– Ma « verticale » de la Grand’Rue du Domaine Lamarche : on est bien au sommet

François et Marie-Blanche Lamarche -que j’apprécie depuis 30 ans- sont des vignerons comme on aimerait en connaître beaucoup et parviennent à marier discrétion et chaleur humaine, talent et humilité. La nouvelle génération renforce l’équipe du domaine Lamarche. Nathalie, la fille de Geneviève, la nièce, remplace progressivement Marie-Blanche au bureau, et leur fille, Nicole, s’est lancé depuis deux ans, seule, dans la vinification, sous l’œil attentif de son père, François. Ici, on est très respectueux de la viticulture traditionnelle. Les vendanges sont faites à la main, la vinification est classique et supervisée par un œnologue, la cuvaison “à froid” dure une quinzaine de jours tandis que l’élevage s’étend de 18 à 20 mois avec une moyenne de 60% de barriques neuves selon la structure des millésimes. Une période longue fort bien supportée par les vins qui possèdent la structure adéquate, et cet élevage approprié leur apporte cette richesse et cette finesse exemplaires. C’est du grand art, donc.
“Pour l’élevage des mes vins, me précise Nicole Lamarche, je ne privilégie pas la barrique neuve à 100 %, je préfère ajuster en fonction du potentiel matière, il faut que le vin soit prêt à le supporter. Pour le 2007, par exemple, je n’ai utilisé que 50 à 60 % de fûts neufs pour les Grands Crus. Je souhaite que le boisé apporte quelque chose à mes vins mais ne masque pas leur finesse, en prenant le dessus. Le 2007 est un millésime “sur le fruit”, pas un potentiel de garde trop élevé bien que l’on puisse le laisser vieillir  quelques années, le vin est très agréable à boire dans sa jeunesse. Les arômes du Pinot sont très présents et caractérisitiques, le vin a beaucoup d’élégance. Pour le 2009, une vinification très suivie s’impose pour ce millésime délicat, mais nous avons un très beau potentiel”.
Pour patienter, ce formidable La Grand’Rue Grand Cru Monopole 2008, un Monopole des Lamarche, promu au rang de Grand Cru depuis 1991. Un sous-sol d’exception entre la Tâche et la Romanée Conti, qui donne à ce vin une qualité exceptionnelle digne de ses plus illustres voisins. Un grand vin où s’entremêlent des notes de petits fruits rouges à noyau bien mûrs, d’humus et de réglisse, de bouche chaleureuse et puissante, encore très jeune, superbe, concentré et très parfumé en finale. Le 2007 est exceptionnel, de couleur pourpre intense, aux tanins riches et savoureux, très parfumé (prune, mûre, poivre, cannelle…), alliant puissance et finesse, gras et intensité, étonnant par sa structure, un grand vin bourguignon comme on les aime, de grande évolution. Le 2006 est un grand vin racé, dense et charnu, de grande charpente, de belle couleur pourpre, très bien équilibré, d’une grande qualité aromatique soulignée par un fruité hors du commun, avec, au nez, ce bouquet subtil de petits fruits, de fleurs et d’épices. La bouche est d’une grande précision avec des tanins soyeux, associant structure et élégance et des nuances complexes (mûre, cannelle, poivre), Le 2005 est l’archétype de ce que doit être un très grand vin bourguignon où le velouté s’allie à la structure, la complexité d’arômes (fruits noirs, champignons, poivre…) à la subtilité d’une matière pleine et riche, un très grand vin, de très grande garde. Le 2004 est très racé, de robe grenat profond, au nez complexe où dominent les fruits cuits, légèrement épicé, légèrement poivré, tout en bouche et très subtil comme nous les aimons, un vin gras, de grande garde. Le 2003 est un grand vin racé, coloré et très parfumé (cannelle, cuir et violette), puissant au nez comme en bouche, aux tanins présents et très élégants à la fois, de bouche persistante, très prometteur. Le 2002 est de belle robe grenat, riche et structuré, au nez persistant où dominent des notes de cassis, de griotte et d’épices, riche et long en bouche, puissant, savoureux, de lente évolution. À la suite, les 2001 et 2000 sont particulièrement réussis, d’un beau rouge grenat, puissants, presque sauvages, aux arômes très concentrés d’épices, de mûre et de cassis, de grands vins. La couleur est intense, beaucoup de matière, très bel équilibre tanins-acidité-alcool. Le millésime 1999 suit, très réussi ici, gras et suave, d’une richesse et d’une complexité très fines, avec ces notes subtiles de fruits rouges mûrs, d’humus et d’épices, de grande garde.