Édito
Les vins que l’on aime… et les autres
Voilà une belle année de dégustations et de rencontres, qui permet de situer comme il le faut chaque vignoble :
Les déceptions sont grandes en Provence et en Languedoc, pour des raisons différentes.
En Provence, l’influence des rosés fait que l’on en est à une multiplication des cuvées et, il faut bien le reconnaître, pour certains, à des prix complètement incautionnables pour ce style de vins, notamment que quelques-uns sont aptes à vous inciter à faire la sieste…
En Languedoc, côté prix, c’est pareil, avec des vins rouges sirupeux, trop lourds, trop alcoolisés, sans élégance. Voilà le pourquoi d’un nombre important d’éliminés cette année.
Dans ces deux régions, donc, une bonne quarantaine en pâtissent, pour le bien-être des amateurs que vous êtes… et des vrais vignerons talentueux !
Sur un autre plan, le Sud-Ouest et le Pays Nantais s’enlisent dans un manque de confiance en soi, avec des vignerons qui se contentent de vendre dans les restaurants à touristes et dans les salons, ou sont contraints d’accepter un prix peu rémunérateur à un négoce de bas de gamme.
Des éliminés également, comme en Rhône, où les “figures” s’étiolent au profit de nouveaux producteurs attentionnés et passionnés, et c’est très bien ainsi.
Deux régions sont toujours formidables : Bordeaux (pas partout, car certains propriétaires sont insupportables pour leur snobisme, obnubilés par des prix qui montent en flèche et leur font croire ainsi qu’ils élèvent des vins de référence) et Champagne, deux régions où plus de 120 vignerons font une très belle entrée dans le Guide, avec tout ce que l’on aime : des prix sages, des cuvées racées, expressives, marquées par leur terroir et par une volonté de faire ressortir au mieux les spécificités de chaque commune.
En Champagne, on est parvenu à un tel niveau de plaisir que c’est certainement la région où les découvertes sont les plus enrichissantes.
L’Alsace et la Loire sont toujours un vivier de crus superbes, dans toutes leurs appellations (le Pays Nivernais, la Touraine et l’Anjou-saumur), la Bourgogne est garante de vins marqués par leurs territoires et une conviviliaté enthousiaste et saine, comme en Beaujolais, où la joie du vin prime.
Tout cela prouve qu’il n’y a rien d’acquis en la matière, que des crus connus ne méritent plus leur réputation, dans toute la France.
Le vin, c’est cela : un plaisir, certes, mais un plaisir attentif.
Merci de votre fidélité.
Patrick DUSSERT-GERBER