* Trop, c’est trop, ou… de la crise du bon sens

La crise financière américaine est à rapprocher -toutes proportions gardées, on s’en doute- de celle qui devrait frapper certains crus bordelais.

Je m’étais déjà élevé contre le prix d’une bouteille du Château Ausone (éliminé de mon Guide depuis un bon bout de temps, on comprend mieux pourquoi). Mon article est d’ailleurs repris en pole position chez Google (tapez « prix Ausone 2005″). Extrait : « – Dans la même appellation, on peut faire beaucoup plus fort : 3.558 € la bouteille (vous lisez bien) du Château Ausone 2005 (2 fois et demi le smic), et, mieux (3 fois le smic, bravo), 4.187 € chez Wine and Co… »

Je reviens sur cela car nous en avons reparlé à l’antenne de France 3 Aquitaine, lorsque j’étais l’invité Jeudi dernier de l’excellente émission « C’est mieux le matin » : une équipe jeune, positive et dynamique, très bien mené par Eric Perrin, avec des chroniqueuses efficaces et charmantes (Géraldine Rabier : « j’apprécie les gens comme vous qui n’ont pas de connivences », me dit-elle, Sophie Charbonnier, Marianne Caussade et Laetitia Vans… faut avouer que j’étais bien entouré ce jour-là ! ). Bref, nous parlions du Guide, des foires aux vins, etc, et du prix d’Ausone justement. On se rend compte alors du surréalisme que cela engendre et cela devient gênant de reconnaître qu’hélas, oui, il y a des vins à ces prix (de mémoire, 2.900 € la bouteille « en promo » dans une grande surface)…

La question qui m’était posé était très simple : « Que pensez-vous de ce prix… est-il justifié… » et ma réponse tout aussi simple (et ironique) : « non. Cela ne peut que servir à blanchir de l’argent ».

J’en arrive à mon sujet : la crise des subprimes et des banques/assurances américaines est tout bonnement méritée à mon sens. C’est l’échec de l’argent facile, de l’argent sans odeur, sans valeur, de celui du plus mauvais des mauvais côtés du capitalisme (je rappelle que je soutiens Sarkozy, au cas où certains penseraient que je sombre dans la béatitude de Ségolène). Cette course d’arrivistes qui a mis sur le tapis des centaines de milliers de foyers américains, surendettés à outrance, est franchement écœurante. J’ai lu, qu’entre temps, les gains des patrons de ces boîtes en faillite se comptaient en milliards de dollars. Comment ne pas se révolter ?

Il y a un parallèle à faire : franchement, cela fera du bien à ces vins ultra surcôtés de sombrer dans l’oubli (ou de redescendre de leur piédestal de cristal), faute d’acheteurs ou par simple bons sens des consommateurs aussi fortunés (que snobs ou mal informés par des médias qui continuent à promouvoir de tels prix).  Car on va dans le même sens: l’argent-roi, le dédain des autres, le décalage avec la vraie vie.

Et le vin, ce n’est pas cela. Depuis trente ans, je me bats pour défendre et promouvoir le rapport qualité-prix-typicité. On voit que j’ai eu raison d’éliminer un bon nombre de « grands » vins, à l’inverse de confrères-courtisans qui ne ratent pas une occasion de bien parler de ces crus, invitations et promotions à l’appui. Il suffit d’ouvrir le « spécial vins du Figaro-Magazine », aussi décalé de la réalité que proche des puissances de l’argent.

Eh bien, aujourd’hui plus qu’hier, il faut poursuivre dans ce sens :  ne pas se faire avoir par la frime, justifier les prix (voir mon article sur les vins de Bordeaux), soutenir les vrais vins, du plus grand au plus modeste. Rappel : « Cela amène le consommateur à penser qu’à Bordeaux on parle trop de classements, de jalousie, de prix, de frime et pas assez de qualité intrinsèque du vin et cela porte tort à toute la région, même aux Bordeaux les plus modestes. Ajoutez à cela une vraie crise sociale snobée par quelques propriétaires et négociants qui préfèrent aller chercher ailleurs ce qu’ils devraient promouvoir venant de leur région. En fin de compte, on se moque de savoir si un cru est classé ou non, que les Côtes soient réunies ou pas, ce qui importe, c’est ce qu’il y a dans la bouteille et le rapport qualité-prix-plaisir ! »

Souhaitons donc que cette « crise » américaine soit salutaire : il faut -enfin- cesser de promouvoir, dans le vin comme dans la vie, toute spéculation financière outrancière. J’assume et signe.

INFO

On n’avait pas encore vu çà : tapez l’expression « les vins qui comptent » dans le moteur de recherche de Google et nous sommes les 10 premiers -vous lisez bien : les 10 premiers sites sont à nous- sur 109.000 liens ! Suffit de cliquer là pour s’en assurer.

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