* Château Grand-Puy-Lacoste, un (très) grand Pauillac, un vrai !

Quel vin ! Depuis 30 ans, je le découvre encore et toujours, en débouchant aussi bien des millésimes bien jeunes (2009, 2008 ou 2006) que d’autres parvenus à maturité, dans lesquels on retrouve toute la force des vrais grands terroirs de Pauillac. Ce qui est encore plus rare, c’est que François-Xavier Borie n’ait pas succombé aux sirènes de quelques-uns en faisant un vin de mode, il est resté attaché -d’abord- à laisser s’exprimer son terroir (le vignoble est situé sur une exceptionnelle croupe très graveleuse). “Associé à notre connaissance approfondie du vignoble, m’explique-t-il, parcelle par parcelle, tous nos derniers investissements nous permettent de très vite réagir les années un peu plus délicates. Nous ne regrettons surtout pas l’achat de matériel performant (tables de tris vibrantes, égrappage…), c’est ce qui fait la différence et permet d’optimiser le résultat. Nous n’avons pas vraiment changé notre méthode de vinification mais, grâce à une technique plus précise, nous l’avons améliorée sensiblement. Nous désirons nous donner les moyens de mener une viticulture plus perfectionniste.”

Exceptionnel Pauillac 2009, particulièrement charmeur, coloré et puissant, aux saveurs fruitées, avec ce nez caractéristique de prune, d’épices et de sous-bois, exhalant des notes persistantes, aux tanins présents, prometteur. Le 2008, très représentatif du classicisme de ce grand millésime bordelais, est un grand vin très ferme, un vin tannique, associant structure et élégance, au bouquet concentré, aux nuances épicées, un vin charnu, dense et velouté en bouche, vraiment très prometteur. “Pour le 2008, me dit François-Xavier Borie, nous avions privilégié la bonne aération des grappes sur le pied, de petits rendements, un bon contrôle du vignoble tout au long de la saison. Le 2008 présente de la structure, une grande longueur en bouche et offre un beau potentiel de garde.” Remarquable 2007, toujours très racé, au nez de prune et de framboise cuite, de robe grenat soutenu, un grand vin alliant puissance et souplesse, de bouche dominée par de très belles notes de fruits mûrs avec des notes de poivre, d’une grand subtilité, avec des tanins soyeux, très équilibré, de très bonne garde. Beau 2006, très typé, aux tanins mûrs et fermes à la fois, de bouche très parfumée (fraise des bois), riche et fondue à la fois, au nez où se mêlent la truffe et l’humus, bien charnu comme il se doit. Exceptionnel 2005, d’une grande complexité d’arômes, un vin dominé par la fraise des bois et la réglisse, puissant, d’une finale persistante aux nuances de fumé, de mûre et d’épices, qu’il faut laisser se faire pour développer tout son potentiel. “Le 2005 est sûrement la plus grande réussite depuis 25 ans, poursuit François-Xavier Borie, cela a été un millésime excessivement facile pour le viticulteur, si j’ose dire, c’est un vin qui a beaucoup d’amplitude, de charme, de complexité, on est vraiment dans la typicité de Grand-Puy-Lacoste, d’un très grand Pauillac. Il est d’un grand potentiel de garde, mais également très agréable dès maintenant tant l’on est séduit par ce fruit qui explose en bouche. C’est d’ailleurs une caractéristique des très grands millésimes, en effet, quand le vin est déjà formidable dans sa jeunesse. C’est un millésime que j’apprécie beaucoup surtout avec cette sève, cette trame si dense, c’est vraiment un vin à très fort potentiel, et l’exceptionnelle qualité du millésime fait penser à des 1989, 1982 et même à des 1947.” Le 2004, de couleur très profonde, avec des tanins intenses, un nez complexe où l’on retrouve les fruits cuits (cassis, groseille, mûre) et l’humus, avec cette finale subtilement poivrée qui fait tout son charme, un vin très distingué, de belle garde. Le 2003 est toujours l’un des vins les plus séduisants de ce millésime, d’une belle robe de couleur intense et soutenue, d’un très bel équilibre en bouche, riche et concentré, un grand vin complet et ample, racé, avec ces notes caractéristiques de petits fruits rouges frais, d’épices et de truffe. Le 2002 est une grande réussite, redégusté cette année, aux notes persistantes de sous-bois et de mûre, un vin qui allie structure et souplesse, aux tanins denses, qui se goûte remarquablement (parfait sur un lièvre ou de l’agneau), d’excellente évolution. Très beau 2001, de bouche riche et charnue, tout en subtilité d’arômes (griotte, humus…), ample et séveux en finale, aux tanins savoureux. Exceptionnel rapport qualité-prix-typicité.  Du grand art, donc.