Une semaine passée (avec plaisir) en Bourgogne. Je reviendrais plus précisément sur notre grande dégustation organisée chez mon ami Denis Thomas (Moillard) qui réunissait les meilleurs vignerons de la Côte-d’Or (Pouilly-Fuissé en plus). D’une manière générale, faisant suite à des millésimes 2005 (superbe) et 2006 (très typé, très fin), les 2007 sont particulièrement réussis en Bourgogne et les terroirs jouent à plein.
Mon étape à Chablis a prouvé que le 2007 est exceptionnel dans la région. Que ce soit le réchauffement climatique, l’âge des vignes ou le talent des vignerons, Chablis atteint son apogée en ce moment car les vins associent ce qu’il y a de plus difficile à atteindre : la fraîcheur et la suavité. Les vins n’ont jamais été aussi bons (pas tous).
Chablis, parlons-en. On sait que l’appellation s’est largement étendue et que, par nature, les territoires élargis ne sont pas forcément devenus des terroirs… Dans Chablis, il y a de tout : un négoce où le bas de gamme cotoie une qualité irréprochable (Michel Laroche en est le digne représentant), une coopération très (trop ?) importante, des producteurs scrupuleux et d’autres moins. On passe sur ceux qui cassent les prix ou ne font que du « chardonnay » du coin pour se concentrer sur les vignerons passionnés.
Chablis, donc, est, qualitativement- au sommet de sa gloire et de son potentiel. Deux raisons : des prix très sages et une typicité extraordinaire (valable pour les Grands et Premiers Crus) où ce terroir kimméridgien unique développe ses particularités (un Beauroy n’a rien à voir avec le Mont-de-Milieu) et donnent ces vins denses et fins à la fois, garants d’un potentiel d’évolution qu’il serait de bon ton d’apprécier comme il se doit. Il y a donc des vins superbes, ici, ert des producteurs talentueux. Pour faire court, je vous renvoie à mon Guide où au site de MILLÉSIMES. On les a d’ailleurs réuni amicalement chez Gérard Tremblay.
Premier exemple : les vins du Domaine Pinson. Dégustation puis dîner sympa avec Laurent Pinson et son épouse. Je connais ce domaine depuis 20 ans. On y a toujours élevé des vins superbes, très typés, et les travaux qu’ont entrepris les frères Pinson vont leur permettre de travailler encore plus efficacement et sereinement. J’aime bien ces deux frères qui s’attachent à poursuivre l’œuvre entreprise par leur grand-père et conservent intacte leur passion, millésime après millésime. Leur 2006 est une grande réussite, des vins tout en nuances d’arômes, encore très jeunes bien sûr, très classiques de leur appellation et de leur terroir, vifs mais denses. Le 1990 débouché dans leur caveau (un lieu très chaleureux) est formidable de jeunesse. Au dîner, Laurent n’a pas hésité à nous faire découvrir deux vins (remarquables, ils seront dans le Guide) de ses amis, un geste qui, à lui seul, mérite un coup de chapeau.
Deuxième exemple. Mon ami Gérard Tremblay. On se connait depuis le premier Guide. Il a créé, avec sa charmante épouse, Hélène, un vignoble de quelque 35 ha de toute beauté et a su transmettre à ses deux enfants ses deux passions : le vin et… le sport automobile (les trois courent en circuits). Déjéûner en famille avant de regagner Bordeaux. Des vins rares. À table, on jongle avec des millésimes 1984 (étonnant d’équilibre quand on sait que c’était un « petit » millésime), 1985 (extraordinaire), 1986 (plus fermé, très typé) et un 1978 (vous lisez bien), un véritable gouffre d’arômes, très complexe, dont la fraîcheur ferait pâlir d’envie beaucoup de producteurs de vins qui n’ont pas encore compris que le seul gage de qualité reste l’évolution dans le temps. Bref, du grand art. On en repart conquis, et c’est bien ce qui compte.