Il y a de bons vins partout dans le monde et… de vrais vins typés beaucoup plus rarement. Bordeaux est l’une des grandes références mondiales en la matière, certes, encore faut-il déboucher un Pauillac que l’on ne confond pas avec un Pessac, un Pomerol marqué par la truffe plutôt que par le bois ou un « simple » Bordeaux Supérieur digne de ce nom, qui n’est pas uniquement un produit œnologique.
– Si les vins du Médoc sont réputés, ce n’est pas pour être des vins intouchables à cause de leur prix ou des micro-cuvées qui n’existent que pour rafler de bonnes notes à des concours et ne correspondent plus à la grande tradition médocaine. Ces pratiques sont une honte pour la majorité des grands vins de la région, qui sont des vins fermés dans leur jeunesse, typés par leur terroir, et qui demandent d’évoluer dans le temps pour s’exprimer, en fonction de chaque millésime, respectant ainsi la nature. La force du terroir est la base de tout. Les autres sont sans intérêt, et les prix sont souvent déments.
– À Pomerol, il y a des vins splendides, très typés par le Merlot qui se plaît à merveille dans ces territoires diversifiés. Il faut noter que, les exceptions et les excès confirmant la règle, les vins bénéficient d’un rapport qualité-prix-typicité justifié par la rareté comme par la convivialité et l’amour du vin.
– À Saint-Émilion, on reste dans les histoires de clochers, avec beaucoup trop de frime. Outre un Classement “officiel” qui fait plutôt sourire, faisant “monter” certains crus pour le moins incongrument et discréditant d’autres qui ne le méritent vraiment pas, on ne peut aussi qu’être déçu par des vins totalement “fabriqués”, vinifiés par ceux qui croient avoir la “science infuse” et veulent nous faire croire qu’en mettant un vin “200 % en barriques neuves” ou en multipliant les manipulations œnologiques, les concentrations et des “essais”, on sait faire du vin ! Ceux-là se moquent des amateurs et des autres vignerons de l’appellation que nous défendons,qui savent très bien s’il faut mettre 10 %, 20 %, 30 %, 50 % de leurs vins en barriques neuves, ou moins, ou plus, selon la force du millésime et la structure du vin. On ne fait du bon vin, et a fortiori un grand cru, que sur des terroirs propices, de la “crasse de fer” aux argiles profondes, assortis de dépôts marins ou d’alios. Gare à certains prix, totalement injustifiés.
– Les meilleurs vins de Montagne, Puisseguin, Lussac ou Saint-Georges se retrouvent dans le Classement des “Satellites” de Saint-Émilion, et proviennent de terroirs spécifiques, limitrophes ou rapprochables d’autres sols d’appellations plus prestigieuses, ce qui leur permet de devenir de grands vins à part entière.
– Bien que certains tentent de les mélanger, les deux appellations Canon-Fronsac et Fronsac partagent à la fois des différences et des similitudes. Là aussi, des vins sont surcotés et beaucoup plus marqués par leurs vinifications que par un terroir.
-Pour les Graves, il existe une variété importante de styles de vins. Cela va des crus réellement (et historiquement) exceptionnels, issus des territoires de Pessac, Martillac ou Léognan, mais aussi ceux de Podensac ou Portets, certains d’entre eux, dans les appellations Pessac-Léognan comme dans celle des Graves, bénéficiant d’un remarquable rapport qualité-prix-plaisir, d’autres crus atteignant des prix difficilement cautionnables. C’est évidemment le berceau des grands vins blancs de la région bordelaise.
– Dans les appellations de Côtes, qui se cherchent toujours, il s’agit de choisir entre les vins typés comme nous les aimons, et d’autres cuvées très spéciales, dépersonnalisées (à ne pas confondre avec les cuvées de prestige retenues), faisant la part belle à des vinifications trop sophistiquées, peu propices à mettre un terroir en avant, s’il existe.
– En Bordeaux Supérieur, les progrès sont réguliers depuis plus de dix ans, et, loin de la démence des prix de certains autres “cuvées Spéciales”, on savoure de nombreux vins remarquables pour leur rapport qualité-prix-plaisir. La plupart des propriétaires retenus élèvent aussi de jolis Bordeaux blancs qui ont du mal à se faire une image.
– À Sauternes (et Barsac), l’équilibre géologique et climatique de la région en fait un milieu naturel idéal pour cette fascinante biologie qu’est le Botrytis cinerea. L’appellation a connu une série de millésimes très différents, du plus exceptionnel (2007, 2004, 2001) au plus difficile (2002). Attention au passerillage, qui n’a rien à voir avec le Botrytis…
– En liquoreux, les appellations situées face à Sauternes, recèlent de vins onctueux, qui ont du mal à se faire un nom, pourtant d’un très bon rapport qualité-prix-plaisir.
Les millésimes
Pour les rouges
– les grands : 2010, 2009, 2008, 2005, 2004, 2003, 2001, 2000, 1998, 1996, 1995, 1990, 1989, 1988, 1986, 1985, 1983, 1982, 1978, 1976, 1971, 1970, 1966, 1961.
– les bons : 2011, 2007, 2006, 2002, 1999, 1997, 1994, 1993, 1981, 1979, 1975, 1964.
Pour les blancs (surtout liquoreux)
– les grands : 2009, 2008, 2007, 2006, 2005, 2001, 1999, 1996, 1995, 1990, 1989, 1986, 1983, 1978, 1976, 1970.
– les bons : 2001, 2004, 2003, 2000, 1998, 1997, 1994, 1988, 1979.
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