* Le vin, ce n’est pas une boisson, ni une « Lubie »

Je viens de recevoir le dossier de presse de « Lubie to go, le pack vin rosé ludique et pratique ». Croire suivre la mode en proposant des vins comme on vendrait un soda (ou une bière) me fait toujours rigoler, mais -en plus- il est dangereux de présenter le vin comme cela.

Voici pourquoi :

1/. Il est intolérable pour moi de cautionner le coté « ludique » du vin, car cela ne fait que renforcer les mouvements anti-alcooliques. Boire du vin, ce n’est pas un jeu, ni une façon de s’amuser. J’apprends à mes enfants (adolescents) à goûter, apprécier, déguster, rechercher les arômes, faire les différences… et non pas à picoler n’importe quoi ou un produit alcoolique joliment présenté comme celui-ci. Le vin, c’est d’abord une culture, c’est se moquer de nos vignerons que de l’occulter, et promouvoir du vin comme cela c’est aussi une manière d’inciter à boire de l’alcool (notamment les jeunes) pour le « fun », et ce n’est vraiment pas ce que je défends depuis 30 ans (*).

2/. Vendre le coté « pratique » n’est pas moins justifié : si l’on a soif, on boit de l’eau. Ouvrir une bouteille de vin, c’est partager un moment d’art de vivre, et pas -encore une fois- se désaltérer. En promouvant cela, on réduit le noble vin à un produit comme un autre, standardisé, et on évacue l’acte de plaisir, de découverte. Pour moi, le vin n’a jamais été une boisson. Le vin, c’est bien un art à part entière. Nul ne peut apprécier un Picasso ou un Van Gogh, le jazz ou l’opéra, une sculpture, une culture différente de la sienne sans un minimum de connaissance. On ne peut aimer les uns et les autres que si l’on comprend le pourquoi des choses et la passion humaine. Et bien, pour le vin, c’est pareil : il faut expliquer pourquoi un Chinon ne ressemble pas à un Gigondas, expliquer le terroir, le cépage, l’alliance de l’un et de l’autre, il faut expliquer encore que le Cabernet franc est différent du Grenache, et conseiller, c’est fondamental, l’accord des vins et des mets, selon les habitudes régionales, les gens, l’humeur… Ce qui compte, c’est l’originalité. En dégustation, un consommateur doit pouvoir reconnaître un Saint-Émilion, un Châteauneuf-du-Pape de par cette diversité des cépages si bien adaptés aux différents terroirs français. La force du vin, c’est d’être un produit vivant et convivial. C’est donc un art de vivre, celui d’aimer la force de la nature, de rêver en lisant quelques vers de poésie, de partager un nectar, en sachant que la qualité passe par la diversité, que l’extase est la même avec un très grand cru ou un vin modeste, puisque seuls comptent le plaisir de l’instant et celui du goût et du partage. Ce goût du vin, c’est avant tout culturel, c’est une question de mémoire collective avec une histoire, une tradition, ce que ne pourra jamais offrir un vin “fabriqué”, français ou étranger.

3/. Découlant de cela, vendre le coté « séduction » est tout aussi ridicule. La séduction, ce n’est pas la frime ou la facilité. On vous abreuve sur ce site des mots « Féminin », « Naturel », Rafraîchissants », « Contemporain »… bref, on sous-entend que ceux qui dégustent le vin comme on le fait sont des ringards, et que c’est être moderne que de s’enfiler une cannette ou une bouteille de vin en alu.

Vous l’avez compris, du pur « business », on ne vend que du marketing, pas le vin, pas le producteur qui l’a fait (c’est quoi, ce rosé, d’où sort-il ?), c’est navrant. Merci « Lubie » !

(*) Sur ce site, aucune mention légale… Voir « Lubie »

Millesimes

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.