* Coups de cœur et déceptions/4 : Bourgogne

Ceux qui me « suivent » depuis le premier Guide savent que j’aime la Bourgogne, ses vins et ses hommes. La force des sols est omniprésente, et on ne doit s’intéresser qu’aux vignerons dignes de ce nom, ceux qui pratiquent l’amour du terroir associé à une convivialité exemplaire, et c’est ce qui compte ici, tant cela peut manquer dans d’autres régions. Car ici, le vin est avant tout un art de vivre. On partage un moment (et on boit un “canon” en même temps) avec ces vignerons talentueux et passionnés, souvent très discrets, mais avec lesquels on partage, quand on les connaît, une convivialité rare.
Ici, il y a donc les incontournables qui élèvent quelques-uns des plus grands vins rouges du monde : Lamarche (l’extraordinaire Grand Cru Monopole La Grand’Rue illustre cet article), d’Angerville, Gelin, Rebourseau…), ou blancs bien sûr, tant cette catégorie ne supporte pas de comparaison (Clos des Perrières, Ampeau Antonin Guyon, Tremblay, Laroche ou Pinson à Chablis…); d’autres avec des vins vraiment exceptionnels pour leur rapport ­qualité-prix-typicité (Blondeau-Danne, Prunier, Marey, Doudet-Naudin, Chevillon…), et enfin un véritable vivier de crus que l’on retrouve notamment dans la catégorie des Deuxièmes Grands Vins Classés, dans l’ensemble des appellations : vous les retrouverez dans MILLESIMES.
Bien sûr, il s’agit de savoir faire le bon choix, tant la complexité des classements en crus, clos, climats, et le fait qu’un vigneron puisse posséder une multitude de crus dans un périmètre très restreint (quelques ares…) ne peuvent que multiplier les différences.

Les terroirs bourguignons renvoient à un jardin d’enfants les « manipulations œnologiques » d’autres vins

La Bourgogne est un paradoxe à l’état pur, où la nature, au travers des terroirs et des microclimats, est omniprésente. Comment expliquer que l’on puisse trouver autant de différence entre un Nuits-Saint-Georges ou un Pommard, un Meursault ou un Montrachet, quand on sait que le cépage (Pinot noir ou Chardonnay) est unique, et que l’on ne peut pas “jouer” sur la proportion des raisins ? Quand on se promène entre les murets qui entourent les vignes des Grands Crus, on voit qu’à quelques mètres de distance le sol ne produit pas les mêmes crus. L’altitude des vignes, selon qu’elles se situent à 150 ou 300 m, l’inclinaison des pentes (les meilleurs vins proviennent des mi-pentes), la richesse des sous-sols en ressources minérales, en sodium, en oligoéléments… Tout concourt ici, dans un “mouchoir de poche”, à faire la différence entre un bon vin et un vin sublime. Ajoutez à cela l’exposition (fondamentale) face aux mouvements du soleil, un territoire pauvre où la terre est rare, et vous comprendrez l’extrême diversité des grands vins bourguignons. Globalement, les Grands Crus sont régulièrement “supérieurs” aux Premiers Crus, l’exception et le talent de l’homme confirmant la règle.

– Pourtant, mes déceptions sont assez nombreuses (les déclassés, donc) : Trapet, Chaude-Ecuelle (Chablis), Chandon de Briailles (j’aime bien les vins mais le rapport qualité-prix de certains rouges est difficile à cautionner), Escoffier, le Château de Chassagne-Montrachet, Charache-Bergeret, Chartron (les vins sont très bons certes, mais vraiment bien chers !!!), Château de Fuissé… d’autres étant carrément éliminés du Classement pour l’instant : Jean et Fils, Voillot, Amiot-Servelle, Brocard, Maroslavac, Bocard, Belleville, André Delorme, Fichet, Moniot, Chollet

– Ceux qui « montent » sont rares : Naulin, avec des Chablis typés et très abordables, Patrick Miolane (savoureux Chassagne-Montrachet), Bachelet, François Berthau, Girard et Laleure-Piot (qui passent dans la hiérarchie des « Premiers », grâce à des prix sages),
Ici comme ailleurs, quelques producteurs élèvent des vins trop “travaillés” (et bien trop chers) où le fût neuf est employé à l’extrême, ce qui n’est pas pour arranger le Pinot noir notamment, qui demande de la finesse. Il en va de même pour certains blancs, où la barrique (et tout le baratin que l’on va vous raconter) ne remplace pas le terroir…
Mes Classements 2010 vous permettent de faire le point, en tenant compte qu’il existe une véritable hiérarchie interne à chaque catégorie et qu’il ne faut pas comparer, bien sûr, un classement d’une appellation à celui d’une autre appellation…

LES APPELLATIONS

– Les appellations qui comptent : Auxey-Duresses, Chablis, Chambolle-Musigny, Corton-Charlemagne, Gevrey-Chambertin, Meursault, Nuits-Saint-Georges, Marsannay, Mercurey, Morey-Saint-Denis, Pernand-Vergelesses, Puligny-Montrachet, Pouilly-Fuissé, Savigny-lès-Beaune, Volnay, Vosne-Romanée

– Les appellations qui commencent à compter : Chassagne-Montrachet, Corton, Côtes-de-Nuits-Villages, Fixin, Pommard, Santenay,

– Celles qui ont encore du travail : Givry, Monthélie, Saint-Aubin

– Et celles dont on n’entend pas parler : Crémant de Bourgogne, Hautes-Côtes-de-Beaune, Hautes-Côtes-de-Nuits, Irancy, Ladoix, Mâcon, Pouilly-Vinzelles, Viré

LES MILLÉSIMES

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Pour les rouges
– les grands : 2009, 2008, 2005, 2003, 2002, 2000, 1999, 1995, 1990, 1989, 1985, 1983, 1979, 1978, 1976, 1978, 1971, 1970.
– les bons : 2007, 2006, 2004, 2001, 1998, 1996, 1993, 1988, 1986, 1979.

Pour les blancs
– les grands : 2009, 2008, 2007, 2006, 2005, 2004, 2002, 2000, 1999, 1998, 1995, 1990, 1989, 1986, 1985, 1983, 1982, 1979, 1978, 1976, 1970.
– les bons : 2003, 2001, 1997, 1996, 1994, 1988, 1987, 1971.

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