* Echange 1 Ausone 2005 contre 500 « petits Bordeaux »

Vous allez croire que je fais une fixation sur les prix en ce moment. Ce n’est pas faux car j’ai entre les mains des centaines de tarifs à l’heure où je boucle mon Guide, et, bien sûr, mes commentaires changent aussi en fonction de l’éternel rapport qualité-prix-plaisir. Un vin que j’ai bien noté « à l’aveugle », peut, et j’assume, être rétrogradé quand son prix n’est pas justifié. C’est vrai en Bourgogne comme en Languedoc, et vous le lirez dans l’édition 2009.

Car le vin, ce n’est pas de la frime. Prenons Bordeaux, où les prix atteints par certains crus devenant -de facto- incomparables, on peut alors s’amuser à faire des comparaisons… incomparables.

Faut bien rire et cela prouve que ma position est toujours d’actualité. Pour mémoire, à Bordeaux, les “primeurs” (depuis 2000, et surtout 2005 où certains crus ont sorti des prix déments et incautionnables) font des vins bien trop chers, et cela commence à créer un sérieux malaise, tant il y a de différence entre deux vins d’une même appellation. On parle beaucoup trop d’argent ici, de frime, de bonnes notes glanées chez un “gourou” quelconque, et c’est ce que le consommateur retient, alors que, bien sûr, ceci ne concerne qu’une infime minorité. Cela crée tout naturellement une crise de confiance, et, en même temps, une crise d’identité, tant un bon nombre de vins ont perdu leur spécificité. Le millésime 2005 est le stéréotype, qui me met personnellement mal à l’aise face à la crise que traversent beaucoup de nos compatriotes, de ces hausses de prix, totalement injustifiées.

– Un exemple avec L’Angélus 2005 (rien contre ce vin, ce n’est qu’un exemple, parmi d’autres) : 355 € la bouteille chez Mondovino, pratiquement idem chez chateauonline et chateauclassic, 10 € de plus chez 75cl, on passe à 438 € chez Eyquard (quelque 80 € de plus, chapeau, et je ne résiste pas à vous soumettre leur accroche : « Spécialiste des Grands Vins de Bordeaux et de France, nous vous proposons plus de 2000 références aux meilleurs prix »), on la trouve aussi dans une offre à 200 €

– Dans la même appellation, on peut faire beaucoup plus fort : 3.558 € la bouteille (vous lisez bien) du Château Ausone 2005 (2 fois et demi le smic), et, mieux (3 fois le smic, bravo), 4.187 € chez Wine and Co.

En face, facilement une bonne trentaine de vins superbes, toujours à Saint-Émilion, entre 20 et 40 € la bouteille, et, par extension (voir le Guide), une centaine de « bons petits Bordeaux » comme diraient certains idiots (expression dévalorisante, que je n’apprécie donc pas) sont proposés à la propriété entre 5 et 8 €, dans les appellations de Graves, des Côtes, des Bx Sup… certains vraiment remarquables.

Pour l’actu, je viens de recevoir le catalogue Leclerc. Soyons clair, je trouve ces vins cités également trop chers, et le rapport qualité-prix-plaisir n’est donc plus à prendre en compte. Il est amusant de comparer les prix entre les sites de ventes de vins sur Internet et le circuit traditionnel des grandes surfaces. On pourrait croire que le fait de n’avoir pas de boutiques et des délais de livraison très importants pourraient faire baisser les prix, c’est loin d’être le cas. Pour les inconditionnels de ces vins comme pour les curieux, voici ce qu’il en est aujourd’hui :

– Foire aux vins Leclerc : prix du Château Pichon Comtesse 2006 : 86,90 €, et sur Internet : 100,46 € (plus port)

– Foire aux vins Leclerc : prix du Château Figeac 2001 : 65 €, et sur Internet : 78 € chez Vinatis, 76 € avec le port chez Wine and Co (15 jours ouvrés pour la livraison, il vient d’où ce vin ?)…

Il y en a beaucoup d’autres, à vous de vérifier, par exemple sur Twenga.

Millesimes

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