc.
Précision : certains vins chers cités n’en sont pas moins de très grands vins. Il faut simplement, le Champagne étant souvent bu plus rapidement qu’un grand cru rouge, décider s’il convient de dépenser des sommes astronomiques pour se faire plaisir. Bien entendu, ces exemples ne sont que des exemples prix au hasard des visites sur les sites marchands, et la liste est loin d’être exhaustive.
Entrons dans le vif du sujet :
Chez Wine and Co (prix relevés comme pour les autres sites ce vendredi 16) :
On trouve donc en mettant 170 € le Bollinger R.D. 1995, 121 € le Laurent-Perrier Cuvée Grand Siècle 95 ou 91 € le Henriot Cuvée des Enchanteleurs 1988, 121 € pour le Deutz Amour de Deutz… en comparaison, l’extraordinaire Dom Perignon 99 est à 115 € (même prix chez 1855). À vous de choisir, moi, tant qu’à mettre ce prix-là, c’est fait pour ce dernier (ou alors pour le Comtes de Champagne 1995 de Taittinger à 106 €, qui ne m’a jamais déçu, associant complexité d’arômes -citron vert, pomme, pain grillé, épices- et distinction en finale, le 98 est dans la lignée).
A leurs côtés, 42 € le Pol Roger brut Vintage 98 semble vraiment un cadeau (et moins pour cette envoûtante Cuvée Rich, tendre et savoureuse) comme le Bruno Paillard Blanc de blancs 1995 à 52 €.
Une démence, le Pommery cuvée Louise rosé 99 à 210 € (j’y crois pas !!!) et 250 € pour le Krug rosé (avec le coffret s’entend, merci…), ce dernier étant certainement l’une des plus belles bouteilles qui soient, je l’avoue.
Chez 75cl : à part Gosset (beau Grand Millésimé 99 à 46,50 €, une marque de grande qualité), Bollinger, Pol Roger et Larmandier, on a droit à des illustres inconnus. Autant dire que le choix est nul.
Chez Vinatis : le choix est aussi bien limité. On retiendra surtout le Veuve Devaux Grande Réserve pour 21 €, qui les vaut largement (voir les cuvées de base, plus bas).
Chez 1855 : on se demande si on rêve avec ce Roederer Cristal 97 à 330,85 €. Qu’est-ce qui justifie ce prix ? Idem pour le Salon « S » 1996 à 195 € (175 € chez Vinatis) et 190 € chez Envie de Champagne – c’est qui, ceux-là ? je ne résiste pas à vous passer leurs commentaires sur ce vin, très objectifs : « Un champagne SALON dont on parlera encore dans 50 ans. Probablement le meilleur millésime depuis 1928 » : carrément, eh ben) !
Dans mon autre Blog Perso 20 sur 20 ?, on pourrait mettre cela dans la rubrique « on en rit ou on en pleure ». Cela me rappelle l’inadmissible « 1 Bollinger, 1 smic »… Un peu de décence ne ferait quand même pas de mal.
Chez Lavinia : on atteint le pompon aussi bien (dans des gammes différentes, s’entend) avec ce Bollinger 2003 à 70 € (c’est pas un peu jeune pour une grande marque, 2003 ?) que pour ce Billecart-Salmon Saint-Hilaire 96 à 280 € (non, non, ce ne sont pas vos yeux, c’est bien le prix, mais on a une réduc de 5%, ouf) ou un Dom Ruinart 1996 à 141 €…
À titre de comparaison, on trouve bien moins cher des cuvées formidables chez Charles Heidsieck (extraordinaire cuvée des Millénaires), Alain Thiénot (splendide Grande Cuvée), Erick de Souza (sa cuvée Caudalies est l’une des plus fines cuvées champenoises), Philipponnat, Ellner, Pierre Peters, Leclerc-Briant, Canard-Duchêne, De Venoge… et celles citées plus bas.
En cuvées de base, là où l’on trouve une multitude de petits propriétaires et d’excellentes coopératives (Devaux, Vincent d’Astrée, De Castelnau, Clérambault ou Marquis de Pommereuil) qui en proposent dès 12 €, les « affaires » sont inexistantes dans les marques « connues » tant on en a qui ne se mouchent pas du coude en proposant facilement le double. Sans s’attarder (regardez vous-même avant d’acheter), on peut citer :
– un Deutz brut Classic à 30,90 € (Wine and Co) et (soldé) à 27,70 € chez Lavinia
– un Laurent-Perrier brut à 30,30 (Wine and Co)
– le (bof) Mumm Cordon Rouge est à 24,50 € (Vinatis)
– un Ruinart rosé à 48,60 € (soldé, avec étui, chouette, chez Lavinia) et le R de Ruinart à 31 € chez Vinatis
– 32,50 € (c’est quand même pas mal, non, pour une « simple » cuvée) pour le Roederer Brut Premier chez 1855
– l’exception confirmant la règle, un excellent Taittinger brut Prestige, certainement l’un des meilleures cuvées de ce type, d’une grande régulatité) à seulement 20,50 € (Vinatis)
À des prix surprenants (de 15 à 20 € environ, et parfois moins), commandez directement vos cuvées à la propriété chez Delaunois, De Lozey, Bonnaire, Chiquet, Chardonnet, Pierre Gimonnet, Drappier, Bara, Coulon, Geoffroy, Charbaut, Lenique, Legras et Haas, Rutat, Bourgeois, Pierre Mignon, Pierre Arnould, Ralle, Laurent-Gabriel, Hamm, Prevoteau-Perrier, Baron Albert, Collard-Picard, Vollereaux, Collard-Chardelle, Maurice Vesselle, Baron Fuenté, Sanchez, Vergnon, Busin… des maisons de propriétaires qui élèvent d’étonnantes et très abordables cuvées de prestige, dont certaines feraient froid dans le dos de quelques maîtres de caves un peu trop imbus de la « notoriété » de leur maison… Pas de raison de s’en priver.
Pour les adresses et les liens directs avec leurs sites, voir la Sélection de MILLESIMES ou celle de mon GUIDE DES VINS
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