Les terroirs de Corse
À l’ouest, c’est la Corse hercynienne. De la longue dorsale partent des crêtes abruptes tombant à pic sur la mer. C’est une Corse cloisonnée, constituée de vallées nombreuses et étroites où les torrents sont tour à tour tumultueux en hiver et au printemps et réduits à un filet d’eau en été. C’est aussi une côte fantastique qui déroule ses caps, ses golfes larges et profonds, ses promontoires et ses plages le long d’une mer d’une pureté incomparable.
À l’est dominent les plissements de type alpin qui créent tout un complexe de collines, de buttes anarchiques et une grande variété de coteaux. La côte alluvionnaire et étroite est la seule plaine de Corse mais elle reste réduite par ses surfaces. Ce n’est ni la Sardaigne ni même Majorque. De vastes étangs salés élargissent leurs eaux poissonneuses (Diana, Biguglia, Urbino). Les données géologiques confirment généralement ces distinctions géographiques.
Il y a une Corse cristalline, à l’ouest (qui rappelle les sols du haut Beaujolais), avec ses granits divers (porphyroïdes de Calvi à Ajaccio, à biotite autour de Calvi et granulisants dans le Sartenais).
– Avec ses granulites à deux micas et ses granulites sodiques.
– Avec ses diorites près d’Ajaccio et de Figari.
– Avec ses schistes cristallins à Ajaccio et au sud-est de Porto-Vecchio.
Il y a une Corse schisteuse, à l’est, avec les schistes et des ophiolites vertes plus ou moins serpentinisées.
Il y a une Corse sédimentaire : dans la zone qui joint la Balagne à Corte.
Il y a enfin la Corse calcaire : de Bonifacio, mais aussi de Patrimonio.
Le climat de la Corse
Le climat par contre est un facteur d’unité et favorise la vigne. Il s’agit d’un climat méditerranéen maritime et tempéré, aux températures douces, aux précipitations relativement abondantes, à l’ensoleillement remarquable. À la qualité exceptionnelle de la lumière, il faut ajouter une insolation annuelle qui est au moins de 2 450 heures et qui peut dépasser 2 760 heures. Il n’est donc pas surprenant que, grâce à des conditions climatiques si favorables qui intéressent 62% de l’île et pénètrent profondément jusqu’au cœur des vallées, la vigne ait escaladé les pentes et qu’on l’ait cultivée jusqu’à 400 à 500 m d’altitude. La géographie insulaire a compartimenté le pays en vallées, favorisé l’isolement des cultures et des économies, émietté en somme les terroirs, particularisé les modes de transformation et créé une essentielle diversité.
Les raisins de Corse
Cépages locaux : leur implantation permet de distinguer les régions de culture traditionnelle (10 à 12% de l’encépagement) des vignobles récents qui ne représentent que 8% de l’encépagement total.
– Le Nielluccio (rouge), inséparable de Patrimonio, donne des vins bouquetés, charpentés et de bonne garde.
– Le Sciacarello (rouge), cultivé surtout à Sartène, à Ajaccio, en Balagne et dans les régions de Figari ou de Porto-Vecchio. Son vin est léger et distingué.
– Le Vermentino (blanc) qui atteint à surmaturité une grande richesse en sucre. Il faut le vendanger rapidement pour éviter sa tendance à madériser.
Cépages améliorateurs : la Syrah et le Cabernet (1 à 2 %).
Cépages provençaux : le Grenache, le Cinsault, l’Alicante, le Carignan représentent 60 à 75% de l’encépagement dans le vignoble récent.
Autres cépages : la Malvoisie (pour les Muscats), l’Ugni blanc, le Genovese, le Barbarossa, le Riminese (un peu sur le cap Corse).
Domaine A RONCA(CORSE) Créé en 2006 par la sympathique Marina Acquaviva, le Domaine A Ronca (A Ronca est un cours d’eau qui traverse le vignoble) est contigu au Domaine de la Figarella créé en 1961, par François Acquaviva et repris par Achille, respectivement le grand-père et le père de Marina. L’encépagement est typiquement insulaire (Vermentino et Sciaccarello), et le vignoble est planté tout en coteaux sur un sol essentiellement composé d’arènes granitiques. Les vins sont en Bio.
Le Domaine A Ronca a manqué d’eau à partir d’Avril 2017, puis a connu une intense température, nous raconte Marina Acquaviva. Il en résulte une quantité moindre (- 40%), mais les vendanges étaient très saines et, selon elle, le millésime2017 avoisinerait celui de 2003 en qualité. Remarquable Vin de Corse Clos Acquaviva rouge cuvée Alexandre 2015, présenté dans une très belle bouteille, élevé 6 mois en fûts, associe une finessetannique à une rondeur persistante, avec ces notes de fraise des bois surmûrie, de réglisse, un beau vin dense et velouté, de belle évolution. Le ClosAcquiviva blanc cuvée Marie 2015, élevé 5 mois en fûts, où s’entremêlent des notes d’amande, de coing et de bruyère, de bouche harmonieuse, est suave au palais. |
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Domaine MAESTRACCI(CORSE) Au sommet. Camille-Anaïs, jeune femme passionnée, envisage la culture en biodynamie, et vient de faire construire un chaide vieillissement pour ses vins, même pour le rosé, pour lequel elle s’attache à démontrer le réel potentiel de garde.
Formidable Vin de Corse E Prove rosé gris 2016, avec cette sensation de fraîcheur en bouche vraiment superbe, d’une couleur très délicate, tout en subtilité, au nez de rose et de garrigue, développant en bouche des arômes puissants de fruitsfrais, une touche épicée. Le Vin de Corse Calvi E Prove blanc 2016, qui fleure la poire et l’aubépine, harmonieux, subtil et puissant à la fois, où s’entremêlent les fruits mûrs et les fleurs fraîches en finale, est parfait, sur une bourride de seiches ou des escalopes de daurade en salade. Le Vin de Corse Calvi E Prove rouge 2014, vieilli en fûts, est de belle teinte grenat, dense, alliant ampleur et charpente, aux tanins riches, avec ces nuances en finale où l’on retrouve la framboise, la violette et les épices. Superbe Villa Maestracci rouge 2011, au nez dense avec des notes de violette, de réglisse et de pruneau, riche en couleur, classique et concentré, alliant finesse et structure, ample, de garde. Le Clos Reginu rouge 2014, aux senteurs de cassis et de garrigue, de bouche charnue, chaleureuse et parfumée (fruits rouges surmûris, cuir, épices), associe structure et distinction. Excellent Clos Reginu rosé 2016, au nez de rose et de garrigue, délicat, franc, développant en bouche des arômes puissants de fruits frais, une touche d’amande, un vin ample, vraiment charmeur comme le Clos Reginu blanc, fin et très rafraîchissant, aux arômes flatteurs d’agrumes et de genêt, délicatement suave. |
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Domaine PERALDI(CORSE) À̀ la tête des Premiers Grands Vins Classés. Beau domaine de 50 ha, niché sur les coteaux de Mezzavia. Ce vieux domaine (les premières vignes y furent plantées au XVIe siècle) a été totalement restructuré en 1965 par le Comte de Poix-Peraldi. Il est le plus important vignoble de l’AOC Ajaccio, et les cépages y sont des plus classiques (Sciaccarello, Cinsault, Carignan, Niellucciu, Vermentinu). Le fils, Guillaume de Poix reprend la suite, ses projets tendent à se rapprocher le plus possible de la Nature en passant ses vignes en Bio. Rénovation de la cave, rééquipement de nouveaux pressoirs, des cuves, investissement en matériel de refroidissement et embellissement de la propriété.
Superbe Ajaccio rouge cuvée du Cardinal 2013, élevé en fûts, coloré et complexe, au nez à la fois intense et subtil où s’entremêlent la griotte mûre, la framboise et une touche épicée, développant des tanins puissants mais très harmonieux. Le Vin de Corse rouge cuvée Guillaume 2014, où dominent la structure et la finesse, aux notes de mûre et de fraise des bois, classique, de très bonne garde, est à déboucher sur un collier d’agneau en navarin ou une tourte au marcassin aux pruneaux, notamment. L’Ajaccio rouge Domaine Comte Peraldi 2014 dégage des connotations de petits fruits mûrs (cassis, cerise noire…), un vin de bouche structurée, d’une belle harmonie, bien équilibré et généreux. L’Ajaccio blanc 2016 est d’une belle couleur jaune clair, aux arômes de fruits frais, parfumé, tout en nuances, un vin qui emplit bien la bouche, à la fois fin et structuré, d’une belle finale. Très bel Ajaccio blanc cuvée Clémence 2015, une réussite, aux arômes délicats de petits fruits secs (amande, noix) et de pamplemousse, un vin qui allie richesse aromatique et persistance. Quant à l’Ajaccio rosé 2016, il dégage de subtils arômes de rose et de prune, tout en harmonie, d’une jolie finale. |
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Domaine de TORRACCIA(CORSE) 20137 Lecci de Porto-Vecchio Domaine de 43 ha plantés en majorité de cépages corses anciens (45 hl/ha et Agriculture biologique depuis 2000), sur un sol d’arènes granitiques sur coteaux à forte pente, orientés sud-est. Labours, vendanges à la main… Christian Imbert a planté il y a plus de quarante ans de cela, sur les coteaux d’arènes granitiques orientés au sud-est, 43 ha de vignes, uniquement en plants nobles, se fixant dès ses débuts pour objectif la création d’un vignoble pouvant donner un cru de qualité. En rentrant du Tchad, en 1964, il se rend acquéreur du Domaine de Torraccia pour lequel il tombe amoureux. Il “démaquise”, déplace ou détruit des rochers, aménage un sol qui, en dehors de vigne familiale, n’avait jamais accueilli de ceps. Loin de la mode de l’époque, il plante des variétés typiques de la Corse, et entreprend la bataille pour les AOC de Corse, crée l’UVA Corse (en 1972), regroupant les meilleurs vignerons embouteilleurs.
Pour Marc Imbert, le 2017 est un grand millésime, les vendanges se sont bien déroulées et les rosés sont “la clé de la réussite”, seul hic, la quantité est plus faible (-30%) notamment pour les rouges qu’il situe qualitativement 2 à 3 crans, minimum, au dessus des 2016. Nous essayons toujours de progresser en installant de nouvelles cuves et nous travaillons sur l’apport nutritif qui permet de garder les vignes en parfait état. On ne peut vraiment qu’être séduit par son superbe Vin de Corse Porto-Vecchio rouge cuvée Oriu 2013 Bio, 80% Niellucciu et 20% Sciaccarellu, de bouche puissante et dense, aux tanins bien fondus, au bouquet complexe où s’entremêlent des notes de petits fruits rouges bien mûrs et de fumé, parfait, évidemment, avec une daube de sanglier ou une pintade à la pâte d’olives, purée de pois chiches. |
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