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Aujourd’hui, ce sont les vignerons les plus talentueux qui sont à l’honneur avec des cuvées formidables, racées, salines, marquées par des sols spécifiques. Et font évidemment de l’ombre à pas mal de maisons “historiques”. C’est le cours de l’histoire, voilà tout. Car ils nous apportent ce que l’on recherche dans tous les vins : une vraie typicité, un vin qui évolue selon les millésimes, et non plus une cuvée dont la qualité répétitive est quand même de plus en plus ennuyeuse. Il y a de grands vins de Champagne de 30 à 60 €, et des cuvées fantastiques de vignerons un peu plus chères, certes, mais à un prix mérité.
On retrouve, comme en Alsace et Bourgogne, cette notion de Cru en Champagne. Les Grands et Premiers Crus correspondent bien à une classification territoriale, que ce soit dans la Côte des Blancs, la Montagne de Reims ou la Vallée de la Marne. Les Grands Crus reposent, en général à mi-coteau, sur une mince couche d’éboulis provenant des pentes tertiaires, où affleure la craie du crétacé supérieur avec ses fossiles caractéristiques. Cette assise est recouverte par une couche de terre meuble et fertile, d’une épaisseur variant entre 20 et 50 cm. La craie en sous-sol assure un drainage parfait permettant l’infiltration des eaux en excès, tout en conservant au sol une humidité suffisante. De plus, elle a la faculté d’emmagasiner et de restituer la chaleur solaire, jouant ainsi un rôle régulateur extrêmement bénéfique à la maturité, complémentaire de l’action stabilisatrice des bois et forêts.
Pourtant, pendant bien longtemps, personne ne parlait vraiment des terroirs mais uniquement des assemblages. C’est aujourd’hui la région qui nous prouve la force de ces sols et ou la notion de “terroir” prend tout son sens grâce à une volonté qualitative exemplaire que l’on trouve dans toute la région champenoise.
On ne fait donc pas le même vin à Avize ou aux Riceys, chacun ayant une spécificité propre, c’est tant mieux et passionnant. Dans chacune de ces régions, comment ne pas faire accéder à la tête du Classement un grand nombre de vignerons et maisons familiales qui offrent une typicité réelle, mettent en avant l’originalité des sols, faisant ressortir ici le Pinot meunier, là un territoire spécifique de Grand ou Premier Cru, la Biodynamie, le respect de la Nature, le traitement des sols à la charrue, tout cela exacerbe ce que l’on attend d’un vrai grand vin : son originalité. C’est le résultat d’une persévérance hors-normes de la part de ces vignerons.
Ici, ce sera les territoires de Grands Crus magnifiques, là des Premiers Crus, des millésimés ou des cuvées typées, à des prix très abordables (17 à 30 €, 40 à 60 € pour les cuvées spéciales), c’est-dire aux mêmes tarifs que les cuvées de base ou de “grandes cavaleries” de certaines grandes maisons ou caves coopératives, “sans âme, ni vertu”, sans intérêt gustatif ni la moindre valeur ajoutée.
En effet, à quoi bon des cuvées identiques, année après année, issues d’innombrables assemblages : le Champagne est un vin et il se dévoile d’autant mieux quand il change selon les millésimes, les cépages et les sols et… bien rares sont les grandes maisons historiques qui peuvent se targuer, grâce, principalement, à leurs propres vignobles, d’offrir un tel panel. Vous verrez que l’on peut les compter sur les doigts dans le Classement (Roederer, Gosset, Pol Roger…).
Un Champagne de vigneron, c’est aussi le Champagne d’un homme (ou d’une femme), qui ne compte pas ses heures, prend sa voiture pour livrer, partage sa passion avec ses clients… bref, tout ce qu’un représentant ne risque pas de vous apporter.
Pour les prix, que dire ? Est-ce qu’une bouteille vaut 300 € ? la réponse est non, sauf pour les buveurs d’étiquettes. Le plus bel exemple, mené par un vigneron que nous avons suivi depuis plus de 25 ans, est l’extraordinaire pureté et minéralité de la Cuvée des Caudalies d’Erick de Sousa autour des 60 € et 180 € pour l’envoûtant millésime 2008, qui a tout : l’origine du Grand Cru (Avize), le meilleur du Chardonnay, le meilleur du millésime champenois (avec le 2004), les vieilles vignes, un élevage soigné… !
Et il y en a d’autres, vignerons et petites maisons, qui élèvent des cuvées d’exception, racées, authentiques, avec une forte personnalité entre 40 et 100 €, vous allez les retrouver à une très jolie place du Classement.
En face, les cuvées ultra connues des grandes maisons sont à 250 €, 300 €, 350 €…, superbes, certes, mais… ne vaut-il pas mieux comprendre la Champagne en débouchant un Grand Cru spécifique ou un assemblage/élevage hors normes qui vont exciter nos papilles ? Là on aurait la salinité du Pinot meunier, là la minéralité des grands blancs du Chardonnay, là l’ampleur du Pinot noir…
C’est cela un grand vin, et vous allez voir qu’il y en a vraiment dans la région !