* Montrose au sommet, et de loin !

Les trois millésimes 2009, 2008 et 2007 signent le renouveau de Montrose. Montrose, c’est un cru qui m’est cher car j’entretiens des relations privilégiées depuis trente ans avec Jean-Louis Charmolüe, qui s’est séparé de ce cru qui lui tenait tant à cœur (il s’est installé depuis à Romanin, une entité splendide aux Baux-de-Provence). Montrose est l’un des 10 vrais grands crus de Bordeaux, un très grand vin, lent à se faire, qui reste à un niveau de prix très justifié et devrait faire rougir les marchands de cuvées « bodybuildées” (à des prix incautionnables) qui sont une véritable honte à côté de ces grands vins de race comme celui-ci.

C’est la famille Bouygues qui en est donc devenu propriétaire, et Martin Bouygues a eu l’intelligence de s’entourer d’une autre personnalité de haut vol, que j’apprécie également depuis longtemps : Jean-Bernard Delmas (photo). Gérant des Châteaux Montrose et Tronquoy Lalande, Jean-Bernard Delmas est en effet l’une des (rares) figures qui reste attachée à la grande tradition bordelaise. Il “signe” les vrais grands crus de Bordeaux, ceux qui peuvent associer puissance et finesse, et deviennent alors uniques au monde. Auparavant, déjà, Haut-Brion et La Mission, c’était lui (aujourd’hui, c’est l’un de ses fils qui dirige ces propriétés). Désormais, il accompagne la famille Bouygues dans le renouveau de leurs crus. Du grand art, donc.

Les atouts de Montrose reposent essentiellement sur les qualités extraordinaires et rares de son terroir, au sens le plus général, c’est-à-dire à la fois ses aspects pédologiques et ses aspects climatologiques. En effet, les sols de la propriété sont majoritairement composés de graves pyrénéennes liées par des sables ferrugineux, posés sur un socle argileux. Les graves assurant à la fois un rayonnement solaire, qui autorise une bonne maturation des baies, et permettant un bon drainage des eaux de pluie vers les argiles ; celles-ci se gonflent d’eau et la diffusent de manière régulière et mesurée, assurant une bonne alimentation hydrique de la vigne. On observe ces caractéristiques de façon très homogène sur l’ensemble des vignes de la propriété. Par ailleurs, la position géographique du Cru, sur les coteaux qui bordent la Gironde, permet une ventilation certaine des vignes, du fait du caractère venteux du climat qui entoure Montrose.

“ Depuis mon arrivée, me dit Nicolas Glumineau, le Directeur Technique, nous avons effectué un important  travail parcellaire, ce qui nous permet d’associer les parcelles homogènes en qualité et en maturité. Pour le millésime 2007, l’année a été difficile pour maintenir le vignoble en bon état sanitaire. Lorsque nous avons réussi à protéger le vignoble contre les attaques de parasites, il a fallu veiller aux meilleures conditions pour que la maturation soit aussi complète que possible. L’arrière-saison très ensoleillée associée au magnifique terroir en croupe  de Montrose, composé de grosses graves très drainantes, le vent permanent qui souffle sur Saint-Estèphe et qui sèche les vignes, la proximité de la rivière qui garantit des températures douces l’hiver et agréables sans être trop chaudes l’été, le savoir-faire de nos vignerons, notre grande vigilance… tous ces paramètres font que nous produisons de grands vins à Montrose.

Depuis 2006, pour la première fois au Château Montrose, nous avons fait des vendanges “en vert” ainsi qu’en 2007. Pas de manière drastique, mais uniquement pour limiter de manière sensible les volumes. En 2007, notre rendement est de 53hl/ha, ce qui est tout à fait raisonnable.

Le 2007 est réussi à Montrose, car nous avons obtenu une très belle qualité de Cabernet-Sauvignon qui est notre cépage majoritaire (65% entrent dans l’assemblage du grand vin). Le Merlot apporte ce côté croquant, des notes vives et prononcées de fruits rouges,  ce qui ajoute des saveurs très agréables, très fines, très féminines. Notre assemblage est constitué de 65% Cabernet-Sauvignon 30% Merlot et 5% Cabernet franc et Petit Verdot, et l’on y retrouve une trame tannique très fondue, très nette, longue, et je suis très satisfait de la qualité du 2007. C’est un vin très classique, typé Saint-Estèphe, d’une belle longueur, où finesse et rondeur se conjuguent, un vin qui se distingue par ses tanins bien fondus, d’une très belle facture, très souples, très soyeux, très civilisés.

Notre objectif est de poursuivre notre étude parcellaire afin d’améliorer encore plus notre sélection, d’apporter la méthode culturale la mieux adaptée et les vinifications les plus fines, avec pour fil directeur, la préoccupation du respect de l’environnement.

Les trois millésimes 2009, 2008 et 2007 appartiennent à la même filiation, chacun possédant sa particularité propre,  bien sûr. Leur point commun est la richesse des tanins, dûe à l’attention portée à tous les détails.

Le 2009 est vraiment un millésime exceptionnel. Dans ma carrière de directeur et d’œnologue j’ai rarement vu un tel niveau qualitatif. À la dégustation, il y a l’élégance, la fraîcheur, l’équilibre, la structure du vin emplit la bouche sans aucune aspérité, c’est un vin qui conserve à la fois de la finesse et de la souplesse, les tanins sont onctueux, soyeux, le vin très présent, très persistant, cette belle longueur en bouche laisse une impression exceptionnelle. Un très grand vin qui symbolise ce que nous essayons de faire à Montrose : des vins de longue garde mais qu’on aura plaisir à déguster  sans attendre de nombreuses années.

Le 2008 est un millésime droit, ample, puissant, précis, d’un parfait équilibre entre onctuosité et fruité, un vin riche et complexe, d’une belle trame qui confère au vin du soyeux en finale, de garde, l’un des très grands vins de la propriété.

Le 2007 est un millésime de qualité que l’on va pouvoir apprécier un peu plus rapidement cela permettra d’attendre les millésimes plus puissants comme 2008 et 2009. Le vin est onctueux, très aromatique, d’une grande souplesse, révèlant fraîcheur et maturité, et s’appuie sur une trame tannique suave.”

LA QUALITÉ DES MILLÉSIMES QUE VOUS POUVEZ SAVOURER ACTUELLEMENT

2006 : de couleur grenat profond, un beau vin très équilibré, au nez comme en bouche, avec des nuances de groseille, de cassis et de truffe, des tanins riches, à la fois puissants et savoureux. 2005 : grandissime millésime. Structure de cathédrale, grande complexité d’arômes (prune, sous-bois, poivre), tanins denses et savoureux à la fois, couleur profonde, un très grand vin, de lente évolution. 2004 :  exceptionnel, d’un grand classicisme, de couleur dense, presque noire, avec de beaux reflets vifs et brillants. Les notes de fruits rouges et de fumé, se conjuguent dans une complexité aromatique que l’on retrouve en bouche dans un bel équilibre, soutenu par des tanins très enrobés. Densité et complexité en font un vin de lente évolution. 2003 :  robe pourpre soutenu, aux notes de truffe, de cuir et de mûre, concentré et charnu, un vin riche en arômes comme en matière, aux tanins très denses, complet, complexe, de garde. 2002 : une grande réussite. De robe intense, au nez persistant, aux tanins denses, gras, d’un grand équilibre en bouche, un beau vin riche, de belle évolution. 2001 : superbe. couleur, concentration d’arômes, structure et finesse sont associés dans ce grand millésime encore fermé, de robe profonde, aux tanins très fermes et savoureux à la fois, de garde. 2000 : très classique de ce grand millésime. De couleur pourpre, au nez où s’entremêlent des notes de cannelle et de fruits macérés, un vin riche, d’une belle longueur, qui commence à se fondre. 1999 : très grand vin, de robe pourpre intense, très riche, complexe, très structuré, avec beaucoup de matière, une belle richesse d’arômes où dominent les fruits cuits. 1998 : très ferme, robe d’un rouge rubis foncé, nez puissant, de bouche veloutée, avec de la matière et du fruit, aux tanins riches et soyeux à la fois, d’une longue finale avec des arômes secondaires de fruits très mûrs. 1997 : plus mûr, plus velouté, arômes fins, un beau vin ample qui commence à peine à s’ouvrir, idéal à déguster maintenant. 1996 : superbe, un nez envoûtant de gibier, un grand vin très riche, très aromatique, du charme, de la complexité, de la puissance, de grande garde. 1995 : très élégant, intensité aromatique, persistance en bouche, tanins encore bien présents, dense, qui poursuit sa belle évolution.


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