Il faudra si faire. Est-ce un véritable réchauffement climatique, une série de hasards, les deux associés à une réelle maîtrise du suivi de la vigne et des vendanges de plus en plus pointues, on assite en fait depuis le millésime 95 à un suivi qualitatif, régulier et permanent des millésimes dans la majorité des régions viticoles.
Il y a des exceptions (2002 très difficile en vallée du rhône), des revirements (certains 2002 sont meilleurs intrinsèquement que des 2003, un millésime atypique partout, dans quelques appellations médocaines)… bref, on fait du très bon vin chaque année depuis 10 ans, avec, bien entendu, des millésimes qui ressortent du lot mais sans pourtant disqualifier ce que certains appelaient des « petits » millésimes (97, 99), au risque de passer pour des imbéciles quelques mois plus tard.
A Bordeaux, le 2006 est donc pour l’instant (je le vois puisque j’y vis) extrèmement prometteur en blanc, certains amis propriétaires le mettant avant le fameux 2005. Mes appels dans d’aures régions (Champagne, Chablis, Sancerre, Rhône…) confirment la même tendance vers le haut. Les vendanges des rouges se poursuivent (certaines se terminent) et là encore, ce climat « tropical » (à prendre avec humour) favorisent une qualité optimale, tant que l’on a maitrisé les éventuels risques de pourriture, très peu fréquents. Cela tombe bien, puisque cela réussit aussi à la pousse des cèpes…
Il sera peut-être difficile, pour certains bordelais, dans la mesure où le 2006 est « proche » du 2005 (qui n’était pas, lui non plus, 3 fois meilleur que le 2004, au demeurant un millésime très classique, dans la lignée des 98 ou 88) d’expliquer la hausse démente de quelques prix lors des « primeurs 2005 ».
Il faut que la sagesse et l’humilité prédominent, et que la politique spectacle d’une poignée de producteurs ou marchands ne vienne pas ternir les efforts de ce monde du vin qui nous est cher.