* Coups de cœur et déceptions (suite) : Languedoc et Sud-Ouest

Chose promise, chose dûe, voici les mouvements dans les Classements de ces régions :

– En Languedoc, il y a des producteurs, marchands et grands groupes qui nous (et vous) font croire que leurs vins ressemblent à quelque chose. Ces vins de mascarade (en Coteaux-du-Languedoc et en vins de cépages notamment), où l’on parle de “vins à haute expression” (expression de la méthode de vinification et du bois neuf surtout…), qui “sentent le goudron ou le café” (cela donne envie, non ?), la réglisse (on n’est pas loin de l’écœurement)… Idem pour les cuvées de vins blancs totalement fabriquées dans les chais où l’on est fier de vous faire sentir “la mangue et autres fruits exotiques”. Il s’agit donc de ne pas confondre l’ensemble d’une progression qualitative certaine et le développement de ces vins “fabriqués” et “putassiers” qui attirent les investisseurs comme des mouches, et sont, hélas, soutenus par des “critiques”, notamment américains (ce sont les mêmes qui soutiennent les “vins de garage” bordelais). Ce problème s’étend aux vins de cépages, où je ne vois toujours pas l’intérêt de planter des cépages qui se plaisent mieux dans des régions beaucoup plus froides (les bonnes exceptions existent), ni à se lancer dans des vinifications sophistiquées pour pouvoir remplir un dossier de presse… et mentionner des prix inexcusables sous prétexte que l’on peut mettre sur une étiquette les noms de Chardonnay ou de Merlot, ou que l’on croit qu’il suffit d’acheter des barriques neuves et se payer les services d’un œnologue “tendance” pour faire un grand vin.

Toujours incontestablement au sommet : mon ami Aimé Guibert (Daumas-Gassac) qui relève, chaque année, le pari d’élever un vin rare, classique, marqué par l’osmose des cépages et du terroir, et bien loin devant la ribambelle des cuvées à la mode qui ne sont que des macérations œnologiques et des vins écœurants comme de l’encre. Plus fort, de sa (semi) retraite irlandaise, il a su transmettre sa passion (voir la vidéo) à ses enfants, ce qui n’est pas rien. J’ai ouvert avant-hier un 1986 de haute volée, sur un civet de marcassin.

Les bonnes surprises de l’année, et donc, ceux qui montent en 1ers Grands Vins, sont : Mourviels en Cabardès, Herbe Sainte en Minervois, Angles en Coteaux-du-Languedoc, Bourdic en Vins de Pays. Deux autres confirment leur place dans le Classement : Bergerie Capucin et Clarmon. Je réfléchis encore un peu pour décider si les vignobles de la famille Bonfils (Vaugelas, Cantaussels…) doivent conserver leur place, ou non.

Ceux qui confirment leur haut niveau qualitatif : Fontsainte, Saint-Martin-des-Champs, Peyregrandes, Fabas, Grand Caumont, Mire-l’Etang, Chichet, Nidolères, Etang des Colombes, Malautié, Barroubio, Martinolle, Casa Blanca

Ceux qui changent de hiérarchie (de 1ers en 2es) : Antech, Croix Belle et Pinet.

– En Sud-Ouest, là aussi, les déceptions sont nombreuses. Les appellations de Gaillac, Cahors et Fronton jouent les abonnés absents. cette région est l’une des plus décevantes. Peu de vignerons semblent intéressés par envoyer leurs échantillons, tout spécialement en Bergerac, Jurançon, Madiran et Gaillac, et je comprends mieux pourquoi on n’entend de moins en moins parler de ces vins. Chacun fait ce qu’il veut, et il ne me semble pas non plus nécessaire de faire le voyage à sens unique. On peut tout autant regretter l’arrivée de cuvées surchargées par le bois et “fabriquées” pour avoir une bonne note auprès de “critiques”, ceci facilitant une hausse de prix totalement incautionnable. Gare donc aux vins de mode dans cette région où les cépages et les sols ont une véritable influence, une véritable présence historique. Ne vaut-il pas mieux montrer sa propre personnalité quand on en a comme c’est le cas à Cahors ou à Madiran? À quoi bon avoir de beaux cépages de caractère comme le Tannat, le Cot, La Négrette ou le Gros Manseng si c’est pour “lisser” les vins et les dépersonnaliser au point que l’on ne sait plus ce que l’on goûte ? La complexité des terroirs et des climats est pourtant bien réelle dans la région, et prouve que l’on ne fait pas la même qualité, selon les aléas de la nature, au fin fond du Béarn ou dans le Lot.

A Cahors, il est loin le temps où Reutenauer (un autre de mes amis, loin des modes) imposait ses vins dans toute la restauration parisienne, où l’on tentait avec les « Seigneurs » de tirer l’appellation par le haut (je le sais, c’est moi qui ait écrit leur livre)… la dernière erreur, qui date de 2 à 3 ans, étant de s’être embarqué dans une communication « Malbec » en liaison avec l’Argentine (un comble), alors que, tout au contraire, ce n’est pas le cépage qu’il faut mettre en avant mais les disparités des terroirs. Décevant, tout cela, et quel gâchis !

Bref, le Classement s’en ressent fortement cette année : sont rétrogradés (certains d’un petit cran), Chambert, Triguedina (des vins bien trop « noirs », en effet), Carlat, La Reyne, Pineraie, Léret, Caïx, Pelvillain ou Le Passelys.

En Bergerac, idem pour Haut-Pécharmant, Moulin Caresse, Costes, Theulet-Marsalet. En Gaillac, c’est aussi le cas pour Mayrargues, Adélaïde, Payssel, Arlus…; en Madiran, sont déclassés Peyros, Gassiot, Maouries, Lafitte-Teston

Il y a encore, toutes appellations confondues, Donzac, Rabany, Cave Irouléguy, Perchade

Par contre, toujours de vrais coups de cœur avec La Coutale, Bouscaillous, Lamouroux, Pichard ou Plaisance, incontestablement à la tête de leurs appellations respectives, suivis par Eugénie, Delmouly, Lecusse, Pialentou, Pouypardin, Ménard… et les autres classés en 1ers Grands Vins, chacun à un degré hiérarchique différent. De très belles bouteilles dégustées également avec les cuvée’s de Ressaudie, Croze de Pys, Sarabelle ou Emeillé qui accèdent au sommet.

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