* Millésimes à boire : ce qu’il faut retenir pour ne pas se faire avoir !

Pour les vins, la qualité du millésime n’est pas suffisante en soi, c’est son devenir, son potentiel qualitatif, dans le temps, qui importe le plus. Il y a toujours un moment où les vins sont bons dans leur cycle de vie.

Il n’y a pas de mauvais millésimes, il n’y a que des millésimes «délicats» ! Chaque année, cette note change, et il s’agira donc de noter, différemment ou non, selon l’évolution des vins, leur réelle valeur du moment. C’est tout l’intérêt de la Voir la Vintage Code ©.

Si le millésime 2009, globalement, est formidable dans toute la France, il est encore un peu tôt pour en parler.

Alsace

Le millésime 2008 est nettement plus réussi que le 2007, particulièrement difficile (il y a des exceptions), les 2006, 2005, 2004, 2002 et 2001 sont savoureux, le 2003 a été plus délicat à vinifier (en Vendanges Tardives, misez sur les 2006, 2004, 2001, 2000, 97 ou 89). Il existe une réelle convivialité des hommes de la région et leurs vins atteignent une typicité rare, procurant la joie du vin, à des prix qui ont tendance à monter. Attention à la complexité des terroirs, voire à l’amalgame entre des crus et des lieux-dits. Il faut rechercher la fraîcheur et la vivacité, au détriment de vins trop souples, qui deviennent de plus en plus “douceâtres”.

Beaujolais

Pour les crus, le 2008 est prometteur, et le 2007 a été très difficile à maîtriser, le 2006 est excellent, le 2005 très typé, le 2004 est un millésime dense et très aromatique, et le 2003, trop mûr, beaucoup moins intéressant. La force du terroir donne une réelle typicité à chaque cru, et les meilleurs vignerons s’évertuent à sortir de beaux vins, chacun représentatif du style de son appellation.

Bordeaux

– Dans le Médoc, Misez sur les 2008, 2007, 2006, 2004 et 2002 (supérieur au 2003), voire 2001, très classiques, et faites-vous plaisir avec les 99, 97, 96 ou 90. La priorité, c’est de laisser s’exprimer son terroir, en respectant la vigne, en limitant les rendements, en pratiquant la lutte raisonnée, en laissant faire la nature… Il y a une dizaine d’années, le travail des vignes avait été délaissé dans certains grands crus, au profit de la vinification et d’expériences à outrance. Si les techniques modernes sont souvent remarquables, les propriétaires traditionnels continuent de faire ce qu’ils savent faire, en se servant des progrès mais sans masquer leur typicité. De Pauillac à Saint-Estèphe, de Moulis à Margaux, à Listrac comme à Saint-Julien, en Haut-Médoc et en Médoc, les coups de cœur sont nombreux. En parallèle, les prix très exagérés de certains vins renommés sont difficilement cautionnables, surtout pour le 2005.

– Structure, charme, intensité, distinction, les plus grands vins de Pomerol sont particulièrement sensibles et marqués par leurs sols, très diversifiés. Ici, nul besoin de s’escrimer à vouloir abuser de la barrique neuve ou d’une surconcentration pour faire un grand vin, c’est le terroir qui prime, et signe la distinction. Les 2007, 2006, 2004, 2003 et 2002 sont très savoureux (le 2002 peut-être même supérieur), le 2001 remarquable, plus fin, le 2000, superbe.

– À Saint-Émilion, le 2007 est très classique et charmeur, Beaux millésimes 2008, 2006, 2004 et 2001, éclipsés à tort par les 2005 et 2003. Quelques crus ont remarquablement réussi le 2003, d’autres beaucoup moins, notamment ceux qui sont trop “confiturés”. Comme dans l’ensemble du bordelais, débouchez les millésimes 2000 à 90 en ce moment. Un certain nombre de crus pratiquent des prix qui ne sont pas justifiés. Certains se flattant ici d’élever des cuvées très “spéciales”, il faut plus que jamais tirer un coup de chapeau aux propriétaires de talent qui élèvent les véritables grands vins de Saint-Émilion, satellites compris, du plus grand des grands crus au plus modeste rapport qualité-prix.

– Du plus grand vin au plus abordable, on savoure, du nord au sud de cette “entité” des Graves, une variété importante de styles de vins. Mes dégustations en Pessac-Léognan comme en Graves, des millésimes 2008 à 2001, confirment mon Classement des valeurs sûres, celles où le talent des hommes s’associe à la race du terroir. Gare à certains prix néanmoins, comme à une concentration outrancière chez certains, au détriment de la typicité, notamment dans le millésime 2005, pour les rouges. Les blancs 2008, 2006, 2005, 2004, 2001, 2000, 98 ou 97 sont excellents. Des crus réellement exceptionnels, issus des territoires de Pessac, Martillac, Léognan, mais aussi ceux de Podensac, Portets ou Saint-Morillon, certains d’entre eux, dans les appellations Pessac-Léognan comme dans celle des Graves, bénéficiant d’un remarquable rapport qualité-prix-plaisir. C’est le berceau des grands vins blancs de la région bordelaise, aux côtés de rouges puissants et typés.

– Dans ces appellations de Côtes, misez sur les millésimes 2008 à 2000, avec l’opportunité des excellents 2006 et 2004, même s’il y a de tout, de grands vins racés et d’autres cuvées issues de vinifications trop sophistiquées, peu propices à mettre un véritable terroir en avant. Les meilleurs vins se trouvent à Bourg et à Blaye, et les grandes valeurs sûres des Premières Côtes sont incontournables. Castillon fait souvent des vins plus “modernes”.

– En Bordeaux Supérieur, les dégustations des millésimes 2008 à 2000 confirment l’exceptionnel plaisir que procurent aujourd’hui ces vins, même si, comme ailleurs, la différence des terroirs et l’élevage sont toujours prépondérants. Attention également aux cuvées trop boisées ou trop concentrées (et bien trop chères), qui n’ont aucun intérêt. Les meilleurs tiennent la distance avec des millésimes 99, 95 ou 96, excellents actuellement.

– A Sauternes, le millésime 2007 est formidable, dans la lignée du 2001.Plusieurs millésimes, en dehors du 2002 (où le plaisir est bien rare), comme les 99 ou 98 sont de toute beauté. Les 2006, 2005 et 2003 sont réussis, les 2005 et 2003 certainement moins typés, et le 2004 particulièrement savoureux et classique. Les plus grandes bouteilles à leur apogée sont aujourd’hui celles des millésimes 96, 95 ou 89, où l’on atteint le grand art.l’équilibre géologique et climatique de la région en fait un milieu naturel idéal pour cette fascinante biologie qu’est le Botrytis cinerea, ce minuscule champignon qui a le pouvoir d’augmenter la teneur en sucre des raisins, aidé par les brumes matinales des automnes qui précèdent un soleil chaud à midi, favorisant sa prolifération.

Bourgogne

Le millésime 2007 est très réussi, en blanc comme en rouge, supèrieur au 2006 pour les rouges. Les millésimes 2008, 2004, 2003, 2002, 2001, 2000 et 99 sont très savoureux. Exceptionnel 2004, en blanc comme en rouge, qui côtoie donc un 2003 atypique. Le grand 2005 suit le 2004, dans les 2 couleurs, et demande de la patience. Superbes bouteilles en blancs dans les millésimes 2000, 99, 95 ou 89, alors que les meilleurs rouges développent leur attrait dans les millésimes 99, 97, 89 ou 85. Ici, on ne s’excite pas à faire des vins “putassiers”, privilégiant ce qui doit l’être : le terroir et le fruit. L’altitude des vignes, l’inclinaison des pentes, la richesse des sous-sols en ressources minérales… Tout concourt donc ici, à faire la différence entre un bon vin et un vin sublime, et cela explique l’extrême diversité des grands vins bourguignons, qui leur donne cette typicité unique, où l’élégance prédomine toujours, en rouge comme en blanc. Voici donc ces vignerons talentueux et passionnés que je soutiens, pour lesquels il n’y a nul besoin de fioritures ni de vinifications “gonflées”, et dont les prix sont bien souvent justifiés, même si les prix remontent.

Champagne

Mon Classement est nettement remanié cette année, avec des producteurs qui montent en grade… Cette hiérarchie vient toujours, et avant tout, récompenser les efforts accomplis, le talent des hommes et leur volonté qualitative. Un bon Champagne c’est charmeur, un grand Champagne, c’est toujours un plaisir exceptionnel, que l’on n’a d’ailleurs jamais pu copier ailleurs. Les hommes et les femmes, les assemblages et les terroirs font, là comme partout, toujours la différence. Certains “vieux” millésimes sont remarquables de fraîcheur et prouvent le potentiel d’évolution des meilleures cuvées. On trouve de remarquables cuvées à des prix très justifiés, dans toute la gamme, comparativement à d’autres appellations, et on comprend le sucès de la région. On est vraiment au sommet dans la région.

Languedoc

Les millésimes 2008 à 2003 sont réussis, les 2002 et 2000 savoureux. Je soutiens les hommes et les femmes qui s’attachent à élever des vins typés par ces terroirs de garrigues, maîtrisant les rendements, respectant leur spécificité. Les terroirs ont le potentiel pour que l’on y élève tout naturellement de grands vins racés, sans vouloir copier telle ou telle appellation plus connue avec des cépages inappropriés. Pour certains, l’exagération des prix et certaines “renommées” bien trop récentes commencent à se dégonfler comme des baudruches.

Provence

L’influence des millésimes est beaucoup moins marquée ici, et l’on peut estimer une très bonne série, de 2008 à 2003, le 2002 étant un ton en-dessous). Les blancs sont souvent remarquables, et les rosés reviennent à la tête de ce type de vin (2007 et 2005 superbes).Il faut savoir choisir la bonne adresse ici, se méfier des vins et des prix de “touristes”, et de la grande cavalerie des rouges et rosés de bas de gamme que l’on débouche parfois. Ceux qui comptent sont ceux de ces propriétaires qui laissent s’exprimer au mieux les grands cépages de la région (Grenache, Mourvèdre, Cinsault, Rolle, Ugni blanc…), dans ces terroirs complexes, argilo-calcaires, caillouteux, graveleux ou sableux. Eux élèvent des vins formidables dans toutes les appellations, en rouge, en blanc et en rosé. Idem pour la Corse.

Sud-Ouest

Les millésimes 2008, 2006, 2004, 2005, 2003 et 2001 sont des réussites, le 2007 se goûte bien. Les vins ont une réelle typicité, un potentiel de garde (beaux 99, 95 ou 86) où les cépages et les sols ont leur influence et une véritable présence historique. Quelques rapports qualité-prix-plaisir exceptionnels, en rouges, en blancs secs et en liquoreux (millésimes 2004, 2000, 95 ou 90). Attention aux “microcuvées” qui apparaissent, pas typées et à des prix incautionnables, les meilleurs vignerons s’attachent ici à élever des vins racés.

Val de Loire

Le millésime 2008 est particulièrement réussi, même si, parfois, les quantités sont très faibles. Le 2007 est difficile en rouges en Touraine comme en Anjou, et c’est la raison pour laquelle les rosés -eux- sont particulièremernt savourteux.Les blancs 2007 sont dans la belle lignée des 2006, et la typicité s’allie à un rapport qualité-prix régulièrement remarquable. Pour les blancs secs, de très grandes bouteilles en Pouilly-Fumé comme à Vouvray, à Sancerre comme à Savennières ou à Saumur. Les liquoreux sont exceptionnels, notamment en Coteaux-du-Layon ou Vouvray, et les rouges associent charpente et fraîcheur, du plus souple (Touraine, Bourgueil, Sancerre…) au plus charnu (Chinon, Saumur-Champigny…), des vins qui s’apprécient jeunes mais savent aussi garder la distance (remarquables 2000, 98 ou 95). Le millésime 2002 est très réussi en blancs, difficile en rouges, et les 2004, 2003 et 2001 sont savoureux. Beaux liquoreux en 2004, 2003 et 2001, et un millésime 2005 typé, prometteur.

Vallée du Rhône

Si le 2008 devrait tenir toutes ses promesses, le 2007 est remarquable ici, peut-être supèrieur au 2006.Les 2005 et 2003 sont très mûrs, le 2002 a été très difficile à maîtriser, et le 2004 très classique, très réussi. Il faut prendre le temps de conserver ces vins, car on débouche de grandes bouteilles actuellement dans des millésimes comme 98, 95 ou 90, De Vienne en Avignon, les vins rouges et les blancs, du plus prestigieux au plus méconnu, sont denses, racés et chaleureux, et, bénéficient d’un très beau rapport qualité-prix-typicité.

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