36 ans chez Albin Michel, un succès unique dans l’édition française.
Voici ce qu’il faut savoir cette année :
Voilà une année particulièrement intéressante, et je vais vous la détailler, région par région.
Voici ce que vous devez savoir cette année :
Des villages fleuris, des winstubs, des collines ondulées, des crus les uns plus typés que les autres… tout ici concorde à une grande convivialité du vin, où chaque vigneron s’emploie à faire ressortir la typicité de son Riesling ici, de son Gewurztraminer là… On élève alors des vins sans concurrence, dans une large gamme où se cotoient des Vendanges Tardives rares, un vin suave, un autre sec, un rouge savoureux ou un Crémant tout en fraîcheur. On comprend alors que la force des terroirs et la main de l’homme sont en osmose. Les millésimes 2014 à 2007 méritent actuellement une commande.
Une soixantaine de nouveaux coups de cœur, autant de déceptions et d’éliminés.
Du plus grand des grands vins au plus modeste, ici, les propriétaires maintiennent une identité forte : intrinsèquement, un Margaux n’a rien à voir avec un Pauillac (ni même avec un autre Margaux, tant les sols sont différents dans l’appellation), un Moulis doit refléter l’élégance quand c’est la structure qui signe un Saint-Estèphe… Les terroirs font les vins ! Pas besoin de tricher avec des manipulations œnologiques ou des élevages qui abrutissent les vins. Nul besoin non plus de prix extravagants, puisque l’on se fait plaisir dans une gamme cohérente et accessible.
J’ai hésité à faire monter en “Premiers” Lynch-Bages, Pontet-Canet, Calon-Ségur, Brane-Cantenac, et j’attends une verticale sur place avant de confirmer cela, seule une grande dégustation étant à même de “juger” l’évolution d’un cru.
Dans une palette exceptionnelle, toutes appellations du Médoc confondues, les valeurs sûres sont toujours La Galiane, Fourcas-Dupré, Lamarque, Maucaillou, Fonbadet, Fontesteau, les crus de la famille Lapalu, Hourbanon, Souley Sainte-Croix, Esteau, Saint Ahon, Hourtin-Ducasse, Panigon,Mongravey, David, Plantier Rose, Pomys, Doyac, Le Meynieu, Coudot, Loirac, Hennebelle…
Voilà les vins les plus chaleureux de la région bordelaise, où les senteurs de truffe se mêlent à la mûre, à la cannelle, à la cerise ou à la réglisse, la chair s’associant à une texture dense, ample, naturellement veloutée, le tout donnant des vins que les propriétaires élèvent à leur image chaleureuse.
Lalande-de-Pomerol est très bien représenté avec Bourseau, Roquebrune, Moines, Viaud, Belles-Graves, Voselle et Béchereau.
C’est l’entité la plus décevante. On est ici dans la région où se mêlent de vrais terroirs, souvent en coteaux, et d’autres coins où le maïs pourrait y cotoyer la vigne. On a donc accès, soit, à de vrais vins racés, du plus grand au plus abordable, marqués par des sols historiques, et à des vins où les sols ont peu de réelle influence, beaucoup plus “signés” par des vinifications trop sophistiquées qui donnent des vins très concentrés au détriment de la finesse.
Trotte Vieille est de plus en plus meilleur, les crus de Capdemourlin, Piganeau, Cantenac,Laroque, Mauvinon, Rivière, également, ce qui explique leur place dans le Classement (pensez toujours au rapport qualité-prix-plaisir), et je ne suis toujours pas preneur de crus trop chers, sirupeux, que je n’ai pas besoin de vous citer et qui ne sont pas dans mon Guide.
Dans la lignée, La Marzelle, Fonroque, Cadet-Bon, Clos des Prince, Clos Labarde, Orisse du Casse, Gros Caillou, Franc Lartigue, Guillemin La Gaffelière, Croix Meunier, les crus de la familleOuzoulias…
En Pessac-Léognan comme en Graves, après une série de millésimes exceptionnels, du 2010 au 2002, il y a d’incontestables vins de très haut niveau, dans une gamme de prix large, mais il y a également des vins décevants, bons certes, mais “dépersonnalisés”. Il est indispensable de s’attacher à la réelle typicité des terroirs et de soutenir les hommes qui restent fidèles à ces sols très spécifiques.
J’attends le bon vouloir de Haut-Brion/Mission pour une verticale : on m’a proposé, en janvier 2015, après ma demande d’Octobre 2014, de le prévoir en… Janvier 2016, ce qui, vous me l’accorderez, ne me facilite pas la tâche (sic) pour vous renseigner dans cette édition.
En Graves, quatre crus sortent du lot : Chantegrive, Grand Bos, Rose Sarron et Mauves (en progrès constants). Dans la lignée, des domaines confirment leur beau niveau qualitatif, même après une série de millésimes délicats (2011, 2012) ou très difficile comme le 2013 : Arricaud, Vimont, Brondelle, Le Tuquet, Haut-Calens, Blancherie, Rougemont et Magence. Vous lirez tout cela en détail.
Je connais parfaitement ces appellations, de Bourg à Castillon, et ce sont celles où les déceptions sont les plus grandes : on ouvre 30 bouteilles différentes et on tombe sur 25 qui se ressemblent ! Et bien malin de dire de quel coin elles proviennent. Selon les expositions, les sols, la complémentarité des cépages (Merlot souvent prépondérant), on peut passer du très beau au très simple. Les propriétaires talentueux se démarquent donc aisément des autres, sans avoir besoin de manipulations œnologiques, et c’est ainsi depuis des décennies.
BORDEAUX SUPERIEURS ET BORDEAUX
Comme dans les Côtes, il y a de tout, et l’appellation est tellement grande qu’il s’agit de savoir frapper à la bonne porte. On accède alors à des vins typés par des sols très différents (on ne fait pas les mêmes vins à Monségur ou à Frontenac, à Génissac ou à Pondaurat…) et l’on aurait donc tort de croire que les terroirs ne jouent pas leur rôle.
SAUTERNES ET LIQUOREUX
En voilà des vins qui possèdent une authenticité réelle : il faut dire que l’équilibre géologique et climatique de la région en fait un milieu naturel idéal pour cette fascinante biologie qu’est le botrytis cinerea. Ces vins rares, du plus liquoreux au plus fin, dont les prix sont largement justifiés quand on connaît les efforts des propriétaires, méritent alors d’être appréciés tout au long du repas, tant le charme opère.
La démarche d’Olivier Bernard (Chevalier), avec son Clos des Lunes, est un vrai succès et pose une question de bon sens : n’est-ce pas plus intelligent de faire un bon vin blanc sec issu de ce Sémillon plutôt que de se contenter de ces Sauternes sucrés de moyenne gamme, que l’on trouve encore, sans séduction, qui n’ont pas vraiment de débouchés ?
C’est “la ” région où le terroir est omniprésent. Qui ne s’est jamais promené sur la route des crus, comprenant la force des sols de mi-pente, notamment, ne peut pas comprendre ce qu’est un terroir digne de ce nom. Et, si, sur toute la planète, on est bien content de marquer sur son étiquette des noms de cépages pour vendre un produit quelconque, sans typicité réelle, ici, c’est tout le contraire : même si le cépage est le même, un Pommard n’a rien à voir avec un Vosne-Romanée, un Puligny-Montrachet avec un Meursault. Mieux : entre deux vins d’une même appellation, selon l’exposition et le vigneron, Grand Cru ou Premier Cru, la différence est totale. Bref, vous êtes dans le pays où le terroir s’exprime le plus, le plus simplement du monde comme le sont ces vignerons exemplaires, attachés à une éthique qui nous est chère.
En rouges, pour lesquels certains dégustateurs idiots n’ont pas encore compris que la couleur ou la concentration n’ont rien à voir avec un réel potentiel de garde (j’ai des bouteilles des années 1970 dans ma cave, superbes), on ne peut qu’exciter ses papilles avec des crus aussi racés mais divers que ceux de Gelin, Monts Luisants, Gerbet, Cacheux, Philippe Leclerc, Esmonin, Rebourseau,Chevillon, Bertheau, Ampeau ou du Clos Bellefond. Ils sont nombreux à élever de grands vins typés, et, franchement, si l’on compare le rapport qualité-prix-typicité, dans une gamme haute de 40 à 100 e, ils renvoient à un jardin d’enfants un bon nombre de crus bordelais, gavés à outrance par des vinifications sophistiquées et bien trop chers.
J’ai sélectionné seulement une dizaine de nouveaux, et j’en ai éliminé pas mal.
Les fidèles du Guide savent déjà que cette belle région vallonnée regorge de crus dont la qualité s’associe à des prix très sages. Les vins sont toujours aussi bons (le 2013 aussi), à Fleurie comme à Morgon, en Chénas comme en Brouilly. Les hommes et les femmes de la région font des vins à leur image, francs, authentiques et gais, qui possèdent une typicité bien réelle, qu’hélas, certains, se plaisent bêtement à critiquer.
Le Classement est particulièrement remanié cette année. C’est la région où l’on est en train de reconquérir les lettres de noblesse de son terroir et le travail accompli par de nombreux vignerons est exceptionnel. La force du terroir est bien réelle ici et vient s’allier à cet art exceptionnel de l’assemblage que chaque vigneron ou maître de chai va marquer de sa “patte”, créant une bouteille unique, que personne n’a réussi à égaler, partout dans le monde, où l’on n’est jamais parvenu à inquiéter la “marque” Champagne… Certes, les références ont évolué, des grandes maisons sont toujours au sommet mais un nombre de vignerons ou de “petites” maisons familiales les rejoignent, et c’est bien naturel. Qu’elles dégagent des notes de chèvrefeuille, de rose ou d’abricot, développent des nuances de noisette, de brioche ou de fruits mûrs, les cuvées deviennent plus passionnantes les unes que les autres, à des prix fort sages quand on les compare aux aberrations d’autres vins.
D’autres maisons familiales sont de premier ordre : Ellner, Lombard, Philipponnat, Legras, Bara,Arnould et Thiénot; et des vignerons exemplaires comme Erick de Sousa, qui, en une vingtaine d’années, a fait de son nom une référence. Toujours une seule cave coopérative, Devaux, avec des cuvées franchement exemplaires.
La hiérarchie des Deuxièmes Grands Vins Classés est à prendre à la lettre : les Premiers des Seconds (Bruno Paillard y fait son entrée) sont nettement supérieurs aux Cinquièmes des Seconds.
Quatre caves sont au top : Collet, De Castelnau, Beaumont des Crayères et Vincent d’Astrée, et sont à même de sortir des cuvées qui atteignent les sommets. Au moins deux d’entre elles devraient passer en Premiers Grands Vins prochainement.
Il y a aussi des propriétaires qui peuvent prétendre atteindre les sommets, selon leurs cuvées, globalement ceux qui sont dans le peloton de tête des Deuxièmes Grands Vins Classés, dans les deux ou trois premiers échelons de cette hiérarchie, donc, élevant des vins les uns plus séduisantes que les autres, garants d’une typicité et d’une grande régularité qualitative, associés à des prix doux (Edouard Brun, Michel Arnould, Jean-Marie Pelletier, Boizel, Delaunois, De Lozey, Gaston Chiquet, Ralle,Drappier, Pierre Mignon, Laurent-Gabriel, Maurice Vesselle, Michel Turgy, Bourdaire-Gallois,Pierre Gobillard, Fleury-Gille, Lancelot-Royer, Simart-Moreau, Charles Mignon…), un bon nombre exploitant des terroirs situés en Grands (et Premiers) Crus, ceci expliquant bien sûr cela, et prouvant que, ici comme ailleurs, la force du terroir est primordiale, même si l’art de l’assemblage, les stocks et l’élevage feront la différence.
Dans la lignée, on poursuit avec ces maisons et vignerons qui bénéficient également de rapport qualité-prix-typicité exceptionnels, et peuvent aussi prétendre aux plus hautes places (Vautrain-Paulet, Bardy-Chauffert, Margaine, Médot, Gatinois, Huot, Etienne Oudart, Brixon, Guy Cadel,Nathalie Falmet, Rollin, Royer, Labbé, Aspasie, Baron-Fuenté, Perseval-Farge, Morize, Gatinois,Coutier, Thévenet-Delouvin, Verrier, Baron Albert, Hamm, Defrance, Jeaunaux-Robin, Petitjean-Pienne, Bourgeois-Boulonnais, Maletrez, De Milly, Renaudin…).
Pas mal de nouveaux dans le Guide m’ont particulièrement plu : Dauphin, Bourgeois, Faucheron,Diligent, Penet-Chardonnet, Maître, Collard… tous à des niveaux différents, naturellement.
À la suite, une bonne cinquantaine de maisons et vignerons, chacune avec sa spécificité, chacune pouvant mériter mieux… C’est ce qui fait tout l’intérêt de ce Classement, récompenser les plus connus comme les autres, en étant réactualisé en permanence.
Des Corbières à Saint-Chinian, de Faugères en Minervois, en passant par les Coteaux-du-Languedoc ou les vins de pays… on aime ces producteurs passionnés qui élèvent des vins racés, historiquement marqués par des cépages spécifiques… le tout donnant de vrais beaux vins typés, qui parviennent à un niveau qualitatif réel, en blancs comme en rouges, et c’est tout ce qui compte.
Ceux qui le suivent sont nombreux, dans des styles différents, du plus dense au plus séducteur.Fabas, bien sûr, Mas du Novi, Saint-Martin des Champs, Martinolle-Gasparets, Peyregrandes,Barroubio, Mire-L’Etang, Pépusque, Grand Moulin, Etang des Colombes, Familongue, Guizard,Casa Blanca, Bertrand-Bergé, Grand Caumont, Mas Rous… sont les ténors de leur appellation, depuis de nombreuses années, certains étant déjà dans mon premier Guide ! Terres de Mallyce,Barthe, Croix Chaptal, Costeplane, Roudène, Vieille, Spencer La Pujade les suivent de près.
Les meilleurs sont vraiment loin devant les autres, et sont ceux de ces propriétaires qui laissent s’exprimer au mieux les grands cépages de la région (Grenache, Mourvèdre, Cinsault, Rolle, Ugni blanc…), dans ces terroirs complexes, argilo-calcaires, caillouteux, graveleux ou sableux. La région est devenue incontestablement le vivier des grands rosés de France (il y en a encore qu’il vaut mieux éviter…), à force de volonté comme de progrès technologiques.
Ceux de Maïme, Valcolombe, Pourcieux ou Font du Broc suivent, avec, cette année, Berne,Montaud, Peyrassol, Terre de Mistral ou Rouët. La majorité de ces crus élèvent aussi des rouges et blancs savoureux.
S’il est vrai que l’on a plus tendance à déguster ces vins sur place, en Savoie, la diversité des terrains (mélange de blocs rocheux marno-calcaires émanant du Granier avec les sols en place) laisse s’exprimer au mieux les cépages propres à la région : la Jacquère, l’Altesse ou la Mondeuse, qui apportent une spécificité rare et réelle à ces vins, digestes, tout en fraîcheur, qui s’associent remarquablement à la cuisine régionale, comme ceux, non loin, du Jura viticole.
Il est indéniable que, lorsque l’on est un vigneron qui sait mettre en avant son terroir et la puissance de ses grands cépages historiques régionaux et que l’on a la volonté de conserver son authenticité, on élève alors, de Buzet à Jurançon, de Gaillac à Cahors, de Bergerac à Madiran… des vins typés qui entrent dans la “cour des grands”.
De belles dégustations aussi avec celles de Nigri, Moulin-Pouzy, Plaisance, Sergent, Triguedina,Viella… La Cave de Buzet est la meilleure de toute la région, avec une gamme importante qui sait décliner toutes les facettes du Buzet.
La région est garante d’une typicité hors normes, grâce à ses grands cépages spécifiques (Chenin, Sauvignon, Cabernet franc…) qui s’expriment pleinement dans ces terroirs de silex, de tuffeau, de craie marneuse, de marnes kimméridgiennes…, sont parfaitement “chouchoutés” par ces vignerons passionnés et passionnants, qui s’attachent à conserver une authenticité rare. Du rouge le plus gouleyant à celui qui demande de la patience, des blancs secs aux moelleux, des demi-secs aux rosés ou aux Crémants… la palette est grande.
Les coups de cœur sont nombreux et le millésime 2013 réussi. Petits rendements, terroirs exceptionnels, cépages spécifiques… On ne peut que s’enthousiasmer pour ces grands vins charnus et typés (Châteauneuf-du-Pape, Côte-Rôtie…) qui se partagent ces territoires exceptionnels avec d’autres appellations savoureuses (Visan, Beaumes-de-Venise, Vacqueyras…) bénéficiant d’un remarquable rapport qualité-prix-typicité, chaque appellation ayant sa propre hiérarchie..