En Alsace, les derniers millésimes sont savoureux, les 2019, 2018, 2014, 2012 et 2011, les grands 2016, 2015, 2010 et 2009, le millésime 2008 est nettement plus réussi que le 2007, particulièrement difficile (il y a de rares exceptions), les 2006, 2005, 2004, 2002 et 2001 suivent, le 2003 a été plus délicat à vinifier (en Vendanges Tardives, misez sur les 2011, 2009, 2006, 2004, 2001, 2000, 1997 ou 1989).
En Bourgogne, aux côtés d’une très belle séquence qui comprend les millésimes 2019 à 2009, le 2008 est assez délicat (remarquable en blanc), le 2007 très minéral, en blanc (très beaux Chablis) comme en rouge, ces derniers largement supérieurs au 2006. Les millésimes 2004, 2003, 2002, 2001, 2000 et 1999 sont très savoureux. Exceptionnels 2008 et 2004, dans la lignée du 2000, dans les deux couleurs, qui côtoient donc un 2003 atypique, comme 2005.
En Beaujolais, pour les crus, les vins sont très bons, du 2019 au 2009, le 2008 est assez réussi, le 2007 a été très difficile à maîtriser, le 2006 est excellent, le 2005 très typé, le 2004, dense et très aromatique.
Pour Bordeaux, les meilleurs à boire actuellement : 2017, 2014, 2012 (mais il a du potentiel), 2011, 2008, 2007, 2006, 2004, 2002 et 2001. Ceux qu’il faut encore attendre : 2018, 2016, 2015, 2010, 2009 (mais déjà formidable), néanmoins plus rapide à boire. Le 2013, si les prix sont vraiment plus accessibles. Les plus décevants, car trop “chauds”, atypiques : 2005 et 2003. Il y a bien sûr une différence entre les vins de la rive droite (ceux du Libournais) et ceux de la rive gauche (Médoc et Graves). On retrouve des “paires” de millésimes où la qualité est inversée : le 2005 est bien meilleur que le 2006 à Saint-Emilion et c’est le 2006 qui prime en Médoc. Il y en a d’autres, notamment 2003-2002…
– Dans le Médoc, misez sur les 2017, 2016, 2014, 2012, 2011, 2010, 2009, 2007, 2006, 2004 et 2002 (supérieur au 2003), voire 2001, très classiques, et faites-vous toujours plaisir avec les 1999, 1996 ou 1990. En parallèle, les prix très exagérés de certains vins renommés sont difficilement cautionnables, surtout pour les 2013 et 2005.
– Pomerol. Structure, charme, intensité, distinction, les plus grands vins de Pomerol sont particulièrement sensibles et marqués par leurs sols, très diversifiés. Ici, nul besoin de s’escrimer à vouloir abuser de la barrique neuve ou d’une surconcentration pour faire un grand vin, c’est le terroir qui prime, et signe la distinction. Les 2017, 2015, 2014, 2011, 2010, 2009, 2007, 2006, 2004, 2003 et 2002 sont très savoureux (le 2002, peut-être même supérieur), le 2001 remarquable, plus fin, le 2000 parvient à maturité. Le 2013 se maintient, certes beaucoup moins intéressant que le 2012. Plus anciens, les grands font la différence, comme le 1995, voire le 1990.
– À Saint-Émilion, les 2014 et 2011 sont très classiques et charmeurs, comme le 2007. Le 2013 n’a pas beaucoup d’intérêt. Beaux millésimes 2018, 2016, 2015, 2010 et 2009, le 2008 un ton en-dessous, 2006, 2004 et 2001, éclipsés à tort par le 2005 ou le 2003. Quelques crus ont remarquablement réussi le 2003, d’autres beaucoup moins, notamment ceux qui sont trop “confiturés”. Débouchez les millésimes 2007 à 1990 en ce moment, et notamment le grandissime 1995. Certaines bouteilles de 1994 et 1993, notamment, sont surprenantes d’évolution. Un certain nombre de crus pratiquent des prix qui ne sont pas justifiés. Certains se flattant ici d’élever des cuvées très “spéciales”, il faut plus que jamais tirer un coup de chapeau aux propriétaires de talent qui élèvent les véritables grands vins de Saint-Émilion, satellites compris, du plus grand des grands crus au plus modeste.
– Dans les Graves, 2019, 2018, 2017, 2016, 2015, 2014, 2013, 2011, 2010, 2009, 2008, 2006, 2005, 2004 sont excellents, en blancs comme en rouges. Issus des territoires de Pessac, Martillac, Léognan, mais aussi ceux de Podensac ou Portets, dans l’appellation Pessac-Léognan comme dans celle des Graves, bénéficiant d’un remarquable rapport qualité-prix-plaisir. C’est le berceau des beaux vins blancs de la région bordelaise, aux côtés de rouges puissants et typés, si l’on frappe à la bonne porte. Attention néanmoins à des prix incautionnables de certains vins de Pessac-Léognan.
– Dans les Côtes ou Bordeaux Supérieur, on peut acheter les millésimes 2018, 2017, 2016, 2015, 2014, 2012 à 2006, avec l’opportunité des excellents 2012, 2011 et 2008. Les meilleurs tiennent la distance avec les millésimes 2006 ou 2002.
– Pour Sauternes, privilégions la finesse au côté sirupeux, préfèrons la fraîcheur à la liqueur. Ici, les millésimes 2017, 2016, 2011 et 2007 sont formidables, dans la lignée du 2001. Plusieurs millésimes, en dehors du 2002 (où le plaisir est bien rare), comme les 1999 ou 1998 sont de toute beauté. Les 2006, 2005 et 2003 sont réussis, les 2012, 2005 et 2003 certainement moins intéressants, et le 2004 particulièrement savoureux et classique.
En Champagne: Il y a de grandissimes bouteilles millésimées (ou incorporant ces millésimes) 2008, 2007, 2006, 2004 ou 2002, et, pour les plus récents, en 2017, 2014, 2011, 2010 et 2009, dont le potentiel est garanti (le 2003 moins passionnant, trop “rôti”) et certains vieux millésimes (1998 et 1995, notamment) sont remarquables de fraîcheur et prouvent le potentiel d’évolution des meilleures cuvées. On trouve de remarquables vins, millésimés ou non, à des prix très justifiés, dans toute la gamme, comparativement à d’autres appellations, et on comprend le succès mérité de la région. On a la chance d’accéder au summum de la finesse, qui sait aussi s’associer à la complexité. Le terroir, les sols ont toute leur importance en Champagne, apportant une spécificité réelle et différente selon que l’on se trouve à Cramant ou à Épernay, à Aÿ ou à Bouzy, dans l’Aube ou la Marne. À cela s’ajoute la proportion des cépages, et chaque maison, cave ou vigneron, possède alors les facultés de créer véritablement une cuvée légère ou puissante. Et puis, ce qu’il ne faut pas occulter pour comprendre la différence entre une grande cuvée et une autre, ce sont, outre l’art fondamental de l’assemblage que signe la main de l’homme, les incontournables vins de réserve, que l’on ajoute à des vins plus jeunes. Attention aussi aux nombreuses marques qui appartiennent à certains “faiseurs”. Ceux qui ne sont plus que des noms sur une étiquette ne font pas partie de cette hiérarchie, comme d’autres marques de négoce, dont la qualité n’est pas en cause, qui sont dirigées par des responsables de groupes qui vendent du Champagne comme de la lessive…
En Languedoc: aux côtés des grands 2019, 2018, 2017, 2016 et 2015, les 2013 sont superbes et l’on va ainsi jusqu’en 2006. Les hommes et les femmes s’attachent à élever des vins typés par ces terroirs de garrigues, maîtrisant les rendements, respectant leur spécificité. Les terroirs ont le potentiel pour que l’on y élève tout naturellement de grands vins racés, sans vouloir copier telle ou telle appellation plus connue avec des cépages inappropriés. Il y a toujours des “vins de mascarade”, où l’on parle de “vins à haute expression” (expression de la méthode de vinification et du bois neuf surtout…), qui “sentent le goudron ou le café”, la réglisse (on n’est pas loin de l’écœurement)… Idem pour les cuvées de vins blancs totalement fabriquées dans les chais où l’on est fier de vous faire sentir “la mangue et autres fruits exotiques”. Il s’agit donc de ne pas confondre l’ensemble d’une progression qualitative certaine et le développement de ces vins “fabriqués” et “putassiers”.
En Provence/Corse, l’influence des millésimes est beaucoup moins marquée, et on accède à une très belle série, de 2019 à 2010. C’est le royaume du rosé, et il faut avouer que l’on a assisté à une véritable révolution qualitative dans cette couleur, souvent au détriment des rouges, d’ailleurs. Les rosés reviennent donc à la tête de ce type de vin, et se font payer, aux côtés de blancs, dont certains sortent vraiment du lot. Ceux qui comptent sont ceux des propriétaires qui laissent s’exprimer au mieux les grands cépages de la région (Grenache, Mourvèdre, Cinsault, Rolle, Ugni Blanc), dans ces terroirs complexes, argilo-calcaires, caillouteux, graveleux ou sableux. Les Bandol sont des vins formidables. Issus principalement du fabuleux cépage que peut être le Mourvèdre (qui apporte bouquet, corps et rondeur), les rouges de Bandol peuvent être exceptionnels. Amples, élégants, puissants, gras et très aromatiques, ils donnent toute leur véritable mesure après quelques années de vieillissement. Les rosés font aussi partie des meilleurs vins de France. Juste à côté, Cassis, avec ces blancs, des rosés et des rouges, qui profitent d’un climat exceptionnel et de la bienveillance du mistral qui nettoie les vignobles et leur fournit chaque année des températures quasiment invariables. Les Coteaux-d’Aix-en-Provence, appartenant à la zone occidentale de la Provence calcaire, ont aussi fait beaucoup de progrès, tout particulièrement en rosés. Entre des reliefs constitués de chaînons parallèles au littoral, s’étendent des bassins sédimentaires où s’est concentrée l’activité viticole. L’appellation s’étend sous un climat de type méditerranéen, avec pour vent dominant le mistral, qui permet à la région de bénéficier d’un ensoleillement important par an. Les sols sont argilo-calcaires caillouteux, sableux, souvent graveleux sur molasses et grès, et caillouteux à matrice argileuse ou limono-argileuse. On apprécie aussi un bon nombre de Coteaux Varois, où l’on débouche des bouteilles particulièrement séduisantes, dans les trois couleurs. Quant à la Corse, dans les trois couleurs encore, on élève des vins racés, marqué par des cépages spécifiques comme les Niellucciu, Vermentino, Schiacarellu, Malvasia…
En Sud-Ouest: les 2019, 2018, 2016, 2015, 2014, 2012, 2011, 2010, 2009 sont très réussis en Madiran, Cahors et Jurançon, où les efforts accomplis portent leurs fruits aujourd’hui. Les vins ont une réelle typicité, un potentiel de garde (beaux 1999, 1995 ou 1990) où les cépages et les sols ont leur influence et une véritable présence historique. Certains Igp, comme les vins de Gascogne, gagnent également à être mieux respectés. Néanmoins, on peut éviter les cuvées surchargées par le bois et “fabriquées” pour avoir une bonne note auprès de “critiques”, ceci facilitant une hausse de prix incautionnable. Pour exemple, à Cahors, on peut douter du bien-fondé des communications spéciales “Malbec”, qui mettent trop le cépage en avant (comme en Argentine), et de quelques vins de mode.
Dans la Loire: si les millésimes 2013 et 2012 ne sont pas évidents, en rouges, le 2011 tire son épingle du jeu, même si les quantités ne sont pas au rendez-vous. Les 2019, 2018, 2016, 2015, 2014, 2010 et 2009 sont superbes, gras, denses, très parfumés. Le millésime 2008 est particulièrement réussi, même si, parfois, les quantités sont très faibles. Les blancs secs 2019 à 2007 sont dans la belle lignée des 2006, et la typicité s’allie à un rapport qualité-prix régulièrement remarquable. Pour les blancs secs, de très grandes bouteilles en Pouilly-Fumé comme à Vouvray, à Sancerre comme à Savennières ou à Saumur, où les vins possèdent un réel potentiel d’évolution. Les liquoreux sont exceptionnels, notamment en Coteaux-du-Layon, Bonnezeaux ou Vouvray, et les rouges associent charpente et fraîcheur, du plus souple (Touraine, Bourgueil, Sancerre) au plus charnu (Chinon, Saumur-Champigny…), des vins qui s’apprécient jeunes mais savent aussi garder la distance (beaux 2000, 1998 ou 1995). Beaux liquoreux en 2019, 2018, 2017, 2016, 2015, 2011, 2010, 2009, 2007, 2004, 2003 et 2001. Les vins de la région possèdent deux atouts considérables : un rapport qualité-prix réellement exceptionnel et une complexité due bien sûr à ces sols différents, les uns plus spécifiques que les autres. Il suffit de goûter un Sancerre Les Belles Dames et un autre Les Romains, un Quincy ou un Pouilly-Fumé Silex pour s’assurer de la typicité des vins. En Anjou-Saumur, peu d’autres vins peuvent copier les meilleurs crus de la région, marqués par ces sols de tuffeau ou de roche calcaire en parfaite osmose avec les cépages Cabernet franc et Chenin, le premier s’épanouissant sûrement le mieux ici. À Quincy comme à Pouilly, à Chinon comme à Monlouis, à Menetou-Salon ou en Saumur-Champigny, la région fourmille de vins qui possèdent une typicité exacerbée.
Dans le Rhône: de 2019 à 2009, on est sûr de se faire plaisir, le 2011 est splendide, le 2008 est décevant, le 2007 est remarquable, supérieur au 2006. Les 2017 et 2013 se goûte très bien. Les 2005 et 2003 sont très (trop) mûrs, le 2004, très classique. Il faut prendre le temps de conserver ces vins, car on débouche de grandes bouteilles actuellement dans des millésimes comme 2002, 1998, 1995 ou 1990. De Vienne en Avignon, les rouges, charnus, charpentés, séveux, racés, avec des notes de prune, de réglisse et des parfums de sous-bois, sont des vins denses et chaleureux comme nous les aimons. On déguste des blancs rares et savoureux (Condrieu, Ermitage, Saint-Joseph et Châteauneuf-du-Pape), issus de raisins qui se plaisent à merveille dans ces sols pauvres, exceptionnels pour la vigne qui doit chercher sa nourriture en profondeur. Les meilleurs vins, dans de nombeuses appellations (Cairanne, Vacqueyras, Vinsobres, CDR-Villages…), bénéficiant d’un remarquable rapport qualité-prix-typicité, viennent conforter le terroir et la main de l’homme, qui font la différence.