* Les éliminés… ou ceux que vous n’allez sûrement pas trouver dans mon prochain Guide

C’est l’un de mes moments les plus « hards » de l’année : 10 à 12h par jour sans interruption, je rédige mon Guide. Mes dégustations sont pratiquement terminées et je vais faire intervenir d’autres critères déterminants pour retenir ceux qui seront dans le Guide… ou pas.

Car déguster un bon vin ne suffit pas. Je m’en tiens à trois facteurs, tout aussi essentiels que celui de la « bouche » :

– LE PRIX

Selon moi, un vin ne mérite d’être retenu, encensé, défendu… que si son prix de vente aux consommateurs est cohérent. Abstraction faite des (très) rares crus mythiques pour lesquels le prix ne veut rien dire (Petrus et 4 ou 5 autres, qui sont dans le Guide). Il y a des vins, à tous les prix, que je classe à la tête de mes Classements, des vins qui valent leur 100 € (principalement en Bourgogne et en grandes cuvées champenoises), d’autres qui sont superbes à 10 €, à 7 € ou à 30 €, tout dépend de ce que l’on recherche, de son budget, de l’accord des vins et des mets, des moments présents (on ne boit pas les mêmes vins au printemps qu’à l’automne, avec ses amis ou avec des relations de business, la liste est sans fin…), etc, etc. Le vin est un tout, un art de vivre, et beaucoup de choses doivent être prises en compte avant de le « juger ». Et puis, on ne déguste jamais de la même manière, il s’agit donc d’être particulièrement humble en la matière : tout change selon son humeur !

On comprend alors ce qui m’amuse (et me navre) quand je vois des « dégustateurs » qui se permettent de noter un vin (qu’il n’ont jamais goûté avant)  comme s’il s’agissait d’une boîte de petits pois. Ils n’ont rien compris et se dévalorisent eux-mêmes en agissant ainsi. Mais, c’est leur problème, et cela fait des années que je m’en lave les mains.

– L’HOMME (ou la FEMME)

Un bon vin ne peut pas être non plus celui d’un producteur arrogant, imbu de sa « science » ou qui se targue régulièrement de sortir un produit à un prix injustifié.

Il y a des tas de vins que j’aime car je connais ceux qui les élèvent, leur passion, leur honnêteté, leur fidélité. Il y a aussi un bon nombre de vignerons que je soutiens car je connais les difficultés -d’image ou financières- des uns et des autres, selon les régions (Beaujolais, Muscadet, Languedoc, « petits » Bordeaux…). Je ne m’en suis jamais caché, mon rôle, c’est aussi de mettre mon impact au service de ceux qui en ont besoin, à un moment donné.



Keljob.com - dépôt de cv

En parallèle, il y a de très grands crus, partout certes, mais plus particulièrement en Bordeaux et en Bourgogne, où des hommes et des femmes talentueux sont restés fidèles à une déontologie qui mérite le respect. On peut citer Léoville-Barton, Calon-Ségur, Grand-Puy Lacoste, Certan de May, Lamarche, Tremblay.., les Corréziens (Moueix, Janoueix…) et bien d’autres, de Natter à Mont-Redon, de la Provence au Languedoc, que vous retrouvez dans Millésimes, notamment. Ils se reconnaîtront, vous les appréciez, et sont, en tout cas pour un bon nombre d’entre eux, dans mon Guide depuis 30 ans !!! Voir aussi cet article ou Les Vins du Siècle.

On est alors bien loin de ces autres « marchands de vins » médiatiques qui nous vantent leurs dernières trouvailles pour avoir un article complaisant, nous montrent leur super « conseiller » qui va leur faire mariner leur vin comme des sardines dans de l’huile, nous prédisent que nous, les Français, sommes des ringards avec notre volonté de terroir, de typicité… J’en passe, pas de raison de m’énerver pour si peu. Pour mémoire, cet article ou celui-là !

Je revendique donc la subjectivité, qui va de pair avec l’objectivité, si l’on est un être humain. Il y a des gens du vin avec lesquels je n’ai aucune accointance (ils me le rendent bien), d’autres que j’estime, rien de plus normal.

– LA SPÉCIFICITÉ

C’est-à-dire l’authenticité de sa région, de son sol, de ses cépages… Et, croyez-moi, je goûte des vins -c’est selon- minables, inexcusables, insipides, « sans âme ni vertu », dans toute la France, à tous les prix, à Margaux comme en Corbières, en Champagne comme à Pommard, à Saint-Émilion comme à Châteauneuf… That’s life !

Bref, revenons à la préparation de mon Guide. Il y a donc, chaque année, des « éliminés » et des « nouveaux », et c’est bien naturel puisque c’est le jeu même des sélections et des coups de cœur (ou de gueule).

Allez, sympa comme je suis, je ne vais pas vous dire pourquoi vous ne retrouverez pas ceux-là dans le Guide 2010 : est-ce à cause du prix, de dégustations décevantes, de la typicité, du manque d’échantillons ou de je ne sais quoi d’autre ? A eux et à vous, de voir… Certains reviendront, d’autres n’ont aucune chance, et, celle liste n’étant ni exhaustive ni définitive (je regoûte et réfléchis pour certains) jusqu’à fin Juin, tout cela peut -aussi- encore évoluer. C’est donc un premier point, à ce jour, au 5 Mai.

Les ÉLIMINÉS DU PROCHAIN GUIDE (pêle-mêle, dans toute la gamme, on dépasse les 200… pour pratiquement autant de nouveaux) :

– A Bordeaux, Rauzan-Ségla, Roques-Mauriac, La Couspaude, Haut-Selve, Cantemerle, Haut-Bailly, Haut-Guillebot, Commanderie Queyret, Haut-Marbuzet, Fieuzal, Pichon-Baron, La Dauphine, Sainte-Marie, Caronne-Sainte-Gemme, Dutruch-Grand-Poujeaux, Balac, Haut-Brisey, Noaillac, LidonneTour de Pez, Clos du Haut-Peyraguey, Phélan-Ségur, Cave de Lugon, Beychevelle, Gueyrot, Montaiguillon, Plassan, Saint-Valéry, d’Escot, Petits-Arnauds, Elixir de Gravaillac, Fonréaud, Donissan, Barbe, Navarro, Moulin de Sales

– En Champagne, Ayala, De Méric, Jean Moutardier, Sanchez-le-Guédard, Jacquart, Rigolot, Charles Collin, Lancelot-Pienne, Dauby, Saint-Gall, Trouillard, Henri Abelé, Waris-Larmandier, Nicolas Feuillatte

– En Loire, Maurières, Chaintres, Louet-Arcourt, Planchon, Aulée, Pibaleau, Cordier, Pain, Bessons, Nueil, Saint-Just, Joguet, Raimbault

– En Languedoc, Villerambert-Moureau, Beauregard-Mirouze, Lancyre, Lascaux, La Vernède

– En Rhône, La Gardine, Marsanne, Taurelle, Maby, Boissenet, Juge, Mavette, Fontvert, Petite Bellane, Barnel, Pourra

– En Sud-Ouest, Brézéguet, Haut-Monplaisir, Corbiac, Costes, Panisseau, Grimardy, Cayx, L’Églantier, La Coustarelle, Aydie, Rousse

– En Provence, La Laidière, Brégançon, Pey-Neuf, Galoupet, Saint-Maur, Ribotte, Rouet, Estello, Saint-Jean-de-Villecroze, Cressonnière

– En Bourgogne, Jean Maréchal, Bachelet-Ramonet, Seguin, Davenne, Joliet, Cave des Paulands, Bitouzet-Prieur, Prudhon, Gerbeault, Guillo, Christian Belleville, Tatraux, Juillot, Camu

– En Alsace, Freyburger, Kubler, Schoesch, Mauler, Schaller, Frey, Kamm, Beck, Materne-Haegelin, Wittmann, Dock

– Ailleurs, Fruitière de Voiteur, Tracot, Paire, Mas Blanc, Orenga de Gaffory

Et quelques autres, mais il faut bien que je garde un effet « surprise », non ?

P.S. Le prix des Grands Crus de Bordeaux Primeurs 2008 a baissé de 30 à 50 % : il n’y a rien de plus normal, ce n’est ni un « geste » de la part de certains propriétaires, et encore moins un acte de bonté : ils y étaient tout simplement obligés… Une petite pensée pour ceux qui ont largement surpayés les 2005 (le « pompom », avec des prix incautionnables), les 2006 et 2007 ? Mieux vaut donc être fidèle aux propriétaires qui ont la sagesse d’avoir des prix raisonnables (il y en a pas mal, on vous donne même leurs noms !). C’est d’autant plus difficile à cautionner que les 99% des autres (très) bons Bordeaux sont à des prix très justifiés… ou, parfois, juste rémunérateurs pour les producteurs, s’ils sont trop liés au négoce.



Keljob.com - dépôt de cv

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.