Dans le Médoc, le Classement évolue aussi totalement et présente désormais les vins par appellations. Comment ne pas s’enthousiasmer pour des vins de Margaux ou Saint-Estèphe que l’on savoure entre 30 et 40 €, quand on tombe dans les même appellations sur des bouteilles à 60, 80 ou 200 €…
Un exemple pour comprendre notre Classement, à millésime comparable : en Saint-Estèphe, Haut-Marbuzet 2016 vaut moins de 50 €, au même prix que le second vin de Montrose (la Dame de Montrose), quand Montrose 2016 est affiché, lui, à 250 €.
Comprenons-nous bien : Montrose est un très grand vin mais vaut-il 5 fois plus que le cru d’Henri Duboscq, régulièrement savoureux et pour lequel nous connaissons une régularité qualitative sur plusieurs décennies ? C’est la raison pour laquelle Haut-Marbuzet est avant Montrose en ce qui concerne le rapport qualité-prix-typicité. On comprend aussi la place de Cos-Labory, même prix (toujours pour le 2016) que Haut-Marbuzet, ce qui en fait également un bien grand vin à prix doux. C’est simple, non ?
Dans la lignée, des vins comme Côme (25 € seulement pour le 2015), La Bridane, La Galiane, Mayne-Lalande, Plantier Rose et une belle sélection en Haut-Médoc et Médoc, très abordables.
Comment expliquer également que Grand-Puy-Lacoste, l’un des Pauillac les plus racés qui soient, s’achète seulement entre 80 à 90 e, là ou tant d’autres crus du coin, se permettent de s’afficher au même prix (quelques-uns à Saint-Julien ou à Pauillac peuvent faire sourire). Lascombes est également un très grand vin, classique et typé, comme Batailley, et les deux méritent leur prix.
Car la mode Parker (il ne reste que sa marque, gare à ne pas vous faire avoir en croyant que ce sont ses propres sélections), c’est fini ! Comme les renommées d’antan.
On ne veut plus de certains crus “lissés” par des vinifications sophistiquées, des matraquages en barriques neuves (ou en copeaux de bois). On se demande toujours pendant combien de temps des ”crus classés” officiels (Classement de 1855, totalement obsolète quand on sait que les territoires, les hommes et les techniques ont évolué depuis plus de 150 ans) peuvent se présenter à des tarifs prohibitifs. Hélas, on trouve toujours des consommateurs, souvent peu informés, se contenter de boire une étiquette, comme en Champagne.
Les terroirs signent donc les vins : graves garonnaises à Saint-Julien, quartz et cailloux roulés à Saint-Estèphe, croupes de graves maigres à Pauillac, graviers et cailloux à Margaux, formation caillouteuse mêlée de sable et d’argile en Médoc… Il manque aussi des figures légendaires dans la région, qui n’ont pas été remplacées. Le Médoc, que cela plaise ou non, à une image dégradée en France de certains grands crus, tant les consommateurs ne s’expliquent pas leur prix et ont tendance à rechercher dans d’autres régions des vins avec plus de personnalité.
Latour est évidemment classé Hors-Classe, étant toujours l’un des plus grands vins du monde, et se payant même le luxe que son second vin, Les Forts de Latour, soit régulièrement meilleurs que beaucoup de crus “classés”.