Beaujolais
Brigitte Dussert : en Beaujolais, il semble que ces vendanges aient été particulièrement délicates…
Patrick Dussert-Gerber : c’est l’autre vignoble qui a connu des difficultés en 2007, cela dépend bien sûr des rendements, de la maîtrise et du travail effectué dans les vignes en amont, mais je pense que l’on pourra trouver des vins frais, fruités, agréables.
On ne demande pas aux Beaujolais d’être concentrés comme un Côte-Rôtie, il faut que l’on se déshabitue de ce goût des vins trop corsés, trop concentrés, trop charnus. Les vignerons du Beaujolais qui ont du talent ont su faire attention à leurs vignes, limiter les rendements et feront un millésime tout à fait correct. La force du terroir donne une réelle typicité à chaque cru, et les meilleurs vignerons s’évertuent à sortir de beaux vins, chacun représentatif du style de son appellation. Pour s’en apercevoir, il suffit d’objectivité, d’un minimum de connaissance du terrain, de modestie et de partager l’amour du vin comme le font les producteurs. Le 2006 est réussi mais a été délicat à maîtriser, le 2005 est très typé, le 2004 est un millésime dense et très aromatique, et le 2003, trop mûr, beaucoup moins intéressant.
Je suis un défenseur du Beaujolais. Dans toute la gamme, du fameux “primeur” qui, avouons-le, est quand même bien plaisant sur un saucisson lyonnais partagé avec des amis, comme pour ces vins très typés que sont les Morgon (qui “morgonnent”), les Saint-amour, Juliénas… Il n’y a pas de “petits” vins. Il y en a des bons et des mauvais. Comme à notre habitude, on soutiendra les vignerons talentueux de la région, qui souffrent, en effet, depuis plusieurs années.