– LE GUIDE DES VINS EST PARU ET VOICI CE QUE VOUS DEVEZ SAVOIR CETTE ANNEE !

36 ans chez Albin Michel, un succès unique dans l’édition française.

Voici ce qu’il faut savoir cette année :

L’AMOUR DU VIN

Voilà une année particulièrement intéressante, et je vais vous la détailler, région par région.

Depuis le temps que j’arpente les vignobles, que je vois des rigolos commenter n’importe quoi, encenser des vins inabordables (et imbuvables) sous prétexte d’avoir été bien reçu, d’être impressionné par un tarif hors normes affiché, ou, tout simplement, pour exister, je me soucie de plus en plus des vignerons authentiques, simples, qu’ils soient riches ou non, réputés ou non. Ceux-là, bien sûr, sont la fierté de notre pays tant ils sont attachés à trois valeurs, primordiales, que d’autres producteurs ont bien du mal -encore- à assimiler :
– La qualité réelle de leurs sols : un terroir, cela ne se crée pas, il en existe ou pas, voilà tout. Son osmose avec un cépage crée ce que nous buvons : un vin racé ou non. Pour exemple, si personne n’a planté, auparavant, de Gewurztraminer ou de Chardonnay en Languedoc, il y a une raison : il faut, pour créer de grands blancs avec ces cépages, une climatologie propre, et relativement froide. On peut se demander également ce que vient faire le Cabernet-Sauvignon en Provence… On voit aussi, par exemple, pourquoi Latour est différent d’un autre Pauillac.
– Un vignoble, c’est un homme (ou une femme) qui crée un vin, se passionne pour cela, et le fait partager, pour gagner sa vie, certes, mais toujours avec un sens patrimonial conséquent. Pas un “business-plan” ni une société capitalistique qui existe pour engranger des profits, s’acheter des sculptures, frimer dans des salons ou éviter l’Isf.
– Un grand vin, en soi, cela n’existe pas : il n’y a que les vins racés, et les autres. Et heureusement, sans cela, on n’aimerait que les vins que certains “critiques” nous vantent comme les meilleurs (bizarre, ce sont toujours les mêmes) ! C’est une histoire de goût, de moment, d’humeur, de partage, d’expérience. Et, pour parler de ce que je connais, c’est grâce à cette philosophie que, chaque jour, chez moi, j’ai envie de me me faire plaisir avec des vins totalement différents, qui valent, qu’importe, 10 ou 100 euros : un Pauillac, un Muscat du Cap Corse, un grand rosé de Provence, un Sancerre qui sent le silex, un Puligny suave ou un Chablis minéral, un Gevrey qui sent la griotte, un Côte-Rôtie qui peine à se dévoiler, un Morgon marqué par sa prune, un Pomerol par la truffe ou un Saumur-Champigny qui fleure la violette, un Pessac chaleureux comme un Champagne qui sent sa “craie”… la liste est longue, elle regroupe toute la France. C’est cela, le vin : le plaisir d’accéder à cette spécificité territoriale unique, rien d’autre. Et le faire partager.

Voici ce que vous devez savoir cette année :

ALSACE

Des villages fleuris, des winstubs, des collines ondulées, des crus les uns plus typés que les autres… tout ici concorde à une grande convivialité du vin, où chaque vigneron s’emploie à faire ressortir la typicité de son Riesling ici, de son Gewurztraminer là… On élève alors des vins sans concurrence, dans une large gamme où se cotoient des Vendanges Tardives rares, un vin suave, un autre sec, un rouge savoureux ou un Crémant tout en fraîcheur. On comprend alors que la force des terroirs et la main de l’homme sont en osmose. Les millésimes 2014 à 2007 méritent actuellement une commande.

Bestheim est toujours la référence des Crémants, et ne cesse de monter en gamme dans les autres appellations.
Les autres incontournables sont toujours Schléret (à la retraite, mais qui termine ses vieux millésimes avec des bouteilles qui ont collectionné les récompenses), HaullerGresserKochSchaeffer-WoerlySimonFrickEngelHaegi (on les retrouve, à plusieurs reprises dans les Classements avec des cuvées différentes).
Les caves de Hunawihr et Pfaffenheim sont en forme. Pas mal d’éliminés, quelques nouveaux.
BORDEAUX

Une soixantaine de nouveaux coups de cœur, autant de déceptions et d’éliminés.

MEDOC

Du plus grand des grands vins au plus modeste, ici, les propriétaires maintiennent une identité forte : intrinsèquement, un Margaux n’a rien à voir avec un Pauillac (ni même avec un autre Margaux, tant les sols sont différents dans l’appellation), un Moulis doit refléter l’élégance quand c’est la structure qui signe un Saint-Estèphe… Les terroirs font les vins ! Pas besoin de tricher avec des manipulations œnologiques ou des élevages qui abrutissent les vins. Nul besoin non plus de prix extravagants, puisque l’on se fait plaisir dans une gamme cohérente et accessible.

Voici ceux qui élèvent donc les véritables grands vins médocains, ceux qui ont une “âme”, de l’élégance, un véritable potentiel d’évolution, et ont signé plusieurs millésimes formidables : les 2010 et 2009, grandissimes, les 2011, 2008, 2006, 2004 et 2002, la plupart formidables aujourd’hui, un 2007 savoureux, un 2005 chaleureux.
Le 2013, très difficile, est rarement réussi, uniquement dans de rares crus, classés ou non.
J’ai fait des verticales majestueuses cette année à LascombesHaut-Marbuzet, les deux passant en sommet, comme Clauzet, où le rapport qualité-prix-plaisir est à un bien haut niveau, par rapport à d’autres crus plus connus (et c’est ce qui compte : vendre cher n’est pas “le” gage de qualité); d’autres bien intéressantes chez Marie-Laure LurtonMalescot… Et le résultat se fait sentir avec l’entrée dans cette édition 2016 de nombreux crus exceptionnels (BeychevelleLafon-RochetMayne-Lalande…), à une place très enviable, quand ma dégustation à Latour à confirmé que c’est le plus grand vin du médoc, et de loin !
En Premiers Grands Vins, toujours à Pauillac, dominent Grand-Puy Lacoste et Batailley, deux très grands Pauillac, très typés, différents, et c’est parfait comme cela.

J’ai hésité à faire monter en “Premiers” Lynch-BagesPontet-CanetCalon-SégurBrane-Cantenac, et j’attends une verticale sur place avant de confirmer cela, seule une grande dégustation étant à même de “juger” l’évolution d’un cru.

Dans une palette exceptionnelle, toutes appellations du Médoc confondues, les valeurs sûres sont toujours La GalianeFourcas-DupréLamarqueMaucaillouFonbadetFontesteau, les crus de la famille LapaluHourbanonSouley Sainte-CroixEsteauSaint AhonHourtin-DucassePanigon,MongraveyDavidPlantier RosePomysDoyacLe MeynieuCoudotLoiracHennebelle

Parmi les nouveaux, La BridaneFleur Haut CaussensEscotAgassacCaronne Sainte Gemme,RauxLes Viticulteurs du Fort-Médoc
POMEROL

Voilà les vins les plus chaleureux de la région bordelaise, où les senteurs de truffe se mêlent à la mûre, à la cannelle, à la cerise ou à la réglisse, la chair s’associant à une texture dense, ample, naturellement veloutée, le tout donnant des vins que les propriétaires élèvent à leur image chaleureuse.

On est bien au sommet, et le millésime 2013 est, d’une manière générale, beaucoup plus réussi qu’en Médoc.
On le voit à Petrus (dégusté sur place, et où le 2012 est aussi formidable) comme dans d’autres crus magiques (Certan de MayBeauregard, les vins de Janoueix), et de nombreux crus qui restent de belles valeurs sûres à prix doux (PlinceClos RenéLe CaillouBellegraveHaut-FerrandClos du PèlerinLafleur du Roy…), Le 2014 s’annonce parfait, bien classique.

Lalande-de-Pomerol est très bien représenté avec BourseauRoquebruneMoinesViaudBelles-GravesVoselle et Béchereau.

SAINT-EMILION

C’est l’entité la plus décevante. On est ici dans la région où se mêlent de vrais terroirs, souvent en coteaux, et d’autres coins où le maïs pourrait y cotoyer la vigne. On a donc accès, soit, à de vrais vins racés, du plus grand au plus abordable, marqués par des sols historiques, et à des vins où les sols ont peu de réelle influence, beaucoup plus “signés” par des vinifications trop sophistiquées qui donnent des vins très concentrés au détriment de la finesse.

Le Merlot, prédominant, est pourtant le raisin par excellence de l’élégance et de la souplesse, même s’il est aussi largement capable de s’exprimer dans le temps. Un Saint-Emilion, un vrai, c’est une osmose entre la complexité aromatique et une texture savoureuse, souple mais ferme, dense mais distinguée. De quoi exciter ses papilles, d’autant plus que le 2013 est assez réussi (pas partout, certes, il faut bien que le terroir ait son mot à dire, les vinifications à la mode ne peuvent pas tout résoudre…).
De nombreuses belles dégustations, que vous retrouverez dans le Classement des Premiers, et dans la première hiérarchie des Seconds.

Trotte Vieille est de plus en plus meilleur, les crus de CapdemourlinPiganeauCantenac,LaroqueMauvinonRivière, également, ce qui explique leur place dans le Classement (pensez toujours au rapport qualité-prix-plaisir), et je ne suis toujours pas preneur de crus trop chers, sirupeux, que je n’ai pas besoin de vous citer et qui ne sont pas dans mon Guide.

Dans la lignée, La MarzelleFonroqueCadet-BonClos des PrinceClos LabardeOrisse du CasseGros CaillouFranc LartigueGuillemin La GaffelièreCroix Meunier, les crus de la familleOuzoulias

En Satellites, la famille Delbeck est au sommet, comme les crus de Haut Saint ClairVieux Château des RochersGrenièreChêne VieuxVaisineriePiron.
GRAVES

En Pessac-Léognan comme en Graves, après une série de millésimes exceptionnels, du 2010 au 2002, il y a d’incontestables vins de très haut niveau, dans une gamme de prix large, mais il y a également des vins décevants, bons certes, mais “dépersonnalisés”. Il est indispensable de s’attacher à la réelle typicité des terroirs et de soutenir les hommes qui restent fidèles à ces sols très spécifiques.

Il faut noter que, si les vins rouges sont assez réussis dans la trilogie des 2013, 2012 et 2011, ils sont remarquables en blancs, dans ces mêmes millésimes.
Chevalier a une nouvelle fois sorti l’un des plus grands vins de la région, dans les deux couleurs, suivi de BouscautMalartic-LagravièreGrandmaisonCarbonnieux, pour ne parler que de Pessac-Léognan. Pontac-Monplaisir fait son entrée dans le Guide, et BrownOlivier ou Luchey-Haldeconfirment leur régularité qualitative.

J’attends le bon vouloir de Haut-Brion/Mission pour une verticale : on m’a proposé, en janvier 2015, après ma demande d’Octobre 2014, de le prévoir en… Janvier 2016, ce qui, vous me l’accorderez, ne me facilite pas la tâche (sic) pour vous renseigner dans cette édition.

En Graves, quatre crus sortent du lot : ChantegriveGrand BosRose Sarron et Mauves (en progrès constants). Dans la lignée, des domaines confirment leur beau niveau qualitatif, même après une série de millésimes délicats (2011, 2012) ou très difficile comme le 2013 : ArricaudVimontBrondelleLe TuquetHaut-CalensBlancherieRougemont et Magence. Vous lirez tout cela en détail.

CÔTES

Je connais parfaitement ces appellations, de Bourg à Castillon, et ce sont celles où les déceptions sont les plus grandes : on ouvre 30 bouteilles différentes et on tombe sur 25 qui se ressemblent ! Et bien malin de dire de quel coin elles proviennent. Selon les expositions, les sols, la complémentarité des cépages (Merlot souvent prépondérant), on peut passer du très beau au très simple. Les propriétaires talentueux se démarquent donc aisément des autres, sans avoir besoin de manipulations œnologiques, et c’est ainsi depuis des décennies.

Grandes valeurs sûres : Clos du NotaireBerthenonPont Les MoinesPayreMoulin Vieux,FayauValentinHaie… De rares nouveaux, vous l’aurez compris.

BORDEAUX SUPERIEURS ET BORDEAUX

Comme dans les Côtes, il y a de tout, et l’appellation est tellement grande qu’il s’agit de savoir frapper à la bonne porte. On accède alors à des vins typés par des sols très différents (on ne fait pas les mêmes vins à Monségur ou à Frontenac, à Génissac ou à Pondaurat…) et l’on aurait donc tort de croire que les terroirs ne jouent pas leur rôle.

Les meilleurs sont dans la catégorie des Premiers Grands Vins du Classement, avec, pour n’en citer que quelques-uns : BoutillonBossuetGrand Français (belle politique sélective, comme à Fillon)BernardonThuronLajarreParenchèreSironPenin, etc. LaubertrieFontbonnePiote ou Belle Garde sont les fers de lance en Bordeaux.

SAUTERNES ET LIQUOREUX

En voilà des vins qui possèdent une authenticité réelle : il faut dire que l’équilibre géologique et climatique de la région en fait un milieu naturel idéal pour cette fascinante biologie qu’est le botrytis cinerea. Ces vins rares, du plus liquoreux au plus fin, dont les prix sont largement justifiés quand on connaît les efforts des propriétaires, méritent alors d’être appréciés tout au long du repas, tant le charme opère.

 Les grands vins sont toujours magiques. Pour ne s’en tenir qu’à ceux que l’on a une chance de se procurer, question finance : FilhotRabaud-PromisBastor-LamontagneLa Tour Blanche,CaillouHaut-Bergeron proposent un bel exemple des différences de styles de l’appellation, tous ayant une identité forte. Le millésime 2012, difficile, est venu prouver cela.

La démarche d’Olivier Bernard (Chevalier), avec son Clos des Lunes, est un vrai succès et pose une question de bon sens : n’est-ce pas plus intelligent de faire un bon vin blanc sec issu de ce Sémillon plutôt que de se contenter de ces Sauternes sucrés de moyenne gamme, que l’on trouve encore, sans séduction, qui n’ont pas vraiment de débouchés ?

Les liquoreux ne sont pas en reste, avec, toujours, Loupiac-Gaudiet à leur tête.
BOURGOGNE

C’est “la ” région où le terroir est omniprésent. Qui ne s’est jamais promené sur la route des crus, comprenant la force des sols de mi-pente, notamment, ne peut pas comprendre ce qu’est un terroir digne de ce nom. Et, si, sur toute la planète, on est bien content de marquer sur son étiquette des noms de cépages pour vendre un produit quelconque, sans typicité réelle, ici, c’est tout le contraire : même si le cépage est le même, un Pommard n’a rien à voir avec un Vosne-Romanée, un Puligny-Montrachet avec un Meursault. Mieux : entre deux vins d’une même appellation, selon l’exposition et le vigneron, Grand Cru ou Premier Cru, la différence est totale. Bref, vous êtes dans le pays où le terroir s’exprime le plus, le plus simplement du monde comme le sont ces vignerons exemplaires, attachés à une éthique qui nous est chère.

Aucun autre vin blanc ne peut rivaliser avec ces Crus (Grands Crus ou Premiers) de Puligny-Montrachet, Meursault, ou Chablis, qui dévoilent une minéralité envoûtante, magique et tiennent 15, 20, 30 ans sans décevoir ! Je parle de ChartronMareyRobinAntonin GuyonCarillonTremblay,Jomain

En rouges, pour lesquels certains dégustateurs idiots n’ont pas encore compris que la couleur ou la concentration n’ont rien à voir avec un réel potentiel de garde (j’ai des bouteilles des années 1970 dans ma cave, superbes), on ne peut qu’exciter ses papilles avec des crus aussi racés mais divers que ceux de GelinMonts LuisantsGerbetCacheuxPhilippe LeclercEsmoninRebourseau,ChevillonBertheauAmpeau ou du Clos Bellefond. Ils sont nombreux à élever de grands vins typés, et, franchement, si l’on compare le rapport qualité-prix-typicité, dans une gamme haute de 40 à 100 e, ils renvoient à un jardin d’enfants un bon nombre de crus bordelais, gavés à outrance par des vinifications sophistiquées et bien trop chers.

J’ai sélectionné seulement une dizaine de nouveaux, et j’en ai éliminé pas mal.

BEAUJOLAIS

Les fidèles du Guide savent déjà que cette belle région vallonnée regorge de crus dont la qualité s’associe à des prix très sages. Les vins sont toujours aussi bons (le 2013 aussi), à Fleurie comme à Morgon, en Chénas comme en Brouilly. Les hommes et les femmes de la région font des vins à leur image, francs, authentiques et gais, qui possèdent une typicité bien réelle, qu’hélas, certains, se plaisent bêtement à critiquer.

Les vins qui comptent proviennent de terroirs spécifiques de roches volcaniques ou d’argiles siliceux. Les sols comptent ici, autant qu’ailleurs, et on le voit bien en débouchant des flacons de Gérard BrissonJean-Pierre MortetCédric ChignardAlain MichaudMichel Tête, des domaines du Crêt des GaranchesPizayEmeringesLa Combe aux LoupsBaron de L’Ecluse… Et le roi Dubœufest toujours là, incontournable.
Autant d’éliminés que de nouveaux.
CHAMPAGNE

Le Classement est particulièrement remanié cette année. C’est la région où l’on est en train de reconquérir les lettres de noblesse de son terroir et le travail accompli par de nombreux vignerons est exceptionnel. La force du terroir est bien réelle ici et vient s’allier à cet art exceptionnel de l’assemblage que chaque vigneron ou maître de chai va marquer de sa “patte”, créant une bouteille unique, que personne n’a réussi à égaler, partout dans le monde, où l’on n’est jamais parvenu à inquiéter la “marque” Champagne… Certes, les références ont évolué, des grandes maisons sont toujours au sommet mais un nombre de vignerons ou de “petites” maisons familiales les rejoignent, et c’est bien naturel. Qu’elles dégagent des notes de chèvrefeuille, de rose ou d’abricot, développent des nuances de noisette, de brioche ou de fruits mûrs, les cuvées deviennent plus passionnantes les unes que les autres, à des prix fort sages quand on les compare aux aberrations d’autres vins.

Du grand art, que l’on retrouve évidemment dans les Premiers Grands Cru Classés, où se cotoîent de très grandes maisons (qualitativement, j’entends) comme Krug, le premier des premiers, puisRoedererGossetTaittingerLaurent-PerrierCharles Heidsieck (DeutzMumm, et Veuve Clicquot devraient les rejoindre, j’attends les prochaines dégustations).

D’autres maisons familiales sont de premier ordre : EllnerLombardPhilipponnatLegrasBara,Arnould et Thiénot; et des vignerons exemplaires comme Erick de Sousa, qui, en une vingtaine d’années, a fait de son nom une référence. Toujours une seule cave coopérative, Devaux, avec des cuvées franchement exemplaires.

La hiérarchie des Deuxièmes Grands Vins Classés est à prendre à la lettre : les Premiers des Seconds (Bruno Paillard y fait son entrée) sont nettement supérieurs aux Cinquièmes des Seconds.

Quatre caves sont au top : ColletDe CastelnauBeaumont des Crayères et Vincent d’Astrée, et sont à même de sortir des cuvées qui atteignent les sommets. Au moins deux d’entre elles devraient passer en Premiers Grands Vins prochainement.

Il y a aussi des propriétaires qui peuvent prétendre atteindre les sommets, selon leurs cuvées, globalement ceux qui sont dans le peloton de tête des Deuxièmes Grands Vins Classés, dans les deux ou trois premiers échelons de cette hiérarchie, donc, élevant des vins les uns plus séduisantes que les autres, garants d’une typicité et d’une grande régularité qualitative, associés à des prix doux (Edouard BrunMichel Arnould, Jean-Marie PelletierBoizelDelaunoisDe LozeyGaston ChiquetRalle,DrappierPierre MignonLaurent-GabrielMaurice VesselleMichel TurgyBourdaire-Gallois,Pierre GobillardFleury-GilleLancelot-RoyerSimart-MoreauCharles Mignon…), un bon nombre exploitant des terroirs situés en Grands (et Premiers) Crus, ceci expliquant bien sûr cela, et prouvant que, ici comme ailleurs, la force du terroir est primordiale, même si l’art de l’assemblage, les stocks et l’élevage feront la différence.

Dans la lignée, on poursuit avec ces maisons et vignerons qui bénéficient également de rapport qualité-prix-typicité exceptionnels, et peuvent aussi prétendre aux plus hautes places (Vautrain-PauletBardy-ChauffertMargaineMédotGatinoisHuotEtienne OudartBrixonGuy Cadel,Nathalie FalmetRollinRoyerLabbéAspasieBaron-FuentéPerseval-FargeMorizeGatinois,CoutierThévenet-DelouvinVerrierBaron Albert, HammDefranceJeaunaux-RobinPetitjean-PienneBourgeois-BoulonnaisMaletrezDe Milly, Renaudin…).

Pas mal de nouveaux dans le Guide m’ont particulièrement plu : DauphinBourgeoisFaucheron,DiligentPenet-ChardonnetMaîtreCollard… tous à des niveaux différents, naturellement.

À la suite, une bonne cinquantaine de maisons et vignerons, chacune avec sa spécificité, chacune pouvant mériter mieux… C’est ce qui fait tout l’intérêt de ce Classement, récompenser les plus connus comme les autres, en étant réactualisé en permanence.

LANGUEDOC-ROUSSILLON

Des Corbières à Saint-Chinian, de Faugères en Minervois, en passant par les Coteaux-du-Languedoc ou les vins de pays… on aime ces producteurs passionnés qui élèvent des vins racés, historiquement marqués par des cépages spécifiques… le tout donnant de vrais beaux vins typés, qui parviennent à un niveau qualitatif réel, en blancs comme en rouges, et c’est tout ce qui compte.

 Daumas-Gassac est toujours hors normes, en rouge, bien sûr, mais aussi avec ce blanc somptueux, où le minéral sait s’allier à un gras spécifique.

Ceux qui le suivent sont nombreux, dans des styles différents, du plus dense au plus séducteur.Fabas, bien sûr, Mas du NoviSaint-Martin des ChampsMartinolle-GasparetsPeyregrandes,BarroubioMire-L’EtangPépusqueGrand MoulinEtang des ColombesFamilongueGuizard,Casa BlancaBertrand-BergéGrand CaumontMas Rous… sont les ténors de leur appellation, depuis de nombreuses années, certains étant déjà dans mon premier Guide ! Terres de Mallyce,BartheCroix ChaptalCosteplaneRoudèneVieilleSpencer La Pujade les suivent de près.

Seulement deux caves coopératives sont au top : celles de Roquebrun et de Cabrières.
Près d’une vingtaine d’éliminés cette année, tant les dégustations n’ont pas vraiment été enthousiasmantes, surtout en rouges, où beaucoup de vins sont à la limite de l’écœurement.
PROVENCE-CORSE

Les meilleurs sont vraiment loin devant les autres, et sont ceux de ces propriétaires qui laissent s’exprimer au mieux les grands cépages de la région (Grenache, Mourvèdre, Cinsault, Rolle, Ugni blanc…), dans ces terroirs complexes, argilo-calcaires, caillouteux, graveleux ou sableux. La région est devenue incontestablement le vivier des grands rosés de France (il y en a encore qu’il vaut mieux éviter…), à force de volonté comme de progrès technologiques.

En Côtes-de-Provence, trois rosés sont donc exceptionnels : Jas d’Esclans, ceux des vignoblesSumeire, et Rasque.

Ceux de MaïmeValcolombePourcieux ou Font du Broc suivent, avec, cette année, Berne,MontaudPeyrassolTerre de Mistral ou Rouët. La majorité de ces crus élèvent aussi des rouges et blancs savoureux.

Dans les autres appellations, toujours en rosés, mais aussi en blancs, les Bunan sont au premier rang, avec FontcreuseBastide Blanche (de très grands rouges, également, puissants et racés), Lafran-VeyrollesTriansFontlade ou Toasc.
On retrouve les mêmes en rouges, auxquels s’ajoutent, à Bandol, L’OlivetteTerrebrune etVannières, puis, dans les autres appellations, CamaissetteLoou ou Ollières. Hélas, toujours en rouges, beaucoup de vins sont rêches, durs, sans aucun charme.
La Corse est vraiment au sommet avec le Domaine de Maestracci, le Domaine Gentile, celui dePeraldi ou d’A Ronca, dégustés sur place.
Ces quatre-là sont les références de l’ïle de Beauté, avec des vins extrêmement typés, élégants, chaleureux, dans les trois couleurs.
SAVOIE-JURA

S’il est vrai que l’on a plus tendance à déguster ces vins sur place, en Savoie, la diversité des terrains (mélange de blocs rocheux marno-calcaires émanant du Granier avec les sols en place) laisse s’exprimer au mieux les cépages propres à la région : la Jacquère, l’Altesse ou la Mondeuse, qui apportent une spécificité rare et réelle à ces vins, digestes, tout en fraîcheur, qui s’associent remarquablement à la cuisine régionale, comme ceux, non loin, du Jura viticole.

Le Classement des meilleurs (MollexMillion-Rousseau…) se trouve avec celui des Beaujolais.
SUD-OUEST

Il est indéniable que, lorsque l’on est un vigneron qui sait mettre en avant son terroir et la puissance de ses grands cépages historiques régionaux et que l’on a la volonté de conserver son authenticité, on élève alors, de Buzet à Jurançon, de Gaillac à Cahors, de Bergerac à Madiran… des vins typés qui entrent dans la “cour des grands”.

On le voit bien en savourant les bouteilles de BarréjatVigourouxPichardLamourouxLavaur,PéroudierNozièresGautoulBourguetParadisBovila, ou Lecusse, qui sont à la tête de leur appellation respective.

De belles dégustations aussi avec celles de NigriMoulin-PouzyPlaisanceSergentTriguedina,Viella… La Cave de Buzet est la meilleure de toute la région, avec une gamme importante qui sait décliner toutes les facettes du Buzet.

VAL DE LOIRE

La région est garante d’une typicité hors normes, grâce à ses grands cépages spécifiques (Chenin, Sauvignon, Cabernet franc…) qui s’expriment pleinement dans ces terroirs de silex, de tuffeau, de craie marneuse, de marnes kimméridgiennes…, sont parfaitement “chouchoutés” par ces vignerons passionnés et passionnants, qui s’attachent à conserver une authenticité rare. Du rouge le plus gouleyant à celui qui demande de la patience, des blancs secs aux moelleux, des demi-secs aux rosés ou aux Crémants… la palette est grande.

Bien sûr, Sancerre et Pouilly-Fumé sont les territoires, où, avec la Bourgogne et l’Alsace (chacun ayant sa spécificié, naturellement), on entre dans la catégorie des vins blancs exceptionnels chezNatterSarryGittonChevreauReverdyDezatPabiotRogerChampeauVattanBlanchet,Sautereau, et chez PetitVéronGrall…, puis en Quincy, Trotereau et Commanderie, ou Malbète en Reuilly.
La race du Sauvignon, le fruit, la minéralité, tout déclenche ici des saveurs délicates : c’est très bon, très typé, très abordable, et cela conforte le fait qu’il faut des climats frais pour élever de vrais grands blancs, comme on le voit en Jurançon, dans certains lieux du languedoc, exception faites des Graves et de rares Provence.
On peut éviter le négoce, comme à Chablis, d’ailleurs. La Cave de Pouilly-sur-Loire est une référence dans la région.
En rouges (millésime 2013 extrêmement difficile), Sancerre est également à la pointe depuis quelques années, avec des vins légers mais savoureux, bien typés par leur Pinot noir. Les meilleurs autres vins se trouvent également en Saumur-Champigny (TargéGouronClos MauriceDézé), Chinon (BouchardièreCouly-Dutheil…), Bourgueil (DrusséGéleries), Touraine (MandardCharbonnier,Chaise).
Les liquoreux sont toujours exceptionnels au Clos de L’Epinay comme chez La VarièreAubert ouGodineau, et les Crémants chez Bouvet-Ladubay, suivis par quelques vignerons cités pour cela.
En Muscadet, deux ténors : Morilleau et Poiron-Dabin, suivis de TourlaudièreCoing de Saint-FiacreElgetDurandière ou Topaze.
VALLEE DU RHÔNE

Les coups de cœur sont nombreux et le millésime 2013 réussi. Petits rendements, terroirs exceptionnels, cépages spécifiques… On ne peut que s’enthousiasmer pour ces grands vins charnus et typés (Châteauneuf-du-Pape, Côte-Rôtie…) qui se partagent ces territoires exceptionnels avec d’autres appellations savoureuses (Visan, Beaumes-de-Venise, Vacqueyras…) bénéficiant d’un remarquable rapport qualité-prix-typicité, chaque appellation ayant sa propre hiérarchie..

Le Classement parle de lui-même, mais, rappelons que, ce qui compte, c’est la grande régularité qualitative, ici comme ailleurs. Et là, c’est à Mont-Redon, chez les Mathieu, à Redortier, à Fortia, chez LevetChamp-LongArnoux, ou au Domaine des Rosiers que l’on retrouve cela.
Ils sont suivis par d’autres très beaux vins, élevés par des vignerons tout aussi passionnés, comme àBeauvalcinteAmauveAlaryTour Saint-MichelTrois CellierValériane
La Cave de Visan redevient une référence, et d’autres font leur retour dans le Guide, quand une dizaine de vignerons y font une belle entrée, et le Classement s’en ressent.