– Petrus, le grand art de Jean-François Moueix

Mon ami Jean-François (je garde quelques beaux souvenirs de nos déjeuners au Bistrot d’Amat, il y a bien longtemps…), s’il est aujourd’hui à la retraite (active, l’écriture et l’art contemporain sont prenants…), a laissé la direction de son groupe à son fils, Jean, celui-ci étant garant de la même éthique -humaine- qui m’est chère.

Je le connais depuis 32 ans, et l’on s’est vu chaque année, avec une régularité exemplaire. Et, durant ce temps, cultivant l’humour, la fidélité et la discrétion comme d’autres le snobisme et l’esbroufe, il a construit un empire : aujourd’hui, le Groupe Duclot repose sur une large gamme de services : auprès des professionnels, à l’export, d’une part, et dans la restauration française, d’autre part, à travers la Société Vinicole Française basée à Paris ; et auprès des particuliers avec Chateaunet, la vente par correspondance, les magasins spécialisés tels que Badie, Badie Champagne et l’Intendant à Bordeaux, ainsi que les enseignes de Châteaux Cash and Carry à Paris, et celle de Chai et Bar à Bruxelles.

A Paris, au sein même des Galeries Lafayette, la toute nouvelle Bordeauxthèque se présente comme l’ambassade des plus grandes étiquettes du Bordelais. Son frère, Christian, collectionne quant à lui les plus grands crus du Libournais et dirige la puissante maison Jean-Pierre Moueix, ce qui n’est pas rien.

Mais Jean-François est aussi le propriétaire de Petrus, qui fait partie des (rares) vins mythiques, à un prix lui aussi hors normes, certes. C’est l’archétype des grands crus où le terroir crée cette osmose exceptionnelle avec le cépage et les hommes et on comprend qu’il ne puisse qu’aiguiser la jalousie d’un bon nombre de producteurs médiatiques, libournais, médocains ou étrangers, qui ne peuvent, eux, faute de terroir et d’humilité, que se contenter de faire mariner à outrance leur vin dans des barriques en croyant qu’ils font une cuvée digne de ce nom… À Petrus, l’originalité est particulièrement importante puisque l’on sort des sentiers battus bordelais. Ici, ce qui prime, c’est la rencontre de deux argiles, une argile ancienne, bleue, arrivée dans la seconde moitié de l’ère tertiaire. Au quaternaire, il y a eu des recouvrements graveleux, mais, à Petrus, ce sont des argiles noires gonflantes qui donnent la spécificité… Petrus (11,5 ha) est situé sur un plateau et plus précisément sur un mamelon argileux qui culmine à 42 m d’altitude, ce qui permet aux eaux de ruissellement de surface de ne pas stagner et d’aller vers le bas. Ainsi, il n’y a jamais d’excès d’eau mais l’une des vertus de l’argile est ce pouvoir de rétension d’eau, elle se comporte comme une belle éponge, et restitue l’eau lentement à la plante en période de sécheresse. Petrus, c’est aussi l’expression d’un cépage, le Merlot, qui s’épanouit pleinement sur ces argiles. La culture de la vigne est très traditionnelle : on laboure 2 fois par an, on chausse et déchausse. Les rendements varient de 25 à 39 hl/ha mais la moyenne se situe plutôt vers 35 hl/ha. Les vendanges sont manuelles, effectuées en cagettes avec un tri sévère effectué sur 2 tables de tri. On privilégie des extractions très mesurées, les cuvaisons ne sont pas très longues, l’élevage durant 18 à 20 mois en fûts de chêne avec une proportion de bois neuf qui varie selon les millésimes (un peu plus de 50%). Le vignoble est protégé en lutte raisonnée. La force du terroir se retrouve aussi dans le potentiel d’évolution. Celui de Petrus est très important : fabuleux 1953, 1955, 1959, 1961 ou de l’exceptionnel 1947…

PETRUS

(POMEROL)
Jean-François Moueix
Duclot – Rue Macau
33027 Bordeaux
Téléphone : 05 56 50 25 62
Télécopie : 05 56 50 85 07
Email : duclot@duclot.fr

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