Que l’on fasse du Cahors “primeur” à boire frais et vite comme on en fait dans le Beaujolais me donne surtout envie de sourire. Même si les vinifications peuvent faire aujourd’hui n’importe quel style de vin, selon le marché (toujours l’argent), il ne peut être que risible en effet d’essayer de copier un vin qui marche depuis des années. Ce n’est d’abord pas si facile, car il y a des raisons à la réussite beaujolaise, le cépage bien sûr mais aussi l’intelligence des vignerons. Si le vignoble de Gaillac s’en sort bien (comme celui de Touraine), c’est qu’il existe donc des cépages appropriés. Pas vraiment le cas à Cahors, où c’est peut-être pour écouler des cuvées de bas de gamme que l’on se lance dans cet engrenage, qui fait perdre son âme à ce vignoble historique. C’est aussi jouer le même jeu que les négociants australiens, argentins ou sud-africains. On ne peut rien reprocher à ces derniers, qui, au moins, n’ont n’y terroir, ni histoire, ni tradition vinicole à défendre, et on peut comprendre qu’ils ne fassent que des vins standardisés. On peut tout autant regretter l’arrivée de cuvées surchargées par le bois et “fabriquées” pour avoir une bonne note auprès de “critiques”, ceci facilitant une hausse de prix totalement incautionnable. Gare donc aux vins de mode dans cette région où les cépages et les sols ont une véritable influence, une véritable présence historique, gare aux pièges à touriste (un Madiran à un prix dément ou un Cahors “primeur”…). On sait qu’il ne suffit pas de trouver un œnologue à la mode, de faire un chai à la bordelaise ou de faire mariner son vin dans des barriques neuves, en tergiversant sur l’origine de chaque bois, pour faire, ici comme ailleurs, un bon vin.
Ne vaut-il pas mieux montrer sa propre personnalité quand on en a comme c’est le cas à Cahors ou à Madiran? À quoi bon avoir de beaux cépages de caractère comme le Tannat, le Cot, La Négrette ou le Gros Manseng si c’est pour “lisser” les vins et les dépersonnaliser au point que l’on ne sait plus ce que l’on goûte ? La complexité des terroirs et des climats est pourtant bien réelle dans la région, et prouve que l’on ne fait pas la même qualité, selon les aléas de la nature, au fin fond du Béarn ou dans le Lot. C’est ce qui compte, et crée la typicité.
En Périgord, il faut rechercher la typicité dans la région et faire attention aux vins “standardisés” et aux “microcuvées” en rouges (Bergerac…) ou en liquoreux (Monbazillac…), dont les prix sont difficilement cautionnables.
Les vins retenus sont racés comme nous les aimons, marqués par des terroirs spécifiques et des cépages appropriés. Des vins qui ont une réelle typicité où les cépages et les sols ont leur influence et une véritable présence historique. C’est vrai en Pécharmant, en Côtes-de-Bergerac, en Monbazillac ou en Côtes-du-Marmandais.
Ceux qui comptent sont dans mon Classement 2008.