Nous commençons la maquette et la rédaction du prochain annuel MILLESIMES 2016, qui paraît en Avril : un numéro particulièrement exceptionnel, tant les sélections sont superbes.
En parallèle, les dégustations pour mon prochain GUIDE (c’est le 37e chez ALBIN MICHEL, un cas unique dans l’édition française !!!!!) vont commencer en Février.
Pour patienter, voici ce qu’il faut retenir, région par région, de l’année 2015.
Nous avons fait depuis Octobre de grandes réunions/dégustations sur place en Languedoc (à Peyregrandes), en Provence (à Rasque), dans le Rhône (à Mont-Redon), à Saint-Emilion (à Balestard La Tonnelle), en Médoc (à Lamarque), etc, ce qui nous a permis de revoir et de rencontrer quelque… 250 vignerons passionnés.
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Tout ici concorde à une grande convivialité du vin, où chaque vigneron s’emploie à faire ressortir la typicité de son Riesling ici, de son Gewurztraminer là… On élève alors des vins sans concurrence, dans une large gamme où se cotoient des Vendanges Tardives rares, un vin suave, un autre sec, un rouge savoureux ou un Crémant tout en fraîcheur. On comprend alors que la force des terroirs et la main de l’homme sont en osmose. Les millésimes 2014 à 2007 méritent actuellement une commande.
Cette belle région vallonnée regorge de crus dont la qualité s’associe à des prix très sages. Les vins sont toujours aussi bons (le 2013 aussi), à Fleurie comme à Morgon, en Chénas comme en Brouilly. Les hommes et les femmes de la région font des vins à leur image, francs, authentiques et gais, qui possèdent une typicité bien réelle, qu’hélas, certains, se plaisent bêtement à critiquer.
Très belle dégustation qui a réunit des vignerons talentueux de la région à Lamarque.
Du plus grand des grands vins au plus modeste, ici, les propriétaires maintiennent une identité forte : intrinsèquement, un Margaux n’a rien à voir avec un Pauillac (ni même avec un autre Margaux, tant les sols sont différents dans l’appellation), un Moulis doit refléter l’élégance quand c’est la structure qui signe un Saint-Estèphe… Les terroirs font les vins ! Pas besoin de tricher avec des manipulations œnologiques ou des élevages qui abrutissent les vins. Nul besoin non plus de prix extravagants, puisque l’on se fait plaisir dans une gamme cohérente et accessible.
Toutes appellations du Médoc confondues, les valeurs sûres sont toujours La Galiane, Fourcas-Dupré, Lamarque, Maucaillou, Fonbadet, Fontesteau, les crus de la famille Lapalu, Hourbanon, Rour-du-Roc, Souley Sainte-Croix, Esteau, Lestage-Darquier, Saint Ahon, Hourtin-Ducasse, Panigon, Desmirail, David, Plantier Rose, Tour du Roc, Doyac, Le Meynieu, Coudot, Loirac, Hennebelle, Cartujac, Saint-Hilaire, Pomys, Souley-Sainte-Croix, Brousteras, La Peyre, Bourdieu, Chalet de Germignan, Bois Carré, Les Moines, Coudot, Croix du Trale, Graves de Loirac, Pontac-Gadet…, chacun garant d’un bien beau rapport qualité-prix-typicité et d’une spécificité propre, ce qui n’est pas si courant quand on goûte aussi dans la région du Médoc des vins qui se ressemblent tous, sans « âme ni vertu” ou barriqués à outrance.
Les vins les plus chaleureux de la région bordelaise, où les senteurs de truffe se mêlent à la mûre, à la cannelle, à la cerise ou à la réglisse, la chair s’associant à une texture dense, ample, naturellement veloutée, le tout donnant des vins que les propriétaires élèvent à leur image chaleureuse.
Lalande-de-Pomerol est très bien représenté avec Bourseau, Roquebrune, Moines, Viaud, Belles-Graves, Voselle et Béchereau.
Très belle dégustation qui a réunit des vignerons talentueux de la région (de Saint-Emilion, mais aissi de Saint-Georges, Lussac, Puisseguin, Pomerol et Lalande) à Balestard-la-Tonnelle
On est ici dans la région où se mêlent de vrais terroirs, souvent en coteaux, et d’autres coins où le maïs pourrait y cotoyer la vigne. On a donc accès, soit, à de vrais vins racés, du plus grand au plus abordable, marqués par des sols historiques, et à des vins où les sols ont peu de réelle influence, beaucoup plus “signés” par des vinifications trop sophistiquées qui donnent des vins très concentrés au détriment de la finesse.
Trotte Vieille est de plus en plus meilleur, les crus de Capdemourlin, Piganeau, Cantenac, Mauvinon, Rivière, également, ce qui explique leur place dans le Classement (pensez toujours au rapport qualité-prix-plaisir), et je ne suis toujours pas preneur de crus trop chers, sirupeux, que je n’ai pas besoin de vous citer et qui ne sont pas dans mon Guide.
Belles verticales à La Marzelle, Cadet-Bon et Fonroque, les trois confirmant une très haute tenue qualitative.
Dans la lignée, Clos des Prince, Clos Labarde, Orisse du Casse, Gros Caillou, Franc Lartigue, Guillemin La Gaffelière, Rose-Pourret, Tour-du-Pin-Figeac, Vieux-Pourret, Darius, Clos de Sarpe, Pasquette, Croix Meunier, Gros Caillou, Grace-Fonrazade…
Mazeris et Roumagnac sortent du lot à Fronsac.
En Satellites, la famille Delbeck est au sommet Haut Saint Clair, Vieux Château des Rochers, Grenière, Chêne Vieux, Vaisinerie, Chêne Vieux, Fleurs Grandes Landes, Piron.
En Pessac-Léognan comme en Graves, après une série de millésimes exceptionnels, du 2010 au 2002, il y a d’incontestables vins de très haut niveau, dans une gamme de prix large, mais il y a également des vins décevants, bons certes, mais “dépersonnalisés”. Il est indispensable de s’attacher à la réelle typicité des terroirs et de soutenir les hommes qui restent fidèles à ces sols très spécifiques.
En Graves, quatre crus sortent du lot : Chantegrive, Grand Bos, Rose Sarron et Mauves.
Dans la lignée, des domaines confirment leur beau niveau qualitatif, même après une série de millésimes délicats (2011, 2012) ou très difficile comme le 2013 : Arricaud, Vimont, Brondelle, Le Tuquet, Haut-Calens, Blancherie, Rougemont, Bichon-Cassignols, Clos Bellevue, Gravières.
Selon les expositions, les sols, la complémentarité des cépages (Merlot souvent prépondérant), on peut passer du très beau au très simple. Les propriétaires talentueux se démarquent donc aisément des autres, sans avoir besoin de manipulations œnologiques, et c’est ainsi depuis des décennies.
BORDEAUX SUPERIEURS ET BORDEAUX
Comme dans les Côtes, il y a de tout, et l’appellation est tellement grande qu’il s’agit de savoir frapper à la bonne porte. On accède alors à des vins typés par des sols très différents (on ne fait pas les mêmes vins à Monségur ou à Frontenac, à Génissac ou à Pondaurat…) et l’on aurait donc tort de croire que les terroirs ne jouent pas leur rôle.
Ici, l’équilibre géologique et climatique de la région en fait un milieu naturel idéal pour cette fascinante biologie qu’est le botrytis cinerea. Ces vins rares, du plus liquoreux au plus fin, dont les prix sont largement justifiés quand on connaît les efforts des propriétaires, méritent alors d’être appréciés tout au long du repas, tant le charme opère.
La démarche d’Olivier Bernard (Chevalier), avec son Clos des Lunes, est un vrai succès et pose une question de bon sens : n’est-ce pas plus intelligent de faire un bon vin blanc sec issu de ce Sémillon plutôt que de se contenter de ces Sauternes sucrés de moyenne gamme, que l’on trouve encore, sans séduction, qui n’ont pas vraiment de débouchés ?
C’est “la ” région où le terroir est vraiment omniprésent. Qui ne s’est jamais promené sur la route des crus, comprenant la force des sols de mi-pente, notamment, ne peut pas comprendre ce qu’est un terroir digne de ce nom. Et, si, sur toute la planète, on est bien content de marquer sur son étiquette des noms de cépages pour vendre un produit quelconque, sans typicité réelle, ici, c’est tout le contraire : même si le cépage est le même, un Pommard n’a rien à voir avec un Vosne-Romanée, un Puligny-Montrachet avec un Meursault. Mieux : entre deux vins d’une même appellation, selon l’exposition et le vigneron, Grand Cru ou Premier Cru, la différence est totale. Bref, vous êtes dans le pays où le terroir s’exprime le plus, le plus simplement du monde comme le sont ces vignerons exemplaires, attachés à une éthique qui nous est chère.
En rouges, pour lesquels certains dégustateurs idiots n’ont pas encore compris que la couleur ou la concentration n’ont rien à voir avec un réel potentiel de garde (j’ai des bouteilles des années 1970 dans ma cave, superbes), on ne peut qu’exciter ses papilles avec des crus aussi racés mais divers que ceux de Gelin, Monts Luisants, Gerbet, Cacheux, Philippe Leclerc, Chevillon, Esmonin, Rebourseau, Fougeray de Beauclair, Prieur-Brunet, Bertaut-Gerbet, Jaffelin, Bertheau, Ampeau, Diconne, Virely-Rougeot, Michel Prunier, Pierre Bourée, Amiot, Seguin-Manuel, Poulette, Cacheux, Vincent Bachelet, Gros, Clos Bellefond.
On est dans la Bourgogne “pure”, celle des hommes et des femmes passionnés, peu sensibles aux modes, bref, tout ce que l’on aime.
Dans le Mâconnais, cinq vignerons sortent vraiment du lot : Paquet, Auvigue, Denuziller, Perelles, Luquet.
Le Classement est particulièrement remanié cette année. La force du terroir est bien réelle ici et vient s’allier à cet art exceptionnel de l’assemblage que chaque vigneron ou maître de chai va marquer de sa “patte”, créant une bouteille unique, que personne n’a réussi à égaler, partout dans le monde, où l’on n’est jamais parvenu à inquiéter la “marque” Champagne…
Certes, les références ont évolué, des grandes maisons sont toujours au sommet mais un nombre de vignerons ou de “petites” maisons familiales les rejoignent, et c’est bien naturel. Qu’elles dégagent des notes de chèvrefeuille, de rose ou d’abricot, développent des nuances de noisette, de brioche ou de fruits mûrs, les cuvées deviennent plus passionnantes les unes que les autres, à des prix fort sages quand on les compare aux aberrations d’autres vins.
D’autres maisons familiales sont de premier ordre : Ellner, Lombard, Philipponnat, Legras, Bara, Arnould et Thiénot; et des vignerons exemplaires comme Erick de Sousa, qui, en une vingtaine d’années, a fait de son nom une référence. Toujours une seule cave coopérative, Devaux, avec des cuvées franchement exemplaires.
La hiérarchie des Deuxièmes Grands Vins Classés est à prendre à la lettre : les Premiers des Seconds sont nettement supérieurs aux Cinquièmes des Seconds. Pour s’en assurer, c’est ICI
Des propriétaires élevent des vins les uns plus séduisants que les autres, garants d’une typicité et d’une grande régularité qualitative exemplaires, associés à des prix doux : Edouard Brun, Michel Arnould, Jean-Marie Pelletier, Boizel, De Lozey, Ralle, Drappier, Pierre Mignon, Charpentier, Laurent-Gabriel, Maurice Vesselle, Michel Turgy, Bourdaire-Gallois, Pierre Gobillard, Fleury-Gille, Lancelot-Royer, Simart-Moreau, Charles Mignon, Oudart, Lequart, Perseval-Farge, Hamm, Vautrain-Paulet…), un bon nombre exploitant des terroirs situés en Grands (et Premiers) Crus, ceci expliquant bien sûr cela, et prouvant que, ici comme ailleurs, la force du terroir est primordiale, même si l’art de l’assemblage, les stocks et l’élevage feront la différence.
On poursuit nos grands coups de cœur avec : Bardy-Chauffert, Margaine, Médot, Baron-Fuenté, Gatinois, Huot, Brixon-Coquillard, Fleury-Gille, Guy Cadel, Nathalie Falmet, Rollin, Royer, Labbé, Aspasie, Morize, Gatinois, Michel Arnoud, Coutier, Thévenet-Delouvin, Verrier, Baron Albert, Jacques Defrance, Jeaunaux-Robin, Bourgeois-Boulonnais, Maletrez, De Milly, Moussy, Verrier, Renaudin... Des maisons et vignerons qui bénéficient également de rapport qualité-prix-typicité exceptionnels, et peuvent aussi prétendre aux plus hautes places.
On continue avec : Sadi-Malot, Bertemes, Baillette-Prudhomme, Bourmault, Colin, Tissier, Leclerc-Briant, Charbaut, Olivier et Laeticia Marteaux, Faucheron, Genet, Hervé Leclère, Christian Briard, Henin-Delouvin, Gaston Collard, Jean-Bernard Bourgeois, Moussé-Galuteau, Lejeune-Dirvang…
Quatre caves sont au top : Collet, De Castelnau, Beaumont des Crayères et Vincent d’Astrée, et sont à même de sortir des cuvées qui atteignent les sommets.
À la suite, une bonne cinquantaine de maisons et vignerons, chacune avec sa spécificité, chacune pouvant mériter mieux… C’est ce qui fait tout l’intérêt de ce Classement, récompenser les plus connus comme les autres, en étant réactualisé en permanence.
Très belle dégustation qui a réunit des vignerons talentueux de la région à Peyregrandes.
On aime ces producteurs passionnés qui élèvent des vins racés, historiquement marqués par des cépages spécifiques… le tout donnant de vrais beaux vins typés, qui parviennent à un niveau qualitatif réel, en blancs comme en rouges, et c’est tout ce qui compte.
Ceux qui le suivent sont nombreux, dans des styles différents, du plus dense au plus séducteur. Fabas, Mas du Novi, Saint-Martin des Champs, Martinolle-Gasparets, Peyregrandes, Barroubio, Mire-L’Etang, Pépusque, Grand Moulin, Etang des Colombes, Familongue, Guizard, Casa Blanca, Bertrand-Bergé, Grand Caumont, Mas Rous, Cascades, Terres de Mallyce, Herbe Sainte, Clarmon, Croix Chaptal, Costeplane, Roudène, Vieille, Spencer La Pujade… sont les ténors de leur appellation, la plupart, d’aileurs, depuis de nombreuses années.
Très belle dégustation qui a réunit des vignerons talentueux de la région à Rasque.
Les meilleurs sont vraiment loin devant les autres, et sont ceux de ces propriétaires qui laissent s’exprimer au mieux les grands cépages de la région (Grenache, Mourvèdre, Cinsault, Rolle, Ugni blanc…), dans ces terroirs complexes, argilo-calcaires, caillouteux, graveleux ou sableux. La région est devenue incontestablement le vivier des grands rosés de France (il y en a encore qu’il vaut mieux éviter…), à force de volonté comme de progrès technologiques.
Ceux de Maïme, Valcolombe, Pourcieux suivent, avec Montaud, Berne, Terre de Mistral, Pourcieux, Dragon, Font du Broc. La majorité de ces crus élèvent aussi des rouges et blancs savoureux.
Sur place, deux dégustations bien décevantes à Peyrassol et Vignelaure (qui n’est vraiment plus ce qu’il a été à l’époque de Georges Brunet).
S’il est vrai que l’on a plus tendance à déguster ces vins sur place, en Savoie, la diversité des terrains (mélange de blocs rocheux marno-calcaires émanant du Granier avec les sols en place) laisse s’exprimer au mieux les cépages propres à la région : la Jacquère, l’Altesse ou la Mondeuse, qui apportent une spécificité rare et réelle à ces vins, digestes, tout en fraîcheur, qui s’associent remarquablement à la cuisine régionale, comme ceux, non loin, du Jura viticole.
Il est indéniable que, lorsque l’on est un vigneron qui sait mettre en avant son terroir et la puissance de ses grands cépages historiques régionaux et que l’on a la volonté de conserver son authenticité, on élève alors, de Buzet à Jurançon, de Gaillac à Cahors, de Bergerac à Madiran… des vins typés qui entrent dans la “cour des grands”.
La Cave de Buzet est la meilleure de toute la région, avec une gamme importante qui sait décliner toutes les facettes de l’appellation.
La région est garante d’une typicité hors normes, grâce à ses grands cépages spécifiques (Chenin, Sauvignon, Cabernet franc…) qui s’expriment pleinement dans ces terroirs de silex, de tuffeau, de craie marneuse, de marnes kimméridgiennes…, sont parfaitement “chouchoutés” par ces vignerons passionnés et passionnants, qui s’attachent à conserver une authenticité rare. Du rouge le plus gouleyant à celui qui demande de la patience, des blancs secs aux moelleux, des demi-secs aux rosés ou aux Crémants… la palette est grande.
Très belle dégustation qui a réunit des vignerons talentueux de la région à Mont-Redon.
On ne peut que s’enthousiasmer pour ces grands vins charnus et typés (Châteauneuf-du-Pape, Côte-Rôtie…) qui se partagent ces territoires exceptionnels avec d’autres appellations savoureuses (Visan, Beaumes-de-Venise, Vacqueyras…) bénéficiant d’un remarquable rapport qualité-prix-typicité, chaque appellation ayant sa propre hiérarchie..