* Domaine de Chevalier : le grand art d’Olivier Bernard

Olivier Bernard (sur la photo, avec Anne, son épouse) est mon ami depuis qu’il a repris Chevalier, un Domaine que j’appréciais déjà depuis un bon bout de temps. Il s’est passionné pour ce terroir, regardant, réfléchissant et agissant. Aujourd’hui, il peut être vraiment fier de cette belle entité, où -ce n’est pas si courant- le rouge est aussi grand que le blanc ! En attendant les 2010 et 2009, splendides, la trilogie 2008, 2007 et 2006 est exceptionnelle.

“Dans notre métier, me dit-il, les choses sont inscrites dans le temps. Les derniers millésimes sont les vins les plus accomplis produits sur ce terroir. Il faut remonter aux années 1950 et 1960 pour voir des vins de cette structure. Cela correspond à une adéquation parfaite entre le végétal et un équipement matériel dont nous disposons et qu’il est rare de rencontrer dans d’autres propriétés. Nous avons un respect total de la vendange, nous pratiquons des vinifications traditionnelles mais notre atout principal à Chevalier est d’effectuer de nombreux pigeages manuels et de pratiquer l’élevage sur lies avec un œnologue de qualité, Stéphane Derenoncourt. Cet élevage sur lies est plus délicat à mener mais il apporte tellement au vin… surtout ce côté soyeux, velouté, délicieux.

Domaine de Chevalier blanc 2008 : très belle définition du Sauvignon, on est sur une belle fraîcheur élégante, soutenue par une grande puissance, les vins sont très minéraux, très droits, très typés,  encore un peu “fermés”. On est séduit par des notes très fraîches de pamplemousse rose, de citron, de zeste d’orange, de pêche blanche. Le 2007 est exceptionnel, l’attaque est puissante, le Sauvignon (85%) explose en bouche,  le vin est très volumineux, complexe, structuré par beaucoup de matière, très suave en milieu de bouche puis il “remonte” au palais, soutenu par une bonne fraîcheur, avec une finale très puissante et persistante. Le blanc 2006 est un grand millésime et cela est dû à un mois d’août relativement frais, pour les blancs c’est un atout. Les vins sont surpuissants, opulents, avec beaucoup de chair, de gras, mais dans un même temps, d’une très grande fraîcheur. Le blanc 2005 développe un nez puissant d’agrumes mûrs, une bouche intense et suave, un vin de garde.

Domaine de Chevalier rouge 2008 est plus “masculin”, il me fait penser au 2006. Les tanins sont assez fermes, c’est un vin très droit, très élégant, aux notes de fruits rouges et noirs (groseille, mûre), de fumé,  avec une pointe balsamique typique du terroir de Chevalier. Le rouge 2007 séduit par son charme, sa rondeur,  son équilibre, c’est un vin plaisir, dans le style des 2000, un vin très “féminin”, au fruité bien présent, souligné par un léger boisé bien fondu. Le rouge 2006 est un millésime très élégant, très soyeux, d’une diversité et complexité tout à fait étonnantes. Le nez est fabuleux, un festival d’arômes, fruits rouges, framboise écrasée, le terroir s’exprime aussi avec cette pointe balsamique très réussie, une belle longueur en finale. Le rouge 2005 est un vin rare, presque comme un rêve ! De couleur rouge-noir satiné, le nez est exubérant de fruits, réglisse et de senteurs balsamiques. En bouche, on est séduit par le velouté du Merlot, l’allure aristocratique du Cabernet-Sauvignon s’impose, l’intensité du Petit Verdot dynamise, le Cabernet franc lustre l’ensemble… Finale interminable. Seuls les grands terroirs permettent à la vigne de puiser la quintessence nécessaire à l’expression minérale, noble et authentique d’un grand vin.”