* À lire « Le Monde », on ne se trompe pas…

Cela fait du bien (même si on a l’habitude de savoir où l’on pose nos pieds) d’être conforté dans notre éthique et nos réalisations.

On ne s’est pas trompé sur nos investissements dans le Net

Cela fait plus de 10 ans que j’ai investi beaucoup de temps et d’argent, sur Internet. On sait que le résultat est au-delà de nos espérances tant on ne peut aujourd’hui se passer de nous sur le net.

Bref, partout, du Japon au Canada, de la Belgique aux Etats-Unis, tous ceux qui ont un peu de vision et pas mal de jugeotte, vont dans le même sens : il n’y a que par le Net que le livre se développera ! Personne, ni les consommateurs, ni les éditeurs « classiques » (j’en connais pas mal qui n’ont rien compris) ne pourront l’éviter. On le voit avec les initiatives de numérisation d’une bibliothèque mondiale développée par Google, qui n’est pas le premier venu… et propose un « accord à l’amiable, qui autoriserait Google à scanner et à vendre sous forme numérique tous les livres épuisés en librairie, sauf opposition expresse de l’auteur ou de l’éditeur. Le géant de l’Internet toucherait 37 % des bénéfices, les 63 % restants revenant aux ayants droit. » Voir l’article.

Au grand dam de certains de ces éditeurs, qui sont encore en train de nous prendre pour des pigeons en mettant en vente un livre « papier » (vendu à 25 €) proposé en version numérique (pdf) à 17 ou 19 € !!! C’est beaucoup trop cher (cela devrait valoir pas plus de 9 ou 10 € puisque on se passe des coûts d’impression et de diffusion) et cette politique de « fuite en arrière » ne fait que cacher leur peur de la réalité de demain.

Eh bien , je vous l’avoue : je marche avec Google sans hésiter. En tant qu’éditeur certes, mais surtout en tant qu’auteur. Pour info, il faut savoir que la plupart des droits d’auteur sont rémunérés par leur éditeur sur les ventes des livres, moyennant 5 à 15 %. Je ne suis pas à plaindre puisque les miens évoluent depuis des années entre 12 et 15%. Mais ce qui compte dans un livre, c’est bien son contenu. Et 95 à 85% pour les éditeurs-distributeurs, ce n’est franchement pas rien, et, proportionnellement au contenu, bien trop. Passons.

Tout se met en place. Un exemple déjà avec le livre Level 26, un “livre multimédia” par Anthony Zuiker qui combine les trois médias: le livre, le film et le web. « Autour de ce livre, un site web a été crée, pour permettre aux lecteurs d’intéragir, mais pas seulement. Le site web sert aussi de support pour des mini-films écrits et dirigés par Zuiker. » Voir le site.

Vraiment novateur, et on est pas loin de ce que l’on prépare pour le Guide.

Un autre exemple avec Le sens des choses, de Jacques Attali: le premier hyperlivre, le livre (décevant par son contenu éditorial), à une démarche très originale (remarquable en cela) et se veut un « hyperlivre » : « dans de nombreux articles, on trouve un code, appelé Flashcode, qui permet à tous ceux qui ont un lecteur Flashcode sur leur téléphone portable, d’accéder directement à une page web, où ils pourront lire une vidéo, du texte, ou encore écouter de la musique, pour compléter leur lecture du livre »

Tout cela n’est pas mal, et on étudie aussi cette piste.

Les projets deviennent réalité

Découlant de cela, j’ai déjà écrit (c’est l’édito de mon Guide) ce que je pensais de l’avenir du livre et… des guides (dont le mien). Pour mémoire : « L’édition est entrée dans une phase irréversible : le support “papier” devient le complément de l’édition électronique, rien de plus. Si les magazines luxueux comme MILLÉSIMES et les romans ont toujours une raison d’être -ce qui n’empêche pas de les “coupler” au Net, éditer un guide (de vin, de tourisme ou de cuisine) de façon traditionnelle n’est plus suffisant, presque obsolèteRendez-vous compte : on va avoir accès au contenu du GUIDE sur son ordinateur ou son téléphone portable, entrer directement en contact, d’un simple clic, avec les propriétaires sélectionnés, accèder à leur site, recevoir une Newsletter,, etc, etc… Sans oublier les traductions ! Si le site de MILLÉSIMES est déjà traduit en plusieurs langues (Anglais, Espagnol et Allemand), si nous avons de nombreux autres sites et blogs dans ces mêmes langues, il ne manquait plus que ce soit au tour du livre que vous avez entre les mains. C’est une vraie révolution dans la manière de réaliser un guide. Je connais aussi la force des “e-paper” (livres électroniques) qui permettent de télécharger, gratuitement ou pour quelques euros, tout ou partie d’un livre.”

La première étape de notre projet se concrétise : nous venons de finaliser un script (programme) informatique unique dans le monde du vin, qui est opérationnel, donc en ligne, et annonce (pour sa part) le schéma éditorial et structurel que je vais mettre en place dans les sites de MILLESIMES, puis, surtout, pour mon prochain GUIDE DES VINS. En deux mots, aucun autre guide n’apportera autant d’informations, consultables gratuitement, avec une telle spontanéité.

Une véritable encyclopédie mondiale du vin, gratuite, accessible immédiatement et interactive. Elle est © Patrick Dussert-Gerber, puisque tirée principalement de ma propre Encyclopédie des Vins et Vignerons du monde. Pour exemples : une page Alsace et une de Bordeaux. D’un seul clic sur le mot (en couleur bordeaux en l’occurence, pour s’adapter aux tons de la maquette), on accède et on associe des milliers (milliers : vous lisez bien !) d’entrées sur le web, sous forme de « pages », qui seront autant de sources pour les moteurs de recherche, Google en tête, naturellement.

Autrement dit, dorénavant, quand on tapera un simple mot comme « cépages » ou « médoc » ou « merlot », on tombera sur ces pages et on aura donc accès à nos sites. De quoi sacrément booster le nombre de nos visiteurs et faire prendre un sacré « coup de vieux » aux autres bouquins de vin… Ce principe sera progressivement étendu à nous autres sites.

La nouvelle « consommation » du livre

Si certains doutent encore de notre avance sur le Net, et, dès 2010, dans celle d’éditer un Guide des Vins digne de ce nom, moderne, interactif et visible mondialement, il semble que je ne sois pas réellement à contre-courant puisque cet article du Monde est très explicite. Quelques extraits:

1/. « Le CD a transformé la musique, le numérique l’a révolutionnée. Le livre connaît à son tour le même bouleversement« , analyse Laurent Rabatel, cofondateur de Robert ne veut pas lire. Lancée il y a dix-huit mois, cette maison d’édition québécoise fait le pari de la dématérialisation et ne publie que des œuvres pensées et écrites pour être lues sur des écrans. « Les modes de consommation changent. La musique, la vidéo se consomment autrement, pourquoi pas le livre« , interroge le jeune éditeur.

A l’heure où Google accélère son projet pharaonique et controversé de numérisation de la production littéraire mondiale, une nouvelle génération d’éditeurs investissent le champ des ebooks, ou livres numériques. « Jusque-là, on cherchait essentiellement à numériser ce qui existait déjà. On entre aujourd’hui dans une nouvelle phase : une production dédié au numérique« , explique Clément Monjou, rédacteur en chef du site Internet eBouquin.fr. »

2/. « Cette révolution littéraire est déjà digérée au Japon, royaume de la technologie. « Difficile de trouver dans l’Archipel une Japonaise de 15-24 ans qui n’ait pas lu « Koizora », ni vu le film ou la série TV du même nom« , écrivait Karyn Poupée, correspondante du Monde à Tokyo, il y a tout juste un an. En effet, ce roman numérique avait déjà été lu par 25 millions de Japonais avant que des éditeurs se décident à en imprimer une version papier. Mika, une jeune auteure inconnue, l’avait simplement déposé sur un site de téléchargement d’ebooks. »

3/. « On a tous la même image du livre en tête : 200-300 pages avec un début, un milieu et une fin, cependant le numérique offre d’autres possibilités », insiste Gautier Renault. L’éditeur veut garder le principe de série, un moyen facile de fidéliser le lecteur. Il réfléchit cependant à en enrichir le contenu, en proposant par exemple une bande son originale, comme dans les films. Une étape déjà franchie par Enhanced Editions.« En plusieurs centaines d’années, peu de choses ont changé dans notre manière de lire un livre. Jusqu’à maintenant ! », prévient sur une vidéo, la start-up anglaise. Elle propose une interface qui se veut « l’évolution naturelle du livre ». Présentée sur un iPhone, elle permet au lecteur de basculer librement du texte à une lecture audio ou à un player vidéo. Le livre est mis en scène pour devenir un véritable produit multimédia. »

4/. « Du côté des grands éditeurs, c’est « la politique du sous-marin« , observe Clément Monjou, rédacteur en chef du site Internet eBouquin.fr. La plupart d’entre-eux ont développé des pôles technologiques, mais le marché est encore trop restreint pour qu’ils décident de réaliser de véritables investissements. Les éditions numériques accompagnent de plus en plus souvent les versions papier, mais il ne s’agit, la plupart du temps, que d’une transposition pure et simple de textes écrits pour le papier. Pourtant, pour Marin Dacos, directeur du centre pour l’édition électronique ouverte (CLEO), il faut penser aujourd’hui le livre numérique comme une application à part entière. Le chercheur du CNRS anticipe son entrée dans l’ère du Web 2.0. Avec la géolocalisation pour recentrer l’information sur le lieu où le lecteur se trouve, avec un enrichissement contextuel ou encore de la traduction à la volée… L’ebook a le pouvoir de rompre la linéarité du livre. « C’est un peu comme les livres dont vous êtes le héros, on peut créer une interaction avec le lecteur et le rendre actif dans sa lecture », anticipe le chercheur. »

On n’a pas dévié de notre éthique : la défense du terroir

Inutile que je rabâche ce que je dis depuis 30 ans : cet autre article du Monde de Jean-Robert Pitte (je ne regrette pas de m’y être abonné) le fait tout aussi bien. De nouveaux extraits, donc :

1/. « Aujourd’hui, on ne boit plus du vin pour se nourrir, mais pour rêver. C’est pourquoi la tendance des vins de cépage qui domine le marché anglo-saxon et que certains grands groupes de spiritueux, voire enseignes de luxe, y compris de France, estiment très prometteuse est nécessairement vouée à l’échec à plus ou moins long terme. Comment vibrer en consommant des vins technologiques, même bien faits, aux bouquets et saveurs si reconnaissables, qu’on en a vite fait le tour et qu’au lieu d’en tourner et retourner une petite lampée en bouche, on ne songe qu’à les avaler pour éprouver vite la pauvre sensation euphorique que procure toute boisson alcoolisée, avec en prime les dangers de l’addiction ? »

2/. « Dans l’univers du vin, rien de plus facile que de s’occuper avec intelligence et délectation : il suffit de piocher dans la famille de ceux qui ont une origine, qui ont comme aime à le dire le bon maître de l’oenologie du plaisir, Jacques Puisais, « la gueule de l’endroit et la tripe du vigneron ». En un mot, ce sont les vins géographiques, ceux qui jouent la vie, la franchise et la subtilité, même lorsqu’ils sont de petite naissance, un peu comme les « vraies gens ». Il existe de merveilleux vins de Loire, du Sud-Ouest, y compris de Bordeaux, d’Alsace ou d’ailleurs dans le monde pour quelques euros, parfois même moins de cinq. A côté de certaines cuvées passe-partout, aussi tapageuses qu’onéreuses, et qui ne varient pas d’un iota d’une année sur l’autre, il n’y a vraiment pas photo et bien fol est celui qui se refuse à exercer son imagination. »

3/. « Conduisez au contraire un groupe d’étudiants par un petit matin frais dans les vignes de Pouilly, face à la Loire qui sort de la brume et promène ses méandres argentés. Expliquez-leur ce qu’est un terroir, faites parler un vigneron du cru qui expliquera pourquoi le sauvignon se plaît tant ici et comment il le traite pour qu’il donne le meilleur de lui-même. Puis, donnez à chacun un verre de ce pouilly-fumé qui a vu le jour ici, faites-leur admirer le soleil levant au travers du vin qui passe du jaune pâle à l’or, faites-leur humer les effluves mêlées de silex, d’agrumes, d’aubépine et de ciboulette, puis invitez-les à caresser une gorgée du bon vin entre langue et palais en l’aérant pour en reconnaître à la fois la vivacité, le charnu, le fruit mûr et le miel, le mélange d’arêtes vives et de rondeurs. »

4/. « Tout aliment peut procurer la même émotion. On peut dépenser beaucoup d’argent en faisant ses courses et en choisissant les produits les plus stéréotypés de l’industrie agroalimentaire mondialisée, souvent peu diététiques de surcroît. Au contraire d’humbles racines et légumes verts, bas morceaux de boeuf, merlans, sardines et oeufs fermiers achetés au marché et géographiquement renseignés sont légers pour le porte-monnaie et peuvent conduire à d’intenses plaisirs, à condition d’avoir été choisis avec soin et un peu cuisinés. C’est cela la gastronomie, et c’est ce plaisir de bien manger pour mieux être que les Français et tous les habitants de la planète peuvent cultiver, maintenir ou retrouver. »

Superbe, non ?

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