À la tête des Premiers Grands Vins dans mon Classement, dans les 3 couleurs, ce qui est rarissime. Cela fait des années que j’avoue un faible pour Mme Ferrari, qui, ici, face au fort de Brégançon, dans un site sauvage et unique, s’occupe de ses crus avec passion et talent, associant l’élégance à une politique qualitative exemplaire.
Secondée par l’efficace œnologue Jean-Jacques Coll, elle s’attache aussi à ce que le contenant soit à la hauteur du contenu puisque les vins sont présentés dans des bouteilles d’un vert sombre qui préserve leurs robes délicates des ultraviolets, avec un ruban cacheté à la cire (à la main), un habillage personnalisé pour ces vins d’exception, tout en élégance, à l’image de leur propriétaire. On développe donc ici une politique qualitative extrême, en laissant s’exprimer au mieux les grands cépages provençaux, qui, dans ce contexte, prouvent qu’ils sont capables de rivaliser avec d’autres, plus réputés (voir article Talent dans www.millesimes.fr).
Excitez donc vos papilles avec ce splendide Côtes-de-Provence Malherbe rouge 2003, issu d’une longue fermentation avec pigeage, puis élevé en foudres de chêne, très traditionnel, marqué donc par des cépages comme on devrait en voir plus souvent, les remarquables Syrah (70%) et Mourvèdre (30%), un vin très typé et charpenté, encore bien jeune, aux arômes de fruits cuits (cerise noire, groseille…), de cannelle, légèrement poivré, riche et coloré, de belle teinte grenat, dense au nez comme en bouche, à savourer sur un gigot. Le Malherbe Blanc de blancs 2004 fait partie des très grands vins de France, issu d’un pressurage direct en grains ronds des cépages typiques Rolle, Sémillon et Ugni blanc, élevé sur lies fines, d’une grande complexité d’arômes avec des nuances de chèvrefeuille, de citronnelle et de pêche jaune, opulent et suave, et d’une grande finale, parfait sur une viande blanche comme sur un homard. Formidable (c’est le mot) Malherbe rosé 2004 (40% Tibouren, 40% Cinsault et 20% Grenache), provenant d’une courte macération après éclatement des raisins, un vin marqué par une formidable suavité, gras et parfumé, d’une grande intensité aromatique au nez où dominent les fruits mûrs, la rose et la pivoine, puissant, d’une grande persistance aromatique en bouche, vraiment hors normes. Autre richesse de la propriété, ce Pointe du Diable rosé 2004 (50% Cinsault, 40% Grenache et 10% Cabernet, par saignée après courte macération), un vin très bien équilibré, d’une belle harmonie, tout en fruité et en finesse, souple, aux arômes de fleurs et de fruits secs. Goûtez aussi le Pointe du Diable rouge 2002 (60% Syrah et 40% Grenache, élevage en foudres de chêne), d’un beau pourpre profond, avec des arômes de fruits noirs mûrs, de violette, d’épices, d’une belle finale bien équilibrée. Exceptionnel rapport qualité-prix-plaisir, qui renvoie à une cour de récréation d’autres crus plus connus et beaucoup plus chers. Du très grand art. www.vinsdusiecle.com/chateaumalherbe